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Soirée en faveur du financement du Centre Muraz : Une première à consolider

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Face à la modestie des moyens de l'état burkinabè et la baisse de l'aide publique au développement, le Centre Muraz explore les financements privés

Plus d'un demi-siècle après sa création par le médecin français Gaston Muraz, le Centre qui porte son nom et qui est implantéà Bobo-Dioulasso a acquis une renommée internationale dans le domaine de la recherche médicale.

Mieux, à en croire le Pr. Jean-François, Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales en France, « il est devenu une marque comme l'est l'Institut Pasteur » et attire chaque année des chercheurs, étudiants africains et du monde entier, engagés via la recherche, dans la lutte contre les maladies, surtout contre les maladies tropicales.

Reste que, malgré cette renommée, les moyens financiers dont dispose le Centre Muraz ne sont pas à la hauteur de sa réputation, encore moins de ses ambitions.

Dans un contexte international marqué par la baisse de l'aide publique au développement, conséquence de la crise financière, les financements privés, qui sont en revanche en forte augmentation, représentent une alternative pour les instituts de recherche comme le Centre Muraz.

C'est dans cette optique que le Centre Muraz a confiéà son conseiller en mobilisation de ressources, Christian Weets, l'organisation d'une soirée de récolte de fonds le 24 avril dernier dans la salle des fêtes de l'ambassade du Burkina à Paris. Une première qui a eu le mérite d'exister, mais ce n'était pas la soirée de grande mobilisation, ce qui explique que le bilan soit très mitigé.

En l'absence de l'ambassadeur, c'est le ministre conseiller, Michel Ouédraogo, qui a présidé la cérémonie en présence de grandes figures de la recherche médicale française : Le parrain de la soirée, le Pr Roger Salamon, président du Haut conseil de la santé publique, président du Conseil scientifique du Centre Muraz ; Françoise Barré-Sinoussi, virologue, co-découvreuse avec Luc Montagnier du Virus du Sida, Prix Nobel de Médecine en 2008 ; Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les Hépatites virales (ANRS), et bien entendu, le Pr Nicolas Méda, Directeur général du Centre Muraz et le directeur des affaires financières du Centre, Félix Kafando.

Des Burkinabè, peu nombreux avaient également fait le déplacement, mais la principale cible de la soirée, c'est-à-dire le monde financier, n'était pas au rendez-vous. Résultat : la moisson a été maigre, environ 2000 euros (1,310 000 F CFA) récoltés !

Mais si les promesses de dons faites par des personnalités et des fondations, etc., sont tenues, l'opération pourrait rapporter plus de 70 000 euros (45 850 000 F CFA) ce qui n'est pas mal pour un début.

« C'est un devoir pour moi de développer toutes les stratégies pour mobiliser les ressources nécessaires au financement de la recherche », explique le DG, Nicolas Méda. Il a annoncé que d'autres initiatives du même genre seront organisées dans d'autres pays (Voir Itw), afin de permettre au Centre Muraz de moderniser ses équipements, fournir aux chercheurs l'accès à Internet haut débit, conditions nécessaires pour relever les défis qu'il s'est fixés.

Il s'agit entre autres, pour les chercheurs, de trouver dans cinq ans un vaccin contre le paludisme, une maladie qui tue actuellement 20 000 personnes par an contre 6000 pour le SIDA, contribuer à valider des interventions clés de prévention et de prise en charge du VIH dans les populations à risques, principalement chez les prostituées, les homosexuels, les orpailleurs et les routiers, et enfin, trouver des solutions durables pour éliminer la malnutrition.

Selon la présentation faite par le DG, on apprend que le Centre Muraz dispose d'une plateforme de laboratoires clinique et expérimentale et est animé par des équipes de recherches multidisciplinaires. Il entretient des partenariats au plan national et international notamment avec les villes de Montpellier, Bordeaux en France et Oklahoma, aux Etats-Unis.

Depuis sa création, le Centre Muraz a déjà contribuéà la mise au point de techniques de diagnostics et de méthodes d'études sur les maladies tropicales, à l'apport de connaissances sur l'entomologie du paludisme et à la formation qualifiante des acteurs de la recherche.

L'ambition de « devenir un pôle d'excellence et d'innovation en recherche essentielle pour la santé au Burkina et en Afrique », affrichée par le DG se heurte toutefois au manque de moyens et qui explique par exemple, l'absence d'un plan de carrière pour les chercheurs et l'impossibilité de stocker du matériel biologique dans le Centre et le non accès à la littérature scientifique via Internet Haut débit.

Les initiateurs de la soirée le reconnaissent : les résultats sont pour l'instant en-deçà de leurs attentes et ils imaginent déjà plusieurs formules dans la perspective d'autres manifestations de levée de fonds.

