De l'ultimatum au souci de la préservation de la paix, le pas était sans doute difficile à franchir. Mais le gouvernement l'a fait. En effet, après la grève de 92 heures (du 2 au 5 avril 2013 dernier), le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) qui réclamaient l'annulation du licenciement de leur camarade Kaboré Nonguebzanga et l'arrêt des poursuites judiciaires à son encontre, mais aussi l'annulation de l'affectation de leur camarade Gomgnimbou Aoué et sa réaffectation à la direction régionale des ressources animales du Sud-ouest, et qui n'avait pas eu satisfaction, avait lancé un ultimatum au gouvernement.
Ils avaient donc prévu d'observer une grève des gardes et des permanences du 23 avril au 3 mais 2013 sur toute l'entendue du territoire nationale. Non content de cette autre option qui allait sans doute faire couler beaucoup d'encre et de salive, les agents de santé, comme pour enfoncer le clou, ont adopté l'opération « caisses vides », le 11 avril dernier et qui consistait à ne rien encaisser après les prestations médicales. En clair, ils refusaient de participer aux processus de recouvrement des frais des actes professionnels médicaux sur toute l'étendue du territoire nationale du 11 avril au 3 mai 2013. Une situation qui allait sans aucun doute crever le Budget de l'Etat. L'opération, à en croire un des militants du syndicat, est une forme de pression en vue de se faire entendre par les autorités sanitaires du pays. A bien y voir, on pourrait dire que les agents de la santé ont réussi à faire plier le gouvernement qui a satisfait, même si c'est partiellement, leurs revendications. Les 16 et 17 avril dernier, soit une semaine après l'opération « caisses vides », les deux parties : gouvernement et syndicat ont dialogué. Ils se sont parlés franchement, dans la sérénité et surtout dans un esprit d'apaisement social pour aboutir aux résultats qui suivent : « le gouvernement s'est engagéà lever la sanction contre Monsieur Kaboré Nonguezanga, contre l'engagement des organisations syndicales à faire arrêter toutes les actions engagées dans ce cadre par le SYNTSHA. Se réservant le devoir de faire toute la lumière sur cette affaire, le gouvernement réaffirme son engagement au respect de la liberté syndicale qui doit s'exercer dans un cadre légal et sa volonté de garantir aux citoyens, des soins de santé permanents et de qualité». Ainsi dit, ainsi fait.
Pourtant, lors de son discours sur la situation de la Nation devant la représentation nationale le 4 avril dernier, le Premier ministre Luc Adolphe Tiao avait informé que le gouvernement ne reculera pas devant le SYNTHA. Autrement, la demande de la levée des sanctions contre Monsieur Kaboré, ne sera comblée, encore moins, les autres revendications. Luc a-t-il reculé ? Si ce n'est pas le cas, c'est tout comme. Pour certainement la préservation de la paix sociale, pour garantir aux Burkinabè des soins de santé permanents et de qualité comme mentionné dans le communiqué conjoint pondu après ce dialogue de deux jours. Car, comme on le dit, demander pardon n'est pas une faiblesse, surtout dans une pareille situation. Aussi, en revenant sur sa décision, le gouvernement n'a pas faibli, il a préféré préserver la paix sociale et le dialogue que lui-même prône régulièrement.
Bassératou KINDO
L'Express du Faso