M'Pa Yacouba Sanou, Chef de canton du cercle de Bobo-Dioulasso et Chef traditionnel des Bobo-Mandaré serait né en 1918. Deuxième personnalitéà avoir cumulé la double casquette de chef de canton et de chef traditionnel, le fils de Souro Sanou a su demeurer apolitique dans un Burkina ou des chefs se plaisent dans le jeu politique.
« On ne peut pas parler du chef sans parler de ses aïeuls » c'est ce que les conseillers de sa Majesté M'Pa Yacouba enseignent au visiteur. Et pour l'histoire, sa Majesté M'Pa Yacouba Sanou est le fils de Souro Sanou, celui-là même qui a prêté son nom au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bobo-Dioulasso.
Qui est Souro Sanou ?
Les faits sont des protocoles du chef. Et selon toute évidence, Souro Sanou était absent de sa citéà l'arrivée du « blanc »à Bobo-Dioulasso. C'est trois ans après que l'homme est revenu de son exil ghanéen. Soumis aux travaux forcés tout comme le reste de sa population, il sonna la révolte. En réplique aux coups de fouets injustifiés, selon lui, Souro Sanou aurait copieusement frappé deux surveillants qui ont fini par fuir le chantier sur lequel ils étaient chargés de contrôler les travaux. Informé des faits, le commandant blanc d'alors aurait attendu 3 mois avant de convoquer les bobolais. Une fois convoquée, la population a voulu cacher l'identité de l'agresseur des surveillants. Mais de lui-même Souro Sanou s'est présenté au commandant et a expliqué les raisons de son acte au commandant. De la haine jaillit l'admiration du blanc pour le Chef, désigné depuis lors comme étant le chef de canton de Bobo-Dioulasso. A noter que pour le canton, la chefferie se transmet de père en fils et que le bonnet de chef traditionnel, revient au doyen de la famille royale.
M'Pa Yacouba Sanou au pouvoir
Après Souro Sanou, c'est sa majesté Ali Kollo Sanou, le prédécesseur de M'Pa Yacouba Sanou qui a eu la prouesse de cumuler les bonnets de chef traditionnel et de chef de canton. Décédé, il a laissé la place à El Hadj M'Pa Yacouba Sanou qui règne depuis 8 ans sur 67 villages. A la charge du chef, la gestion des conflits entre Bobo, ou entre citoyens de sa sphère d'influence tout simplement. Etant chef, il est également le garant des traditions, de la culture de son peuple. Il est à ce titre, celui qui donne les orientations à suivre pour sauvegarder les us et coutumes des Bobos. Côtoyé par les politiques, le chef reçoit pratiquement tous ceux qui ont des ambitions politiques à Bobo-Dioulasso. Chez lui, les politiciens viennent pour chercher des bénédictions, résoudre des problèmes ou pour être conseillés sur certaines questions d'envergure. Egalement, dans la viabilisation de Bobo-Dioulasso, les urbanistes et autres commis de l'Etat sont obligés de passer chez le chef pour ne pas commettre des gaffes. Mais à son âge, le chef se déplace rarement. Il laisse donc le soin à son entourage de résoudre certains problèmes.
La modestie du chef
Ce qui est frappant c'est la modestie de ce chef. Sur la terrasse de M'Pa Yacouba Sanou, on retrouve simplement la chaise du chef, la place des conseillers et des visiteurs. Rien pour épater un visiteur. A contrario de certains palais traditionnels qui sont presque des mini-châteaux, la cour du chef des Bobo est tout, sauf luxueuse.
Les Bobo peuvent mieux faire
Indisponibilité ou absence de source, il est difficile de trouver des évènements datés dans la cour du chef M'Pa Yacouba Sanou. Tout ou presque se fait encore à l'ancienne. Pour la moindre question, c'est des interrogations entre vieux. De la date de naissance du chef à sa date d'intronisation, la mémoire des vieux semble être limitée par l'effet du temps. Si la modestie et la sagesse du Chef est à saluer, il est déplorable que ses sujets ne mettent pas à la disposition des visiteurs ne serait-ce que des notes sommaires sur leur histoire. Il serait bon de le faire ou de le vulgariser si ce n'est déjà fait.
Ousséni Bancé
Lefaso.net