La dédicace du livre de Mamadou Lamine Sanogo « La ville de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso : urbanité et appartenances en Afrique de l'Ouest » a été l'occasion, si les Bobolais l'ont compris ainsi, d'un nouveau départ vers une prise de conscience pour le développement de leur ville. Surtout au moment où de nouveaux conseils municipaux viennent de s'installer.
En effet, presqu'en réponse à Domba Jean-Marc Palm qui faisait revivre un passé nostalgique de Bobo, et la responsabilité des uns et des autres dans le non-développement de la ville (notamment le parti au pouvoir qui a toujours dirigé la ville depuis la décentralisation), le président de l'Assemblée nationale, Soungalo Ouattara n'est pas passé par quatre chemins pour « remettre les choses à leur place ». « Le développement, a-t-il dit, est un processus générationnel ; chaque génération arrive, fait ce qu'elle peut avec les moyens dont elle dispose et passe le témoin à une autre ». Aussi, selon lui, il n'est pas forcément question de s'interroger et de rechercher à savoir qui a fait quoi et à quel moment, qui est responsable de ceci ou de cela, mais de « briser enfin les visions nombrilistes et sectaires et de se saisir de la grande opportunité qu'offre la décentralisation pour enfin faire décoller Bobo et sa région ». Dans la même dynamique, il a rappelé l'importance de cette ville dans le processus régional en ce sens qu'elle doit booster l'économie de toute une région, et non d'une ville. D'où cette « invite à un engagement responsable et franc de tous ».
Il est établi, et beaucoup le savent, que le développement ne viendra jamais d'ailleurs. Il ne s'importe pas ; il se crée sur place, se développe et s'entretient dans la durée. Sur la base des initiatives d'acteurs locaux volontaires, dévoués et résolument tournés vers la satisfaction des besoins de leurs concitoyens. Ce n'est donc pas la capitale, Ouagadougou ou quelqu'un d'autre, qui viendra donner le développement à Bobo, tout comme elle n'ira pas le donner dans d'autres villes du Burkina. Ce n'est pas non plus le rappel d'un passé glorieux bien nostalgique qui emmènera le développement dans ces villes. Mais, le développement de ces autres villes dépendra de la capacité des pouvoirs locaux à créer des initiatives, à fédérer leurs concitoyens et leurs énergies autour de ces initiatives et à les mettre effectivement en œuvre dans le cadre d'une action commune concertée.
Dans cette dynamique, les Bobolais qui ne se réclament d'aucune identité particulière, en dehors de celle qui fonde le Burkinabè, doivent se saisir des « opportunités qu'offre la politique de décentralisation pour créer le développement de leur localité». Et ce ne sont pas les potentialités qui manquent. Quand ils auront compris que c'est grâce aux taxes et impôts qu'ils paient que la commune pourra refaire les rues, curer les caniveaux, construire des écoles et des centres de santé et les équiper, le développement sera à leur portée. Quand les Bobolais auront compris qu'il vaut mieux soutenir les initiatives de l'autorité communale, les corriger s'il le faut et éviter de verser dans le dénigrement et la médisance stériles, le développement sera à portée de main.
Cependant, il faut faire remarquer que Bobo-Dioulasso, quoi qu'on dise connaît un certain développement. Quand on fait un retour il y a dix années en arrière, on se rend tout de suite compte que des choses se sont passées ici. Même si ça ne suffit pas quand on fait le rapport avec les besoins de la population qui a pratiquement doublé dans la même période de temps. Comparaison n'est pas raison, mais faisons le tour dans la sous-région et voyons qu'elle est le pays dont la deuxième ville est aussi développée que Bobo-Dioulasso ? Bref, battons-nous pour arracher le développement de notre ville et cessons de pleurnicher. D'ailleurs n'est-ce pas nous qui cassons le petit peu de développement que nous réussissons quand nous sommes fâchés ? Nous sommes donc tous responsables.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso