Une brigade spéciale de contrôle du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme a effectué une sortie inopinée, le mardi 23 avril 2013, dans la commune de Ouahigouya. Il s'est agi, pour elle, de procéder à un contrôle systématique des constructions des bâtiments et des espaces illégalement occupés et détournés de leur destination première, sans respect des procédures en vigueur.
Suite aux événements malheureux survenus à Ouagadougou, notamment les effondrements d'immeubles avec à la clé, des morts d'hommes, le gouvernement a initié des opérations de contrôle des constructions des bâtiments dans les centres urbains et ruraux du Burkina Faso. Ainsi, après Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Banfora, c'est le tour de Tenkodogo et Ouahigouya de recevoir la visite de la brigade spéciale de contrôle. Pour ce qui est de Ouahigouya, les sorties ont démarré le 23 avril 2013. Partie du gouvernorat aux environs de 9 heures, l'équipe de contrôle, composée de techniciens du bâtiment et des aménagements urbains, des autorités régionales et des agents de la sécurité, s'est ébranlée en direction du secteur n°11 de la ville.
Destination, l'hôtel Zanna. Là, les contrôleurs procèdent à la vérification du permis de construire du promoteur du bâtiment, Salif Ouédraogo, érigé en R+1. Pas de reproches à M. Ouédraogo qui a respecté les normes en matière de construction, à entendre le Directeur général du contrôle des opérations d'aménagement et de construction (DG.COAC), Karim Ilboudo. Séance tenante, le promoteur en règle a reçu les félicitations et les encouragements des visiteurs. Le gouverneur du Nord, Boukary Khalil Bara, s'est particulièrement réjoui de savoir que parmi ses administrés, il y a des gens qui respectent les normes en matière de construction. Néanmoins, une invite a été faite à M. Ouédraogo pour qu'il se rende à la direction régionale en charge de l'habitat du Nord afin de présenter tous les papiers techniques afférents à son bâtiment. Après l'hôtel, le cap est mis sur une parcelle, non loin de là, où un bâtiment R+1 à usage d'habitation appartenant à Abdoulaye Ouédraogo doit sortir de terre. L'intéressé n'a pas encore obtenu son permis de construire pour lui permettre d'exécuter son chantier. Las d'attendre, il a entamé la construction de son bâtiment en creuseant sa fondation. Séance tenante, il a été sommé d'arrêter ses travaux, le temps qu'on accélère son dossier pour lui délivrer son autorisation.
Un cas flagrant
La dernière visite entrant dans le cadre du lancement de l'opération de contrôle, fut le chantier de Ousséni Ouédraogo alias « Ousséni Youba » au secteur n°2. Sur ledit chantier, un bâtiment R+1, presqu'en finition, trône majestueusement. Le promoteur est prié de présenter ses papiers.
Mais les faits et gestes, quel que peu indécis de celui-ci ont fait soupçonner, tout de suite, chez les visiteurs, le sentiment qu'il n'est pas en règle. Cependant, il s'engouffre dans le bâtiment et ressort avec des papiers. Après vérification, les propos du DG.COAC, Karim Ilboudo, sont sans appel. « Vous avez changé la destination de la parcelle. Au lieu d'un bâtiment à usage d'habitation, vous êtes en train de construire un bâtiment à usage commercial. De plus, vous construisez sans les prescriptions techniques en la matière. Cela est grave », a-t-il lancé avec regret. C'est ainsi qu'il a ordonné l'arrêt systématique des travaux et la fermeture des portes du bâtiment jusqu'à nouvel ordre car constituant un danger permanent, à son avis. Et le gouverneur de renchérir que « deux cas graves sont à noter : pas d'autorisation de construire et détournement de destination de parcelle ». A l'entendre, la mission vient à point nommé car «à Ouahigouya, il y a des chantiers qui sont en cours d'exécution mais on n'est jamais sûr que les promoteurs ont des autorisations en bonne et due forme ».
Quant au promoteur, Ousséni Ouédraogo, il dit ignorer tout de la réglementation en vigueur. « Il faut que le gouvernement vulgarise l'information que pour construire un bâtiment à niveau, il y a des procédures à suivre », a-t-il réclamé avant de relever qu'il va désormais se conformer aux règles, surtout avec les explications de l'équipe de contrôle. En réponse, le DG.COAC a mentionné que la loi portant code de l'urbanisme et de la construction date de 2006 et que nul n'est censé ignorer la loi. Pour lui, cette opération n'est pas méchante mais pédagogique et vise à interpeller les gens par rapport au respect des normes. Jusqu'au 26 avril, l'équipe va sillonner l'ensemble des secteurs de la ville et contrôler tout chantier en cours d'exécution et tout espace urbain réservé aux équipements socio-collectifs situé dans les zones aménagées ou non.
Mady KABRE
sidwaya