Depuis la crise sociale de 2011, le compte-rendu du conseil des ministres est redevenu une actualité bien suivie au Burkina. Pourtant à y regarder de très près, ou plutôt à lire entre les lignes, il y a parfois des raisons de s'interroger.
L'Etat est-il vraiment une continuité au Burkina ?
Pour les uns, c'est ‘'oui''. Pour les autres par contre, la réponse est plus nuancée.
En la matière, le meilleur moyen de se faire une idée plus ou moins précise, c'est sans doute de jeter un coup d'œil attentif sur le compte-rendu de l'hebdomadaire conseil des ministres. Une assemblée présidée tous les mercredis par le Président du Faso en personne. On y retrouve pêle-mêle les résultats des appels d'offre relatifs à la passation des marchés publics, les demandes d'accréditation ou la nomination de nouveaux ambassadeurs, les activités des institutions, les nominations de fonctionnaires de l'Etat…
Le changement ou la continuité
Sur la question des nominations aux fonctions individuelles, les burkinabè sont globalement partagés entre d'un côté ceux qui ne trouvent rien à redire par rapport à la litanie de promotion (et de remplacements) qui interviennent presque toujours dans le sillage de l'arrivée d'un nouveau ministre aux affaires.
Pour eux, c'est logique : chaque nouveau patron « vient avec ses gars » qu'il place dans les points stratégiques. C'est en tout cas le point de vue exprimé par ‘'B''.
C'est pourquoi lui, ne trouve rien d'anormal dans ce fait.
Il ajoute que « celui qui était là avant » en a fait de même. Par conséquent, les autres collaborateurs doivent s'attendre à des mouvements fussent-ils de grande ampleur dès lors que la tête change. En tout cas à la RTB par exemple, l'aspirateur a fonctionnéà merveille !
Nomination sanction ?
D'autres trouvent par contre regrettable que sous le couvert des nominations, se cachent en réalité des règlements de compte politiques sur fond de rivalités qui ne disent pas leur nom. Ils en veulent pour preuve le cas resté célèbre par sa médiatisation, de L'UPB/Bobo.
Il y a enfin ces cadres qui à peine promus à des postes de responsabilités sont immédiatement remplacés sans qu'ils aient pris fonction ou qu'ils aient eu le temps de faire leurs preuves sur le terrain : Erreur de casting ? Toujours est-il que cela fait parfois désordre dans la maison.
Trop forts, trop puissants ?
Une chose est certaine, la lutte est parfois âpre dans les couloirs du Conseil des ministres ou certains membres du gouvernement s'emploient à s'entourer de fidèles… Sauf que la réalité est parfois toute autre.
Confidence d'une source bien introduite : « parfois on ne tape pas comme ça » et pour cause « il faut souvent bien se renseigner avant de s'engager ».
L'un des exemples concrets en la matière c'est le bras de fer épique qui a opposé Albert Ouédraogo l'ex-ministre des enseignements secondaire et supérieur à Etienne Zongo, l'actuel Directeur général du FONER.
En poste depuis plus d'une décennie, il était sur la liste des personnes àéjecter par le fondateur du Tocsin dès son installation au building de l'éducation.
Finalement c'est le ministre en personne qui a plié bagages, malgré toute sa volonté d'insuffler une dynamique nouvelle à la ‘'banque'' des étudiants. L'intéressé lui n'a pas été mis sur la touche. Au contraire, il est toujours bien assis dans son fauteuil.
Juvénal SOME
Lefaso.net