Sur le terrain de la communication en cette journée du 21 mai 2013, les députés des groupes parlementaires ADJ (Alternance, Démocratie, et Justice) et UPC (Union pour le Progrès et le Changement) ont fait feu de tout bois. En effet, après avoir claqué momentanément la porte de l'Hémicycle où se tenait la plénière relative à l'adoption du projet portant création du sénat, ils se sont immédiatement rendus au siège du Chef de file de l'opposition politique pour y tenir une conférence de presse.
Accueillis à l'arrivée par Zéphirin Diabré, ils se sont d'abord expliqué, les uns après les autres, devant la foule nombreuse, rassemblée à l'entrée du siège du CFOP et acquise à leur cause.
Me Stanislas Sankara, Arba Diallo, Ablassé Ouédraogo, pour ne citer que ceux-ci, ont donné au public, mobilisé hors de l'édifice, les raisons de leur opposition à la création du Sénat.
Parlant du Sénat, Arba Diallo dira que c'est une fraude, une arnaque orchestrée par le pouvoir pour continuer à avoir une main mise la gestion des affaires du pays et que l'opposition ne pouvait pas l'accepter. Zéphirin Diabré, chef de file de l'opposition politique, et Me Sankara, son prédécesseur, ont aussi fustigé la manœuvre du pouvoir, invitant les citoyens à maintenir la mobilisation et à se tenir prêts pour les actions futures.
« Commencez à arranger vos chaussures car nous allons marcher et marcher contre ce Sénat », a lancé Diabréà l'endroit du public surchauffé dont une partie manifestait bruyamment son désir de marcher hic et nunc sur l'Assemblée nationale.
« Ce n'est qu'un début »
Mais, pour Zéphirin et les autres chefs de formations politiques affiliés au CFOP, le moment n'est pas encore venu de battre le macadam. « Ce n'est qu'un début », assure-t-il. Et s'il doit y avoir des marches comme actions de lutte, ce sera certainement, à l'entendre, en juin.
« L'Acte de ce soir ne marque pas la fin de nos actions. Il ne s'agit que d'un début car la lutte va continuer avec la même détermination et ce avec l'ensemble des patriotes et démocrates de notre pays, jusqu'à ce que le gouvernement retire cette loi de notre ordonnancement juridique », martèle pour sa part Ibrahima Koné, président du groupe parlementaire ADJ, lors de la conférence de presse.
Raisons de leur opposition
Sur les raisons de leur action d'éclat, l'honorable Koné s'explique : « Si les groupes parlementaires de l'opposition à travers leurs députés, ont souhaité vous rencontrer ce soir, c'est pour non seulement expliquer davantage notre position à nos militants et sympathisants et à vous aussi journalistes, mais aussi, prendre à témoins l'opinion nationale et internationale afin de situer les responsabilités de chacun dans l'écriture des pages de l'histoire de notre pays »
Il ajoute : « La lutte que nous venons d'engager avec l'ensemble des patriotes et démocrates de notre pays est un devoir citoyen pour faire du Burkina Faso, un pays réellement démocratique et dans lequel la voix de chaque citoyen doit compter. Ce devoir nécessite de la part de tous, courage, détermination et sacrifices et aucun burkinabè où qu'il soit et quel que soit son âge ne doit se mettre en marge de cette lutte historique pour la défense des intérêts de notre peuple ».
« L'opposition ne regrette pas sa non participation au CCRP »
L'opposition ne s'est-elle pas prise un peu tard sur cette question du Sénat et ne regrette-t-elle aujourd'hui pas de n'avoir pas participé au Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) ?
Sur le premier volet de la question, Me Sankara pense que l'on ne peut pas dire que l'opposition s'est prise un peu tard surtout si l'on prend en compte les difficultés rencontrées pour la désignation du CFOP.
Pour le second volet, le président du groupe parlementaire UPC, Louis Armand Ouali est formel : L'opposition ne regrette pas sa non participation au CCRP. Elle a même eu raison, selon lui, de n'y avoir pas participé, au vu des difficultés aujourd'hui des participants à s'entendre sur les points dits consensuels du CCRP. La preuve, dit-il, il y en a qui votent pour et d'autres contre.
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net