Joachim Vokouma, Lefaso.net


Interview
Nicolas Méda : « Trouver dans cinq ans, un vaccin contre le paludisme »

Qui a eu l'initiative de l'organisation de cette soirée de récolte de fonds ?

L'organisation de cette manifestation est une initiative partagée, parce que le Centre Muraz a démarré l'année 2011 par l'élaboration d'un plan quinquennal de développement. Dès que ce plan stratégique a été adopté, nous avons sollicité l'appui d'un expert en mobilisation de ressources. L'offre de monsieur Christian J.B. Weets a été retenue et c'est lui qui doit nous accompagner dans la mobilisation des ressources pour financer ce plan de développement qui privilégie la recherche sur les maladies de la pauvreté

Quels sont les programmes spécifiques que les ressources collectées au cours de cette manifestation permettront de financer ?

Nous avons trois chantiers qui sont tous importants pour les prochaines années : d'abord, le développement de l'infrastructure informatique. Nous souhaitons mettre en réseau l'ensemble des chercheurs du Centre Muraz, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui ; ensuite, le développement de la plateforme de laboratoire. Dans les normes de qualité, chaque matériel doit être doublé de sorte que si un tombe en panne ou est en maintenance préventive, que nous puissions disposer un autre en état de marche ; enfin, la formation des jeunes chercheurs. Nous n'avons pas de bourses pour envoyer les jeunes chercheurs se former dans des diplômes de Master et de Doctorat en biologie et santé publique. Nous manquons terriblement de moyens pour soutenir les jeunes chercheurs afin qu'ils bénéficient de formations continues et qu'ils puissent participer à des congrès où ils pourront communiquer les résultats de leurs recherches. Ce genre de financement ne peut s'obtenir qu'à travers la solidarité comme celle que nous recherchons à travers cette soirée

Quel est le statut du Centre Muraz ? Est-ce un établissement public ou privé ?

De sa création en 1939, le Centre Muraz a été jusqu'à 2000, un centre international, mais son statut international a été rapporté avec la création de l'organisation ouest-africaine de la santé qui ne voulait pas de centre. Le Centre Muraz a donc été rétrocédéà l'état burkinabè et il est aujourd'hui un établissement public de santé non hospitalier. Pour son fonctionnement, le Centre Muraz reçoit une subvention de l'état burkinabè (environ 250 millions de F CFA) pour payer les salaires des fonctionnaires et des contractuels de l'établissement. C'est grâce au financement de l'Etat que nous avons pu investir, notamment en construisant un palais des congrès qui peut accueillir jusqu'à 400 personnes pour les conférences internationales. Ce palais comporte aussi plusieurs salles de commissions et une bibliothèque qui permet aux étudiants et chercheurs d'avoir accès à la littérature scientifique. Tout cela a été fait, bien entendu, grâce à l'état à ses partenaires techniques et financiers

Le personnel du Centre Muraz est-il composé exclusivement de Burkinabè ou y a-t-il des expatriés ?

Depuis 2001, le personnel est essentiellement burkinabè, mais nous avons un assistant technique français et nous recevons des étudiants de tous les pays d'Afrique. Des gens qui y viennent parce que le Centre Muraz a une renommée dans la recherche sur le paludisme, le sida et les maladies à potentiel épidémique. Pour les étudiants inscris dans certaines universités et dont l'obtention du diplôme nécessite des travaux de terrain, beaucoup choisissent sans hésiter le Centre Muraz

On se souvient qu'après votre nomination, vous avez mis du temps avant de prendre vos fonctions. Dans quel état avez-vous trouvé la maison ?

Globalement, j'ai trouvé un Centre qui était dans une situation financière difficile, mais avec des ressources humaines très enthousiastes devant la nouvelle ère qui s'ouvrait avec ma nomination. Pour cette raison, c'est un devoir pour moi de développer toutes les stratégies pour mobiliser les ressources nécessaires au financement de la recherche.

Vous allez donc renouveler ce type de manifestation de levée de fonds ?

Certainement ! Nous pensons à d'autres pays comme l'Allemagne, les Etats-Unis ou pourquoi pas la Chine. En attendant, je profite remercier tous ceux qui sont venus ce soir à cette manifestation et qui nous ont fait des dons, à ceux qui ne sont pas venus et qui nous ont fait des virements ou envoyé des chèques. Ceux qui souhaitent encore nous faire des dons peuvent toujours le faire (1), mais on peut aussi nous aider en nature, par exemple en matériel, en machines et en compétences. Si des gens veulent venir offrir leurs connaissances au Centre, ils sont évidemment les bienvenus.

Propos recueillis par J. V, Lefaso.net

1-Les dons peuvent être adressés à Christian Weets : Tél : +33 (6) 79 20 73 11 ;

E-mail : christianjpweets@hotmail.com


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