Le gouvernement, sans aucun doute, face à une équation qu'il ne peut résoudre autrement, a décidé de l'augmentation du prix de certains produits de grande consommation comme le ciment, le lait, la farine de pain (donc le pain), le gaz domestique, etc. La raison est que s'il ne procédait pas de cette manière, ces produits pourraient bientôt manquer sur le marché parce que les commerçants qui ont longtemps maintenu les prix à un niveau assez bas, ne seraient plus en mesure de nous les fournir.
C'est dire que les ménages doivent se serrer davantage la ceinture car le « nansongo » risque lui aussi de ne plus suffire. Si c'est ainsi que le Burkina Faso va quitter son rang de 183ème sur 187 pays classés selon l'indice du développement humain durable pour se retrouver à une place plus honorable, allons-y sans hésiter. Ce qui est évident, c'est que les organisations syndicales et les mouvements de lutte contre la vie chère, ne resteront pas les bras croisés. Mais, si c'est aussi ainsi que notre pays va trouver son salut, allons-y sans perdre de temps.
Si c'est en cherchant à s'immoler, à observer des grèves de la faim dans un pays où déjà les gens sont continuellement en grève de la faim parce qu'il n'y a même pas à manger suffisamment que des individus pensent que c'est comme cela qu'on peut développer ce pays, allons-y. Personne ne peut, en réalité empêcher quelqu'un de mettre fin à ses jours, si réellement la personne le désire. A l'université de Ouagadougou, les étudiants ne veulent pas entendre parler d'un certain nombre de choses dont le système Licence-Master-Doctorat (LMD), pourtant pratiquer dans les grandes universités du monde. Maintenant et tout de suite, ils exigent du gouvernement la satisfaction de leurs revendications (amphithéâtres, conditions de logement et déplacement, qualité des repas au restaurant universitaire, etc). Il est évident que si le gouvernement pouvait, il n'allait pas attendre qu'on vienne tempêter sur lui et le lui réclamer. Car, il n'existe personne au monde qui ne veuille pas la paix, la tranquillité. Si les étudiants pensent que le gouvernement ne veut pas trouver des solutions à leurs préoccupations, et que c'est par des revendications et des actes de sabotage à la limite du banditisme qu'on peut trouver les remèdes, qu'ils y aillent. Dans tous les cas, ceux à qui ils réclament ont étéà l'université ; ils ont sans doute vécu dans des conditions plus difficiles ; ils ont aussi réclamé et revendiqué. Si la solution était aussi simple, ils n'hésiteraient pas à la trouver.
Le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale a arraché par force, la satisfaction de sa revendication portant sur la reprise de Kaboré Nonguezanga, anesthésiste à Séguénéga qui, en grève n'avait pas assisté une parturiente qui a perdu la vie par la suite. Evidemment que personne ne peut se réjouir d'une telle situation. Mais le gouvernement qui l'avait licencié avec poursuites judiciaires, est revenu sur sa décision. Il a donc repris son service. Quant à la bonne dame et l'enfant qu'elle portait dans son sein, ils se trouvent quatre mètres sous terre. Mais si c'est ainsi que le Faso va se développer, empruntons ce chemin sans chercher à comprendre.
Blaise Compaoré et les paysans, pardon les producteurs du Faso se sont rencontrés à Banfora et ont longuement discuté sur notre avenir en matière d'autosuffisance alimentaire. Chacun a pris des engagements et promis de tout faire pour que nous n'ayons plus faim. Si c'est ainsi que notre sécurité alimentaire sera assurée, tant mieux. Ce qu'il faut retenir, c'est que depuis notre indépendance en 1960 (cela fait 53 ans), nous continuons d'importer des céréales pour « nourrir nos bouches » qui ne cessent d'augmenter. Si c'est ainsi que le pays se développera, continuons dans cette lancée.
Ce pays-là est le nôtre. Il se portera comme nous voulons qu'il soit. A nous donc de prendre nos responsabilités tout en sachant que si c'est ainsi qu'il fera mieux vivre au Faso, allons-y.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso