« Le chef de file de l'opposition politique est le président du parti politique de l'opposition qui a le plus grand nombre de députés à l'Assemblée nationale après le parti majoritaire ». Il a rang de président d'institution et dispose pour cela de moyens pour mener ses activités. Il est cité dans le protocole d'Etat.
C'est sur cette base juridique que Zéphirin Diabré a été consacré chef de file de l'opposition le 9 avril dernier. Zéphirin Diabré est donc désormais pris en compte dans les cérémonies officielles. C'est ainsi qu'il devait être à Banfora, à l'occasion de la Journée nationale du pays (JNP) aux côtés du chef de l'Etat, du président de l'Assemblée nationale, du Premier ministre et des autres présidents d'institutions. Malheureusement, le chef de file n'y était pas. Il se serait fait représenter par Djézouma Sanon, sans doute membre de l'opposition politique, et président de l'Union des démocrates pour le progrès social (UDPS), « le parti du parapluie ».
Si Djézouma Sanon, qui n'est même pas un élu, ni le deuxième personnage de l'Union pour le progrès et le changement (UPC), encore moins le patron du parti de l'opposition qui a le plus grand nombre de députés après l'UPC peut représenter le chef de file de l'opposition qui se fonde sur le fait qu'il a le plus grand nombre de députés à l'Assemblée nationale, il y a tout de même un problème. Quand on parle du respect des institutions, cela doit être à tous les niveaux.
L'opposition, on le sait, s'est longtemps battue pour la reconnaissance de son statut. Ce que le pouvoir n'avait pas voulu ; mais finalement et face à la pression, il a fini par abdiquer. Le chef de file de l'opposition, à notre connaissance n'est pas n'importe qui. Et selon la loi qui l'institue, ce n'est pas non plus n'importe qui. Au-delà du fait qu'il doit rassembler l'opposition qui le désire, il doit également jouer un véritable rôle d'opposition qui donne à la démocratie tout son sens. Mais, ce n'est pas en s'absentant de cérémonies officielles et en y envoyant qui il veut que l'opposition s'exprimera. Ce n'est pas pactiser avec le pouvoir que de se retrouver dans une cérémonie officielle où le chef de file de l'opposition a sa place ; ce n'est pas non plus se discréditer (au contraire). Si Zéphirin, s'était rendu personnellement à Banfora, il aurait pu jouer un grand coup. D'abord celui d'apparaître au milieu des milliers de producteurs du Burkina dont certains ont voté pour son parti, où en sont même des conseillers municipaux. Ensuite, il aura montré son attachement aux conditions de vie et de travail de ses compatriotes, dont les producteurs.
En effet, si Zéphirin Diabré, élu député a démissionné de l'Assemblée nationale, c'est sans doute pour mieux jouer son rôle d'opposant. Il ne peut donc se déroger de cette responsabilité. Au cas contraire, qu'il démissionne. Afin de permettre, soit au parti qui le suit en nombre de députés et qui est dans l'opposition de remplir cette fonction, soit au profit du second personnage de son parti, l'Union pour le progrès et le changement (UPC). La démocratie a des exigences qu'il faut respecter si on veut qu'elle s'exprime et qu'elle soit forte.
Le rôle de l'opposition politique y est très important. C'est pourquoi, il lui a été consacré un statut. Qui est loin d'être celui d'un syndicat, avec une présidence tournante tous les un, deux ou trois mois. On attend donc du chef de file de l'opposition, officiellement désigné qu'il assume toutes ses responsabilités. Notre démocratie en a besoin pour son affirmation.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso