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Autant le dire… : Faut-il continuer de parler de la santé de nos chefs d'Etat ?

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La question est importante, aussi importante qu'elle est même d'actualité. Abdoul Aziz Bouteflika est malade. Le fait qu'il ait été hospitalitéà Val de Grâces en France a été suffisant pour dire qu'il est incapable de diriger son pays. Mieux, certains avancent que le fait de parler de sa santé est une manière de préparer l'opinion face à cette incapacitéà diriger l'Algérie et par ricochet à la probable transition qui sera menée bientôt.

Les plus intransigeants se demandent si l'Algérie va échapper au printemps arabe qui a secoué en 2011 la Tunisie, l'Egypte et la Libye. En tout cas, tout porte à croire que l'Algérie est au bord de l'implosion parce que le président est malade. Ainsi, on est en train, lentement mais très sûrement, de jeter un pays et son peuple en pâture.

Qu'adviendrait-il si effectivement l'Algérie entrait dans une crise sociopolitique ? Touchons du bois et espérons que les Algériens sont suffisamment préparés et forts pour affronter une éventuelle transition au cas où le président n'arriverait pas à surmonter sa maladie.

Chez nous au pays, il a suffi que Blaise Compaoré quitte le pays sans trop faire de bruit pour une destination à l'Hexagone pour qu'on parle de sa santé. Heureusement les commentaires n'ont pas jusqu'à présent dépassé le seul fait d'en parler. Mais, si les commentaires devraient aller au-delà, il se poserait la question de diffusion du bulletin de santé de nos chefs d'Etat. Il est vrai qu'en leur qualité, la santé des chefs d'Etat nous intéresse. Au-delà de son aspect “people”, la santé du président concerne à juste titre son peuple. Puisqu'il est son mandataire, son représentant et garant de son unité. Mais si la santé du président doit créer des crises sociopolitiques, dans ce sens qu'elle suscite des velléités de tout genre, il y a lieu, une fois de plus de s'interroger sur la nécessité d'en rendre compte.

Un président français avait dit que les Africains ne sont pas assez mûrs pour la démocratie. Pour le paraphraser, on pourrait aussi se demander si les Africains sont-ils suffisamment mûrs pour parler et surtout gérer la santé de leurs présidents ? Un président est un homme normal ; il vit comme tous les autres hommes. Il mange, boit, court, marche, se couche et se réveille comme vous et moi. Les moustiques le piquent et lui transmettent le paludisme, comme vous et moi ; il boit la bière, mange le tô, le riz et le « gnongon » aux feuilles de haricot et à base de petit mil ou d'une autre céréale comme vous et moi. Il « pique » la diarrhée ou les douleurs stomacales s'il a mal mangé ou trop bu. Tout ce qui nous arrive peut lui arriver. C'est donc un homme normal, avec ses forces et ses faiblesses, naturelles ou habituelles.

En effet, il est tout à fait normal, et c'est peut-être là que se trouve la différence, un président « n'est pas n'importe qui ». Représentant de toute une nation, il doit jouir de toutes ses facultés pour assumer correctement ses missions. Aussi, dans ce rôle bien précis, le peuple a besoin de savoir qu'il est capable de conduire son destin. Mais si la nouvelle, rien que la nouvelle de sa maladie doit conduire ce même peuple dans une instabilité quelconque, il y a un problème. Car, au-delà de la santé du président et de tout ce que cela peut comporter, il faudrait mettre toujours en avant l'avenir de la nation. C'est pourquoi, le fait qu'un président soit malade ne doit pas être une occasion pour « foutre son pays dans la merde ». C'est dire que si nos esprits ne sont pas encore mûrs pour comprendre et accepter qu'un président tombe malade, et même gravement comme tout le monde, on doit être en mesure de comprendre pourquoi cette omerta sur la santé et la maladie de nos chefs d'Etat.

Dabaoué Audrianne KANI

L'Express du Faso


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