La cadence reprend. Sans aucun doute par la faute au gouvernement. Car, en décidant de lever la sanction de licenciement avec poursuites judiciaires contre Kaboré Nonguebzanga, le gouvernement a réouvert grandement les portes à toutes sortes de revendications. Ou du moins, il a donné l'occasion à tous ceux qui avaient un quelconque contentieux revendicatif avec lui de le remettre en selle. Exactement, comme si on était en 2011, lors de la crise socio-politique que nous avons connue ! On a l'impression d'y croire. Il n'y a qu'àécouter la « majorité silencieuse » des Burkinabè pour s'en convaincre.
En effet, déjàà Koudougou, les étudiants qui avaient été sanctionnés pour avoir violenté leur professeur, demandent maintenant qu'on lève tout simplement la mesure qui les excluait de l'université de cette ville. A priori, on ne peut pas les condamner pour cela car, s'il y a des mesures qu'on a pu lever, c'est que l'on peut en faire de même pour d'autres. Il suffit d'en négocier les conditions. Au même moment, le Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS) et la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l'éducation et de la recherche (F-SYNTER) demandent au gouvernement de respecter les engagements contenus dans un protocole d'accord signé en mai 2011. A défaut, ils n'hésiteront pas à« descendre dans les rues » pour se faire entendre à travers une grève de protestation et des manifestations publiques. Ce protocole d'accord porte sur quatre points essentiels d'une plate-forme minimale relative à des questions d'indemnités de reclassement des encadreurs pédagogiques de l'Enseignement secondaire, des effectifs pléthoriques et de l'apurement des avancements. C'est de bonne guerre car, comme dit l'adage, « quand la folle offre bêtement et gratuitement son c…, on se donne du plaisir à y enfoncer un pilon ». Dans tous les cas, si cela doit permettre de juguler tous les contentieux qui existent en matière de revendications syndicales, tant mieux. Puisque, en réalité, tout le monde y gagne. Surtout en paix sociale, en concorde et en accroissement de niveau de vie. Seulement, si on n'y prend garde, nous risquons de tendre dangereusement vers une situation comparable à celle de 2011 et qui pourrait nous plonger à nouveau dans une crise sociale. Et qui dit « crise sociale », dit ralentissement des investissements, de l'économie et par ricochet du développement.
Tous ces constats ne signifient pas que le gouvernement a systématiquement mal réagi en décidant de revenir sur les mesures prises. Ce qui fait défaut jusqu'à présent, ce sont les vraies raisons qui justifient que le Premier ministre se dédise ainsi, en l'espace de deux semaines. Car, l'argument de la paix sociale, du dialogue ne peut à lui seul suffire pour convaincre les Burkinabè d'une telle volte-face. Il n'était peut-être pas utile d'engager un « bras de fer » dont l'issue était incertaine, surtout que ses conséquences sont assez désastreuses pour les citoyens burkinabè. Mais, à qui reviendrait la faute ? « Le vin est déjà tiré, il faut donc le boire » jusqu'à la lie. Autrement dit, le gouvernement doit maintenant s'apprêter à faire face aux multiples revendications, corporatistes ou individuelles que les différents corps de métiers viendront à lui soumettre. Au nom de la paix sociale, de la concorde et du dialogue social, il faudra aussi les satisfaire autant que faire se peut. Même le cas des agents licenciés, il y a de cela cinq ans ou plus.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso