Selon toute vraisemblance, c'est en répondant à la question d'un député sur le coût du Sénat que le ministre d'Etat en charge des relations avec le parlement et des réformes politiques, aurait dit que pour les six derniers mois de l'année 2013,année à laquelle le sénat sera mis en place, il est prévu un Budget de 3 milliards de F CFA pour son fonctionnement.
Et très vite le calcul mental est fait. Si six mois font 3 milliards, douze mois en feront 6. En six ans de mandature, on atteint 36 milliards F CFA. Il fait éviter de duper le peuple. C'est trop beau pour être vrai. Quelqu'un a dit : « la démocratie n'a pas de coût, mais elle a un prix ». Commentaire. Le Budget prévisionnel des dernières élections législatives et municipales couplées était de 43539 399 242 F CFA. Ce montant comprenait à la fois le recensement biométrique et les élections proprement dites. Heureusement que dans la quête d'associer la qualité au coût, le gouvernement a réussi à s'accorder avec un opérateur de biométrie. Ce qui a fait que le coût global de l'élection est revenu à 30 804 352 705 F CFA. La seule opération de recensement qui devrait coûter 29 582 398 662 F C FA étant revenue in-fine à 11 603 455 357 F CFA. C'était le prix à payer pour non seulement réussir les opérations de vote, mais surtout pour éviter les contestations futiles qui pourraient compromettre la paix sociale après les élections. Quand on sait que l'opposition était prête à tout, au cas où la moindre faille se présentait dans le processus. Le gouvernement avait donc consenti ce prix-là pour éviter les suspicions. La même opposition et les mêmes organisations de la société civile qui condamnent aujourd'hui le Sénat parce qu'il coûte cher, avaient applaudi. Non pas seulement parce que cela n'a pas coûté aussi cher au contribuable, mais parce que, cela allait leur permettre d'avoir plus de sièges dans les conseils municipaux et à l'Assemblée nationale où il y a des dividendes à partager. Il aurait fallu que les mêmes organisations politiques et de la société civile refusent qu'on prenne autant de ressources pour avoir un consensus et élire des gens qui ignorent beaucoup de leurs rôles. Autrement dit, on ne fait pas de biométrie, on garde l'ancien fichier électoral et on va aux élections avec.
Ce que ces deux structures n'ont pas voulu faire, parce que cela ne les arrangeait pas. Au pire des cas, elles auraient pu suggérer que l'on n'organise même pas des élections parce que les problèmes sociaux sont si nombreux qu'il n'y avait pas urgence. On gardait les mêmes députés, les mêmes conseillers municipaux et on avance. Cet argent aurait servi à construire des amphithéâtres, des cités universitaires, à satisfaire quelques revendications des syndicats ou à construire des écoles, des lycées et des collèges ou encore, des centres de santé. On aurait vraiment applaudi. Puisque les problèmes qui sont posés aujourd'hui étaient les mêmes en ces temps. Malheureusement, c'est le gouvernement qui a couplé les deux élections pour réduire leur coût. Aujourd'hui, après la mise en place du Sénat (où elle n'a pas nécessairement des intérêts) on fait croire au peuple que les plus mauvais, que ceux qui ne veulent pas son bien, sont ceux d'en face. Mais au fait, qui a dit que le Sénat coûte 36 milliards de F C FA ?
Partons de ce que les sénateurs soient traités au même niveau que les députés. Le salaire d'un député burkinabé est d'environ 725 000 F CFA par mois. Ce qui fait quelque chose d'environ 8 700 000 F CFA par an. Soit 43 500 000 F CFA pour une législature. Ses frais de session sont d'environ 5 400 000 F CFA par an ; soit 27 000 000 pour toute la législature si on considère que le taux journalier est de 30 000 F C FA. En cinq ans de législature, le député burkinabé coûté au contribuable environ 70 500 000 F CFA. Pour une législature, les députés coûtent près de 9 milliards de F C FA. Quand on considère que les Sénateurs sont moins nombreux, ils coûteront nécessairement moins chers que les députés. Nous avons tous la responsabilité de construire notre pays sur du vrai. Le « faux » alimenté par de petits « calculs politiciens » va, tôt ou tard, nous emporter tous. N'gaw !
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso