Cadre au ministère de l'Economie et des Finances, Nongma Paré a été nommé il y a trois mois chef de service et bombardé chef d'un grand projet de modernisation du ministère. Une belle promotion pour ce quinquagénaire très ambitieux, marié et père de six enfants, mais qui lui assigne aussi de nouvelles responsabilités qu'il va devoir assumer correctement pour mériter la confiance de ses supérieurs.
Conscient qu'il a là une chance qui ne se représentera probablement plus, Nongma Paré va s'investir corps et âme dans l'accomplissement de ses nouvelles fonctions. En l'espace de quelques semaines, sa vie en a été complètement bouleversée et désormais, il ne vit que par et pour le travail. Premier arrivé au bureau tous les toujours, il y reste jusqu'à des heures tardives, y compris les week-ends. Il ne compte plus son temps. Chose surprenante, il ne manifeste aucun signe de fatigue malgré la charge de travail qu'il assume. Il n'a plus de vie privée et les plaintes de sa famille et de ses amis n'y font rien. « On est en face d'un cas typique de burn-out. Parce qu'il a un besoin fou de reconnaissance, le salarié est tellement investi dans son boulot et a tendance à repousser le plus loin possible ses limites, y compris en ayant recours à des excitants », explique Olivier Zemba, Docteur en Psychologie et Directeur général de YIK-AFRICA INTERNATIONAL, un cabinet spécialisé en Santé mentale et Assistance psychosociale.
« Les signes les plus apparents chez l'individu victime du burn-out sont les troubles du sommeil et l'anxiété. Il faut savoir les détecter rapidement et mettre en place une psychothérapie qui est une technique permettant de de traiter certaines pathologies comme la dépression ou le burn-out », précise t-il.
Avec le chômage massif, la précarité de l'emploi, les exigences d'efficacité, voire d'efficience et de rentabilité, les bruits de toutes sortes, la pollution, les individus sont de plus en plus soumis au stress, à l'anxiété, bref, aux « désordres psychologiques ». C'est pour prévenir et traiter ces pathologies d'un genre nouveau que le Docteur Olivier Zemba a créé YIK-AFRICA INTERNATIONAL (qui veut dire en langue mooré : lève-toi Afrique).
Logé dans les locaux du centre de formation Yam Pukri, au secteur 30 de Ouagadougou, à quelques pas de la gare Rahimo, le cabinet offre des services en Conseling, une relation d'aide consistant à accompagner les gens face aux multiples pressions qu'ils subissent aussi bien dans le milieu du travail que dans la vie courante. « Individuellement ou en groupe, nous apportons une assistance psychosociale aux personnes en les aidant à renforcer leurs capacités. Le traitement consiste à mieux cerner les contours de leurs problèmes et les amener à valoriser ce qui est positif, à minorer ce qui est négatif en eux. A priori, ça peut paraitre simple, mais d'expérience, nous savons combien il est difficile mais important d'amener quelqu'un qui est sous pression à avoir confiance en lui-même, et à faire la différence entre ce qui est essentiel et ce qui est accessoire », explique Docteur Zemba.
Dans le domaine du travail, l'accompagnement s'avère salutaire surtout pour les maniaques, les perfectionnistes, ceux qui ont du mal à déléguer, ou tous ceux qui, à tort ou raison, pensent que les autres doutent de leurs compétences et éprouvent le besoin de convaincre ! « Pour cette catégorie de personnes, nous proposons ce que nous appelons la prévention et la gestion de la santé mentale au travail en établissant d'abord un diagnostic de l'état du patient, ensuite nous élaborons un programme de traitement et de suivi, puis à la fin un bilan évaluatif pour voir s'il faut continuer ou changer le programme en cours ».
En plus de l'intervention clinique, c'est-à-dire la prise en charge personnalisée soit à la maison, soit dans un internat, le cabinet YIK-AFRICA INTERNATIONAL mène d'autres activités notamment dans la formation, la recherche, l'étude et la gestion des programmes. Le 29 juin 2012, il a ainsi organisé un atelier sur le stress, le burn-out, l'auto-soins et la fatigue de compassion, qui a attiré du beau monde : des cadres, employés, chef d'entreprises, étudiants, représentants d'institutions nationales et internationales. « Beaucoup de gens se sont intéressés à la fatigue de compassion, c'est-à-dire les stress post-traumatiques dont les symptômes sont les palpitations ou le ralentissement de la libido », détaille Olivier Zemba, « mais aussi au monitoring, en particulier les cadres soucieux de concilier performance dans l'entreprise et préservation de leur santé. »
Après plusieurs années d'expériences professionnelles en France où il a obtenu un doctorat en Psychologie à l'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris, et mené des recherches dans le Centre-éducatif Jean-Cotxet, Docteur Olivier Zemba a aussi suivi une formation en Ethnopsychiatrie à l'Hôpital Jean-Talon de Montréal au Canada en tant que Coordonnateur d'un projet « Fonds-Jeunes-Emploi ».
Au cours des cinq dernières années, il exerçait dans la région des Grands Lacs comme clinicien au Regional Clinical mental Heath Officer, avant de prendre la décision courageuse de rentrer au pays « pour mettre mes compétences au service de la mère patrie ». Ce qui était un rêve, comme il nous l'avait confié en septembre 2006 dans une interview, est donc devenu une réalité, puisque Olivier Zemba donne aussi des cours à l'Université de Koudougou.
Joachim Vokouma, Lefaso.net
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