On le croyait résigné face aux dernières actualités dans la communauté burkinabé en Côte d'Ivoire. Pour ne s'être pas prononcé sur certains sujets. Notamment, le fait que le bureau de l'ambassade du Burkina Faso en Côte d'Ivoire serve de cadre d'une réunion CDP, parti du président Blaise Compaoré, mais aussi l'élection, il y a bientôt trois mois de Naaba Woobgo, ancien compagnon du tristement célèbre Kima Emile à la tête de la notabilité burkinabé en Côte d'Ivoire, et enfin le forcing du CDP qui impose à la limite une nouvelle institution qu'est le sénat.
« Naaba Woobgo n'a pas qualité pour parler au nom des notables de Côte d'Ivoire »
Sans remettre en cause le choix des notables sur la personne de Naaba Woobgo pour présider l'association des chefs et notables burkinabé en Côte d'Ivoire, Pograwa Moumouni, représentant du partir UNIR/PS en Côte d'Ivoire estime que les choses ont été faites dans la précipitation. « J'ai effectué des tournées à l'intérieur du pays et je me suis rendu compte que les notables de l'intérieur ne savent même pas qu'une telle structure existe, encore moins qui est Naaba Woogbo », a réagi Pograwa.
Selon lui, la légitimité de ce dernier doit être circonscrite à Abidjan et non étendue à la Côte d'Ivoire. « Naaba Woobgo n'a donc pas qualité pour parler au nom des chefs et notables de Côte d'Ivoire. Je m'insurge contre cette comédie à l'échelle de toute la Côte d'Ivoire », a-t-il fustigé.
« On s'en fout de qui le CDP place à la tête de sa section en Côte d'Ivoire mais…»
Sur la récente désignation de Dramane Sawadogo comme Secrétaire Général de la section CDP Côte d'Ivoire, Pograwa Moumouni estime que c'est une affaire interne au parti de Blaise Compaoré. « On s'en fout de qui le CDP place à la tête de sa section en Côte d'Ivoire mais ce que je trouve inadmissible c'est quand la désignation de ce dernier se passe à l'ambassade du Burkina Faso à Abidjan. Là, nous disons qu'il y a un véritable problème », relève t-il. Selon le représentant du parti de Me Bénéwendé Sankara en Côte d'Ivoire, rien ne justifie une telle attitude. « C'est manqué de respect non seulement pour l'institution, mais c'est aussi et surtout une violation des règles de démocratie. Nous allons réagir », a-t-il prévenu sans plus de détail.
« Nous combattrons le sénat »
La question qui fâche l'opposition burkinabé actuellement, c'est bien l'institution du Sénat au Burkina Faso. Après la marche de l'opposition contre cette institution qu'elle juge budgétivore, et inopportune et la contremarche du CDP, la diaspora pourra bientôt entrée dans la danse.
Selon Pograwa Moumouni, les partis de l'opposition burkinabé représentés en Côte d' Ivoire se concertent en ce moment pour organiser la réplique. « Je ne peux pas vous révéler ce que nous projetons par stratégie mais nous combattrons le Sénat depuis la Côte d'Ivoire », a-t-il annoncé. Et d'indiquer que le Burkina Faso qui tire encore le diable par la queue ne peut pas se payer le luxe de créer un Sénat.
« Nous savons pertinemment les visées du Senat, c'est-à-dire la modification à terme de l'article 37 pour permettre à Compaoré de se représenter en 2015. Mais ça ne passera pas. Ils trouveront un peuple révolté comme ils le l'ont jamais imaginé devant eux le moment venu », a-t-il commenté, comme pour dire que trop c'est trop.
Charlène Adjovi
Informateur.info