Le mois de mai aura été mis à profit par l'opposition politique burkinabè pour faire des sorties médiatiques. Après le point de presse pour annoncer l'installation du président de l'UPC, Zéphirin Diabré, comme chef de file de l'opposition, les partis de l'opposition ont dénoncé, sans faire de propositions, l'augmentation du prix du gaz butane dans une déclaration de presse. Puis, c'est au tour des députés de l'opposition de tenir une journée d'information sur leurs actions au Parlement, ce dans le but d'empêcher la mise en place du sénat. Par ailleurs, les multiples sorties médiatiques du chef de file de l'opposition traduit une volonté de rupture d'avec l'image d'une opposition amorphe. Mais cela ne ressemble-t-il pas plus à de la propagande qu'une réelle proposition d'alternative face à la politique du gouvernement ?
On ne cessera de le répéter, les partis de l'opposition politique en Afrique dorment souvent sur leurs défaites et n'attendent que les échéances électorales suivantes pour se faire voir.
Un manque de dynamisme qui ne permet pas aux leaders de ces partis d'acquérir des expériences nécessaires pour gérer au mieux l'Etat s'ils parvenaient au pouvoir. C'est le cas en Guinée avec Alpha Condé et avant lui, Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire.
L'opposition, de façon générale, se met toujours dans le rôle de dénonciateur des actes de mal-gouvernance de la majorité. Les médias sont, à cet effet, pris d'assaut pour faire entendre leur voix, leur position par rapport à une situation sociopolitique donnée. Alors qu'il n'est pas possible pour elle de poser des actes pour donner une réponse aux préoccupations des populations.
Au Burkina par exemple, depuis la désignation du président de l'UPC, Zéphirin Diabré, chef de file de l'opposition, c'est une omniprésence dans la presse pour peu qu'il organise un quelconque événement. Certes, la volonté de prendre l'opinion publique nationale à témoin de « ?ses actions ? » n'est pas une mauvaise chose en soi ? ; cependant, il semble plutôt dans l'ambiance d'un activisme devenu un mode de gestion de l'opposition.
L'opposition peut-elle se démarquer ? ?
Les manifestations jusque-là menées par les partis de l'opposition semblent être plus des actions d'éclat qui, peut-être, ne donneront pas grand-chose comme résultat palpable. Certes, on ne nie pas que ces actions peuvent avoir des effets, mais le plus important, c'est d'adopter une démarche basée sur une stratégie beaucoup plus solide, faites de propositions alternatives.
On n'a pas encore vu ou entendu parler d'un programme cohérent du chef de file de l'opposition. Il commence à peine à y réfléchir avec l'installation ce 25 mai de 15 comités commis à cet effet. La dénonciation de l'action gouvernementale ne se fait pas qu'avec des actions d'éclat ? ! Il faut une vision mieux construite avec une démarche méthodique.
Par exemple, pour l'augmentation du prix du gaz butane, l'opposition devait mettre à contribution toutes les compétences en la matière à travers une étude pour démontrer le contraire de ce qu'a laissé entendre le gouvernement. Mais, hélas, c'est une simple déclaration dans les colonnes des journaux dénonçant l'augmentation du prix.
De plus, par rapport au débat sur le sénat, l'argumentaire avancé par le chef de file de l'opposition semble des plus légers. Sa conviction de croire en une possible modification de l'article 37 de la Constitution avec l'instauration du Sénat est également une sorte d'amalgame.
C'est du reste ce qu'exprime le ministre d'Etat, ministre chargé des Relations avec les Institutions et des Réformes politiques, Dr Bognessan Arsène Yé ?lorsqu'il souligne : « J'ai fait tous les efforts ?inimaginables pour voir un lien, mais je n'en ai pas vu ». ?Et de poursuivre ? : « Actuellement, il n'y a pas de processus de révision de l'article 37 ? ».
C'est normal pour le chef de file de l'opposition de s'essayer dans des actions de grande mobilisation, mais ce qu'il faut c'est s'engager dans une logique de propositions alternatives. Pour ce faire, l'opposition doit imaginer des stratégies beaucoup plus méthodiques.
Et Zéphirin Diabré, pour avoir travaillé dans des institutions internationales sait très bien qu'il faut se démarquer de cette façon de s'agiter pour proposer une démarche scientifique et méthodique pour mener des actions qui produiront des résultats probants.
Abou OUATTARA
L'Hebdomadaire du Burkina