En application des dispositions de l'article 16 de la loi du 14 avril 2009, portant statut de l'opposition politique, l'Assemblée nationale a consacré Zéphirin Diabré, le président de l'UPC comme chef de file de l'opposition. En remplaçant ainsi Me Bénéwendé Stanislas Sankara de l'UNIR/MS à la tête des partis de l'opposition politique burkinabè, que doit-on attendre de lui ?
Les Burkinabè garderont en mémoire cette tentative du premier chef de file de l'opposition, Me Bénéwendé Sankara, de déstabiliser le régime en place à travers son appel à la désobéissance civile au sommum de la crise de 2001.
A cette occasion, il avait aussi demandé la démission du président du Faso, élu à la tête de l'Etat en novembre 2010. Oubliant en effet d'apporter sa touche à l'édification de la jeune démocratie burkinabèà travers la critique constructive de l'action gouvernementale, il a voulu jeter le bébé avec l'eau du bain. Des faits qui ont jeté un discrédit sur l'institution qui venait d'être mise en place par les dispositions de la Constitution.
A cela, on pourrait ajouter l'incapacité du premier chef de file de l'opposition à pouvoir créer une union des partis politiques de l'opposition autour de sa personne à l'élection présidentielle de 2010 et pendant tout le long de son mandat.
Bref, ce sont là un aperçu des actions menées par le chef de l'opposition qui n'ont pas permis aux Burkinabè d'appréhender réellement la place et le rôle de cette institution dans le renforcement du processus démocratique au Burkina. Une chose est sûre, la page de Me Sankara en tant que chef de file de l'opposition est définitivement tournée.
En effet, la 5e législature vient de commencer son mandat et le président de l'Union pour le progrès et le changement (UPC), Zéphirin Diabré a été portéà la tête de l'institution suite aux résultats du scrutin du 02 décembre 2012 (les législatives) faisant de ce parti la seconde formation politique ayant récolté le plus grand nombre de suffrages exprimés dans les urnes. Alors que certains de ces devanciers, après plus d'une décennie d'existence, sont toujours à la recherche d'une plus grande légitimité auprès des électeurs.
Vu la percée de l'UPC pour sa première participation à une échéance électorale et la désignation de son président comme chef de file de l'opposition, doit-on s'attendre à une nouvelle orientation des actions de cette institution hautement politique ? ?
Comment créer les conditions nécessaires et suffisantes pour une possible union des partis de l'opposition ? ? Quelle stratégie pour faire de l'institution, un véritable contre-pouvoir qui jouera sa partition dans le suivi des actions gouvernementales ?en interpellant l'exécutif et en faisant des propositions en lieu et place d'invectives verbales ? En somme, Diabré sera-t-il capable d'apporter un changement dans la gestion de cette institution ? ?
Autant de questions qui attendent des réponses adéquates pour faire du chef de file de l'opposition, une institution qui contribue au renforcement de l'ancrage démocratique au Burkina.
Tout compte fait, l'une des conditions pour Zéphirin Diabré et son parti à la tête du chef de file de l'opposition, c'est de se démarquer des pratiques et stratégies politiciennes du 1er chef de file de l'opposition qui a joué pendant son mandat un rôle de chiffonnier face au régime en place. Le nouveau chef de file de l'opposition, Zéphirin Diabré, économiste de son état est attendu au pied du mur.
Il devra se vêtir de son costume d'opposant républicain tout en se retroussant les manches pour raisonner ses compères de l'opposition. Et pour cela, il n'a pas droit à l'erreur car seuls lui et son parti seraient tenus pour responsables au cas où l'institution qu'il dirige n'aurait pas apporté un plus dans le jeu démocratique burkinabè.
Abou OUATTARA
L'Hebdo du Burkina