Peu commode, et même pathétique, que ce spectacle offert en fin de semaine dernière par les ministres de l'agriculture (et de la sécurité alimentaire) et celui de l'eau. Mahama Zoungrana et Mamounata Bélem ont fini, comme on le sait désormais, par exposer leurs divergences au grand jour. Obligeant le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a tenté une médiation, tout aussi pathétique, sous les feux des projecteurs
Alors même qu'ils auraient pu faire l' 'économie des formules, les protagonistes ont donc préféré laver leur linge sale sur la place publique. Ce qui n'est pas forcément la meilleure manière de procéder.
Du reste, l'image renvoyée dans l'opinion par cette querelle entre ministres est des plus mauvaises. Elle traduit une absence de collégialité, dont on peut aisément deviner qu'elle n'a pas été profitable à l'administration publique dans son ensemble.
Une séparation mal négociée
On l'aura d'ailleurs compris au vu des points de divergences évoqués, que chacune des parties entendait être bien servie dans la répartition du patrimoine et des prérogatives. Comme si elles travaillaient d'abord pour elles-mêmes.
L'on perçoit en outre que la scission entre les deux ministères s'est bornée à une simple séparation d'entités. A charge pour les parties de se débrouiller pour trouver un terrain d'entente.
Gouvernement trop large ?
Comment comprendre en effet que plusieurs mois après la formation du gouvernement, ce soit maintenant qu'il faille mettre sur pied une commission technique pour aborder des questions de ce genre. Lesquelles auraient pu être réglées en amont ! Assurément il faut croire que quelque chose ne tourne pas rond.
Cette situation n'est d'ailleurs pas sans rappeler un autre précédent du même type : il s'agit des bisbilles entre le ministère de la justice et celui des droits humains. Toujours avec la même question : ‘'qui prend quoi en premier ?'' Ironie de l'histoire, à l'époque, les deux ministres en conflit était un homme et une femme…
Abordant la question devant les médias (ce qui n'était indispensable), le chef du gouvernement a parlé de question de méthodologie. On peut bien se demander quelle a été la méthodologie qui a guidé la formation du gouvernement pour que l'on se retrouve plusieurs mois après à se quereller sur la place publique comme des chiffonniers.
Il est à espérer que les agents (obligés de collaborer sur le terrain) ne se laissent pas embarquer dans une telle bagarre de charretiers car ils auront de la peine à se regarder s'ils devaient se retrouver dans un même et unique ministère au détour d'un remaniement ministériel. Ce qui bien entendu, n'est pas exclu pour les mois à venir.
Juvénal Somé