Le Chef de file de l'opposition politique (CFOP), Zéphirin Diabré a animé ce jeudi 16 mai 2013 à Ouagadougou, son premier point de presse mensuel. Et il entend répéter l'exercice tous les premiers jeudis du mois afin de situer régulièrement l'opinion sur le travail que fait l'opposition et sur son appréciation des faits et événements qui rythment la vie politique au Faso.
Pour ce premier rendez-vous du mois avec la presse, le CFOP du Burkina était entouré de responsables de quatre formations politiques.
Il s'agit du président du Rassemblement pour la démocratie et le socialisme (RDS), François Ouindelassida Ouédraogo ; du président de la Convention nationale pour le progrès du Burkina (CNPB), Moussa Boly ; du président du Faso Autrement, Ablassé Ouédraogo et du président du Parti pour la démocratie et le socialisme /Parti des bâtisseurs (PDS/Metba), Ibrahim Koné. Chacun de ces 4 chefs de parti ont eu à intervenir pendant les discussions, soit pour répondre directement à une question, soit pour compléter des réponses.
7 grands points abordés
Zéphirin Diabré a abordé sept grands points dans ses échanges avec les journalistes. Ces points sont : la vie du CFOP ; le climat social dans les domaines de l'éducation et de la santé ; la hausse du prix du gaz ; la question du Sénat ; celle du secteur minier ; les suites des élections couplées du 2 décembre 2012 ; et la question de l'insécurité.
Zéphirin Diabré a réaffirmé le rejet de l'opposition politique du projet de loi portant création du Sénat, invoquant 5 raisons notamment son inutilité en matière d'amélioration de la qualité des lois, son coût (36 milliards), ses objectifs politiques, à savoir « la révision de l'article 37 » et l'exclusion de la jeunesse.
« Les députés de l'opposition ont déjà commencé la résistance au sein de l'Assemblée nationale en décidant de boycotter tous les travaux en commissions et en plénière sur la mise en place du Sénat », a confié Diabré, avant de demander aux Burkinabè de soutenir les députés de l'opposition dans leur combat. Pour ce faire, les citoyens sont invités à se retrouver le 21 mai 2013 à 15 h au siège du CFOP.
Sur l'efficacité de la démarche de boycott adoptée par l'opposition parlementaire face à la mise en place du Sénat, les conférenciers assurent qu'ils n'y a pas une meilleure solution, au regard de la minorité de l'opposition au sein du parlement. Devant l'impossibilité de bloquer l'adoption du texte devant la majorité des députés du pouvoir, ils ont donc opté pour le boycott qui leur permet de prendre à témoin l'opinion. « C'est notre façon de ne pas cautionner la mise en place du Sénat », affirme Ablassé Ouédraogo du Faso Autrement.
Grèves et mouvements de protestations
Le CFOP dit constater la multiplication des grèves et autres mouvements de protestations dans les secteurs de l'éducation, de la santé, etc.
Pour Zéphirin Diabré, c'est le gouvernement qui est responsable de cette dégradation du climat social, par son refus d'un dialogue sincère avec les organisations sociales, et par ses mesures provocatrices. « L'opposition politique exprime sa solidarité pleine et entière avec tous les citoyens qui luttent pour de meilleures conditions de vie, de travail ou d'études », a-t-il ajouté.
Sur la question de l'augmentation du prix du gaz, Diabré estime que les arguments donnés par le gouvernement ne sont pas convainquants. « Au même moment, non seulement le gouvernement refuse d'accorder la moindre augmentation de salaire mais trouve 36 milliards pour financer un Sénat inutile », note-t-il.
Secteur minier
Concernant le secteur minier, le CFOP réclame une commission d'enquête parlementaire, pour faire la situation de toutes les activités minières en cours au Burkina et enquêter sur l'usage qui est fait des ressources qui en découlent. Car, « une étude récente d'une revue spécialisée a mis le doigt sur le scandale que constitue la gestion des mines dans le pays, avec l'implication très forte de hautes personnalités. Les Burkinabè veulent savoir où va l'argent de notre or à tous ».
Insécurité au Faso
L'opposition politique se dit inquiète de la persistance de l'insécurité au Burkina. « Chaque jour apporte son lot de braquages, de crimes, et d'autres atteintes à la vie humaine », relève Zéphirin Diabré.
Et d'interpeler le gouvernement pour qu'il prenne la pleine mesure de la situation et engage des mesures appropriées pour assurer la sécurité des personnes et des biens dans le pays. En ce qui concerne le problème de blocages de l'installation des conseils municipaux issus des élections couplées du 2 décembre 2012, le CFOP appelle l'administration à s'assumer et à faire en sorte que le choix démocratique des électeurs soit respecté partout sur le territoire national.
Vie du CFOP
De la vie du CFOP, l'on retient la réunion le 8 mai dernier des responsables des partis politiques membres de l'institution et qui a permis aux participants de prendre un certain nombre d'engagements dont celui relatif à la mise en œuvre des 5 chantiers suivants : l'ancrage institutionnel ; l'adoption de règles de l'organisation de l'opposition ; l'élargissement de la base sociale de l'opposition en direction de la société (société civile et autres composantes de la société) ; l'adoption d'un programme minimal alternatif ; la mobilisation de ressources conséquentes pour une action plus visible et plus efficace de l'opposition.
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net