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Nathalie Kaoré Journaliste à la RTB/Télé : « Les femmes journalistes sont victimes de préjugés »

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Elle est belle. Mieux, elle est en outre intelligente. Intellectuelle « de souche », rien de la prédestinait au journalisme. Aujourd'hui pourtant, elle exerce ce métier et avec brio pour la formation et l'information des populations du Burkina Faso. Mère d'un enfant, le journalisme même si au départ n'était pas une vocation pour elle, l'a séduite et elle en est tombée amoureuse. Cette dame à« cœur ouvert » est Nathalie Kaoré. Nous l'avons rencontrée à Bobo-Dioulasso, le mardi 28 mai 2013.

L'histoire débute en 2002, lorsque pendant ses études universitaires en anglais, Nathalie passa un des concours de la Fonction publique : celui des agents de maîtrise de programme. Cette année, elle avait postulé pour cinq concours afin sans nul doute multiplier les chances de son côté. « Lorsque j'ai passé le concours, je ne savais pas qu'il s'agissait d'un recrutement de journalistes », se souvient-elle encore. A Tenkodogo (dans le Centre-Est) où elle a concouru, elle fut admise à l'écrit. « Nous étions seulement cinq à composer. Lorsque j'ai été admise à l'écrit, je suis venue à Ouagadougou pour l'oral », dit-elle. Entrée alors au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ) aujourd'hui Institut des sciences de la technique et de l'information et de la communication (ISTI C), Nathalie en sort deux ans après, en qualité de journaliste. Elle est affectée alors à la Radio-télévision nationale du Burkina (RTB) où elle anime et produit des émissions sur la santéà la radio. « Les débuts ont été véritablement difficiles. Mais j'ai pu les surmonter car il y avait une radio à l'école avec laquelle je me suis énormément familiarisé pendant notre formation ». Après cinq ans de bons et loyaux services, couronnés souvent par des prix (Prix Galian en 2008, Prix médecine traditionnelle en 2009, etc…), Nathalie repart à l'école à l'issue de son admission au concours professionnel pour le niveau 3. Major de sa promotion, la 21ème, en 2012. Nathalie, désormais conseillère en Sciences de l'information et de la communication, est affectée non pas à la radio, mais à la télévision.

De la radio à la télé, il n'y a qu'un pas

Nathalie reconnait et soutient qu'il n'y a pas une grande différence entre la radio et la télé. On peut aller de la radio à la télé et vice-versa. « C'est quand il s'agit de la presse écrite qu'il peut avoir des difficultés », a-t-elle affirmé. Travailler à la télé, à en croire Nathalie, c'est vivre une autre expérience qui va sans doute enrichir son curriculum vitae. Elle dit bien s'y sentir, mais laisse libre choix aux téléspectateurs d'apprécier son travail. « J'essaie de rester véritablement professionnelle », précise-t-elle. Les difficultés à la télévision se situent au niveau des images car on ne peut pas les placer n'importe où et n'importe comment au cours des reportages. A la radio, dit-elle « Après le reportage, je pouvais faire le montage de l'élément en moins de 15minutes. Ce qui n'est pas le cas à la télé avec les images qui sont contraignantes. Et puis, on travaille aussi sous pression psychologique ».

Les difficultés de la femme journaliste

Sur le plan professionnel, elle ne rencontre aucune contrainte. Contrairement au plan social où Nathalie dit déplorer considérablement les discrédits dont sont victimes les femmes journalistes. « Nos noms sont gâtés », s'exprime-t-elle de façon familière. Qui dit qu'ailleurs les femmes sont des saintes ? Se demande-t-elle. Elle suppose toutefois que ces préjugés dont elles sont victimes peuvent s'expliquer par le fait qu'elles prennent le statut de personnes publiques. « Du coup, les gens veulent en savoir plus vous, et même au-delà…. », ajoute-t-elle. Mais à entendre la femme journaliste, ces détracteurs ont peut-être leurs raisons quand on sait que tout mène au journalisme. Il arrive effectivement de voir des gens parachuter dans le métier sans qu'on ne sache d'où elles viennent. Un autre fait majeur que déplore Nathalie, est celui du doute persistant sur la compétence des femmes journalistes. « Très rarement on invite les femmes journalistes sur les plateaux de débats politiques, économiques…», fait-elle savoir. Elles ne sont là que lorsqu'il s'agit de questions liées à la femme, à la santé, à la société… Le journalisme est un travail ingrat avec son corolaire de risques sans indemnités conséquentes. « Premier à se lever et dernier à se coucher pour informer les populations », constate-t-elle. Il n'y a donc que les félicitations et les encouragements qui donnent le tonus à l'endurance dans le métier.

On ne doit pas forcer le mariage

Rodrigue Barry, Inoussa Kindo… tous précédemment journalistes, sont des exemples à suivre selon Mlle Kaoré. Du journalisme, ils travaillent aujourd'hui dans des organisations internationales. Son ambition est aussi d'en faire autant. Elle s'est spécialisée ainsi en santé et souhaite décrocher un poste international dans le domaine sanitaire. Qu'en est-il alors du mariage ? En paraphrasant une de ses consœurs, elle répond que « le bonheur ne réside pas uniquement dans le foyer ». « De nos jours lorsqu'une femme a un enfant et un boulot, cela est largement suffisant pour son bonheur. Le mariage reste un idéal, mais pas une obligation et l'on ne doit surtout pas en faire une obsession », renchérit-elle. Aux jeunes filles qui souhaiteraient embrasser ce métier de journalistes, elle leur dit de s'armer de courage et de faire la sourde oreille aux préjugés. Mais surtout, de rester professionnelle et faire attention aux tentations, car les femmes journalistes sont souvent considérées à tort comme des proies.

Bassératou KINDO

L'Express du Faso


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