Aujourd'hui, beaucoup de couples adoptent un ou plusieurs moyens de contraception. Eviter les grossesses non désirées, les infections sexuellement transmissibles et le VIH/ sida et espacer les naissances, sont les raisons motrices qui expliquent l'option des couples. Quelques personnes rencontrées dans la ville de Ouagadougou donnent leur avis sur la question.
Au Burkina Faso, les moyens de contraception sont de plus en plus vulgarisés. En effet, avec un taux moyen de six enfants par femme, un nombre croissant de personnes infectées lors des rapports sexuels non protégés, des mesures préventives sont prises pour contrôler les naissances et protéger les couples. A cela s'ajoute l'avortement clandestin et ses conséquences tragiques.
Pour cela, l'Etat burkinabé et les différents acteurs intervenant dans le domaine de la santé sexuelle et de la reproduction consentent des efforts pour sensibiliser les populations à l'usage des moyens de contraception. Aussi rendent-ils ces moyens disponibles et accessibles à l'immense majorité des populations.
Les moyens de contraception disponibles au Burkina Faso.
Les centres de santé du Burkina disposent d'une gamme variée de moyens de contraception. Il y a la contraception orale (pilules), les injectables, les implants, le dispositif intra-utérin (DIU), les préservatifs (féminins et masculins) et la contraception chirurgicale permanente (vasectomie, ligature des trompes).
Comment se fait la prescription des moyens de contraception ?
Kadidia Diallo, sage-femme et responsable de la clinique de l'ABBEF (Association burkinabé pour le bien-être familial) affirme : « Quand une femme s'adresse à nous dans le cadre de la planification familiale, nous avons l'obligation de lui donner les informations sur toutes les méthodes dont nous disposons et sur celles qui ne sont pas disponibles à notre niveau.
C'est à la femme de faire son choix. Dès qu'elle le fait, nous revenons sur le moyen choisi avec plus de détails sur les effets secondaires, le mode d'action (comment le moyen intervient dans l'organisme pour empêcher la grossesse)…
Nous insistons sur ces éléments pour que la femme comprenne et sache à quoi s'en tenir. Cela évite les abandons en cours de route. Nous sommes à la disposition des femmes et ce sont elles seules qui choisissent. Nous ne les influençons pas ».
Les moyens de contraception les plus utilisés dans les centres de santé de la ville de Ouagadougou.
Les moyens les plus utilisés sont les implants et les injectables. Les femmes justifient leur choix par le fait que ces moyens soient discrets et périodiques. Elles ne sont pas obligées de les prendre au quotidien comme la pilule par exemple.
Les implants ont une durée de cinq ans minimum et les injections quant à elles, se font tous les deux ou trois mois. Donc, les femmes les trouvent pratiques.
« J'ai commencé la contraception avec la pilule pendant deux mois. J'oubliais d'en prendre régulièrement. Je suis repartie voir la sage femme pour qu'on me place un norplant (marque d'un implant) » explique Mme Zongo née Rouamba Anne Marie, ménagère.
Viennent ensuite les pilules et le DIU. Les réticences envers ces deux méthodes sont dues à la périodicité. La prise de la pilule est quotidienne et doit se faire presqu'aux mêmes heures.
Le DIU dure douze ans et certaines femmes croient qu'il est abortif. Ce n'est pourtant pas le cas, précise Mme Diallo.
Le DIU est fait à base de cuivre et son emplacement empêche les spermatozoïdes d'aller à la rencontre des ovules, poursuit-elle. Kadidia Diallo conclut qu'il n'y a donc pas de possibilité de tomber enceinte.
Couples et contraception.
Bon nombre de couples aujourd'hui échangent sur la contraception dans leur famille avant de s'adresser à un centre de santé. De plus en plus d'hommes s'adressent aux professionnels de santé avec leur conjointe.
Ensemble, monsieur et madame après avoir écouté les informations relatives aux moyens de contraception, décident ensemble du moyen qui leur convient.
Kaboré Tahirou, étudiant à l'université de Ouagadougou intervient à ce propos : « Ma copine et moi avons opté pour le Jadel (marque d'implant). Nous sommes tous deux étudiants et ne disposons pas de moyens pour nous occuper d'un enfant. Nous prenons donc nos précautions ».
Selon Innocent Zangré, fonctionnaire, « pour éviter les surprises désagréables, ma femme et moi avons été dans un centre de santé choisir la pilule qu'elle trouve pratique. Nous nous organisons mieux ainsi ».
Malgré les avancées notables sur la vulgarisation des moyens de contraception, force est de constater que dans certaines zones du Burkina, ils ne sont pas disponibles.
Cette indisponibilité résulte de plusieurs facteurs comme la méconnaissance, l'ignorance, l'éloignement des centres de santé… Au regard de l'importance des moyens de contraception sur la santé sexuelle, il apparaît urgent de travailler à changer les mentalités, à faire évoluer les choses pour une sexualité saine.
Patindé Amandine Konditamdé
Lefaso.net