
A l'instar d'autres pays, le Burkina Faso a commémoré hier, la 161e Journée internationale de la femme. En lieu et place de la parade, les représentantes des organisations féminines venues des treize régions du pays ont eu droit à un échange direct avec le président du Faso. Au cours de la rencontre, elles ont exposé de vive voix leurs préoccupations. Cette activité, faut-t-il le rappelé a été couplée avec la 5e édition du forum national des femmes à Ouagadougou. A l'occasion, Sika Kaboré a été distinguée à travers la médaille de l'Ordre national.
Le thème de la Journée internationale de la femme s'articule autour de la « Participation de la femme à la gouvernance : Etats des lieux, défis et perspectives. Lors de la commémoration de ce rendez-vous inédit, les femmes venues des 13 régions du pays ont eu un « face à face » avec le chef de l'Etat. Et ce, en présence des membres du gouvernement. Dans un dialogue qui s'est voulu « franc, sincère et direct », les participantes lui ont exposé leurs priorités. La question de la santé a été en tête de liste. Sur ce point, elles demandent le renforcement de l'équipement des maternités au niveau des CMA et la dotation de celles-ci en ambulance, appareils de radiographie et échographie, table d'accouchement. Elles ont aussi insisté sur la prise en charge des fistules obstétricales au profit des femmes et des jeunes filles (…). La mise en place d'un fonds de garantie à des conditions allégées, la création de petites unités de petites unités de transformation des produits maraichers à base d'énergie solaire, d'une unité d'appui à la formation des entreprises, sont au titre du secteur de la promotion de l'entrepreneuriat féminin les doléances qu'elles ont formulé.
Aussi, elles ont souligné leur volonté d'avoir des parcelles au niveau des plaines aménagées ainsi que le renforcement des capacités des femmes exerçant dans la collecte, la transformation et la conservation des produits forestiers non ligneux. Par la voix du ministre en charge de la femme, Marie Laure Laurence Ilboudo/Marshall, les femmes du Burkina recommandent la construction/réfection et équipement des maisons de la femme et les centres de promotion féminine ; l'instauration du quota genre de 30% au niveau législatif et administratif et veiller à son application effective. A ceux-ci s'ajoutent la construction et l'équipement des structures d'encadrement de la petite enfance au sein des établissements et services. L'objectif étant de permettre aux femmes de travailler ou d'étudier de façon sereine. De même, elles ont demandé au chef de l'Etat de vulgariser les technologies solaires et former les filles à leur utilisation.
Les femmes du Burkina sollicitent également le renforcement de l'alphabétisation avec des mesures d'accompagnement nécessaires ; la construction et l'équipement des structures d'accueil pour jeunes filles en difficultés etc.
Prenant la parole, le président Roch Kaboré a souhaité une bonne fête de 8 mars à toutes les femmes du monde entier en général et du Burkina Faso en particulier et donné des réponses aux préoccupations de ses « sœurs, femmes et mamans ». Il s'est engagéà restructurer le financement des microcrédits de sorte à ce qu'il puisse faire les petits crédits et financé les femmes qui font de l'entreprise et qui travaillent dans le domaine économique. L'innovation majeure qu'il a annoncée en ce jour spécial de 8 mars est le rattachement du Fonds d'appui aux activités rémunératrices des femmes au ministère en charge de la femme. Cette décision salvatrice, lui a valu un tonnerre d'applaudissement.
Sur la question des terres, le chef de l'Etat a également pris une résolution forte. Désormais 25 à 30% des plaines aménagées par des femmes leur seront octroyées. A l'en croire, cet engagement est plus que respectéà ce jour. « Il en sera de même pour Samandeni », a-t-il promis. En ce qui concerne la réfection et la construction des maisons de la femme, il a réaffirmé son engagement à soutenir le ministère en charge de la femme. Parti du constat que le montant alloué aux technologies est insignifiant (150 millions de F CFA), le président Kaboré a donné des directives pour que des fonds plus conséquents (plus de 2 milliards ou 3 milliards de F CFA) soient injectés dans ce secteur pour la période 2018-2020. S'agissant de la construction des forages, il a été on ne peut plus claire : « Tous les villages ne peuvent pas avoir des forages. Mais des efforts ont été consentis dans ce sens ». En effet, entre 2016-2017, les données indiquent un total d'environ 3500 forages qui ont été construits en faveur des populations. Dans le souci d'harmoniser les contraintes en terme de déplacement et d'accès à l'eau potable, le président du Faso a insisté sur la nécessité d'avoir une vision géo-spatiale de positionnement des forages.
Dans le domaine de la santé, il a confié que des travaux sont en cours pour relever le plateau technique aussi bien des CHR que des CMA. « Les contrats ont été passés et déjà les livraisons ont commencé. Le CHR de Kaya, Koudougou, CHU de Ouahigouya ont déjà reçu une série d'équipements. Au niveau des centres avec antenne chirurgicale, environ 52 ont déjà reçu des équipements. D'ici juin, l'ensemble des formations sanitaires de ces contrats recevront leurs équipements », a renchéri le ministre de la santé, Nicolas Méda. Poursuivant, le président Roch Kaboré a réitéré son engagement à doter toutes les communes du pays en ambulance.
Du côté du ministère en charge de la femme, il a décidé de relever le budget mais de façon « substantielle » pour lui permettre de jouer pleinement son rôle. En sus, il estime que le quota genre mérite d'être révisé dans le fonds. Au moins 30% de femmes dans le gouvernement au prochain remaniement. Telle est son ambition. Séance tenante, il a encouragé les femmes à plus de persévérance. Car, dit-il, « on ne pas simplement penser que les problèmes de la femme seront résolus uniquement par des questions de matériels. Il faut une prise de conscience (…) ».
Avant le début du cérémonial, 13 présidents des délégations consulaires régionales ont officiellement pris fonction. Passé cette phase, 25 personnes qui se sont positivement illustrées ont été distinguées. Les titres honorifiques sont à l'ordre de trois : Officier de l'ordre national, officier du mérite de la santé t de l'action sociale avec agrafe action sociale et chevalier de l'ordre du mérite de la santé t de l'action sociale avec agrafe action sociale.
Pour le ministre Marie Laurence Ilboudo/Marshall le choix des présidents n'est pas anodin : « Aujourd'hui, nous avons remarqué qu'après des manifestations de ce genre, les femmes repartent chez elles. Elles sont perdues. Elles veillent beaucoup de choses et mon ministère est interpellé. Il était bon pour nous de demander de l'aide. Et c'est la chambre de commerce que nous avons choisi. Car, ils ont les circuits, les ressources financières pour accompagner mais aussi des conseils et expériences ». Par ailleurs, elle a salué la décision du chef de l'état en faveur de son ministère et indiqué qu'un défi reste à relever : Absorber le budget.
En rappel, une minute de silence a été observée en hommage des militaires tombés suite à l'attaque du 2 mars dernier.
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net