C'est Casimir Marin Ilboudo qui a remplacé Simon Compaoréà la tête de la mairie centrale. Son principal challenger, Jean Christophe Ilboudo qui avait pourtant bien préparé son scénario doit encore attendre. Jean- Christophe subit-il les revers de sa rivalité avec la nouvelle coqueluche de la FEDAP/BC, le maire Adama Zongo de Tanghin Dassouri ?
Casimir Marin Ilboudo, jusque là maire de l'arrondissement, succède à Simon Compaoré. Le CDP a préféré Marin Ilboudo à Jean Christophe Ilboudo, premier adjoint de Simon Compaoré qui était aussi candidat pour occuper le poste. Jusqu'aux derniers jours, chacun croyait à ses chances. Les proches de Jean Christophe qui, depuis l'élection du 2 décembre dernier, avaient commencéà contacter des conseillers influents et des maires étaient sereins. Ils étaient sûrs de passer devant Marin Ilboudo dans les primaires et de devenir le candidat officiel du parti. C'est tout déçu que Christophe Ilboudo apprendra la veille de l'élection du maire que le parti a porté son choix sur Marin Ilboudo. Pourtant, la veille, certains de ses proches jubilaient déjà. Contre leur attente, le parti n'organisera pas de primaires. Ils étaient pourtant au moins 4 à lorgner le poste. En plus de Marin Ilboudo et de Jean Christophe Ilboudo, Salif Sawadogo, l'ancien ministre de l'Environnement et du Cadre de vie et l'ex député du Kadiogo Salif Tiemtoré nourrissaient aussi l'espoir d'être désignés comme candidat. Contrairement à Jean Christophe, ils n'ont jamais déclaré ouvertement leur intention d'être candidat. C'est l'attitude que Marin lui-même a adopté. A ce niveau de poste, l'avis du parti seul ne suffit pas. Le nouvel élu qui était dans le comité restreint du parti qui a désigné les maires d'arrondissements l'a d'ailleurs reconnu. Dans ses premières déclarations, il n'a pas oublié de remercier le président Blaise Compaoré qui a eu sans doute son mot à dire dans le choix de sa candidature car parce que selon lui, Ouagadougou est quand même la capitale et on ne choisit pas n'importe qui pour ce poste. Jean Christophe a été le 1er adjoint durant les deux derniers mandats. Il est aussi proche de François Compaoré et un militant de la FEDAP/BC. Certains de ses proches ne cessaient d'ailleurs de déclarer qu'il est le candidat de la FEDAP/BC. L'intéresséétait le suppléant de François Compaoréà la députation. Après la démission de ce dernier, c'est lui qui devait siéger à l'Assemblée Nationale. Jean Christophe a décidé lui aussi de ne pas siéger. Une décision qu'il aurait prise de son propre chef sans consulter le parti. Cette attitude n'aurait pas plu aux responsables du CDP. Ses relations avec le président de la FEDAP/BC, Adama Zongo, se sont beaucoup détériorées au cours du mandat passé. Ils sont tous de Tanghin Dassouri. Les deux hommes entretiennent une rivalité politique depuis quelques années. Les tentatives de les réconcilier n'ont pas abouti. Jean Christophe est surpris de l'ascension de Adama Zongo et de son influence désormais au sein du parti. Son petit frère qui voulait aussi devenir 1er adjoint de Adama Zongo reconduit pour un deuxième mandat n'a pas non plus pu passer aux primaires. Dans sa commune d'origine, certains accusent Jean- Christophe d'avoir soutenu en sous main des candidats de l'opposition pour barrer la route au maire sortant. Le stratagème a été découvert et portéà la connaissance des premiers responsables du parti. Certains de ses proches croient savoir qu'il a perdu la mairie de la capitale avant même la proclamation définitive des résultats. Ses relations avec François Compaoré se sont légèrement distendues à cause de cet épisode. Ce dernier n'aurait pas insisté pour le replacer dans la course quand il s'est agi de proposer des noms au comité restreint du parti qui examine les candidatures. Le jour de l'élection du maire central, Jean Christophe était néanmoins là. C'est un homme visiblement abattu et sans doute déçu par la décision du parti que nous avons vu le 11 mars à la Maison des jeunes et de la culture Jean- Pierre Guingané. Il a préféré aller s'asseoir loin derrière dans la salle. Il n'était pas le seul déçu. Salif Sawadogo aussi n'a pas été retenu. Selon les indiscrétions, il pourrait vraisemblablement présider le conseil régional du centre. La composition de la nouvelle équipe de 9 membres qui devrait présider aux destinés de la capitale laisse entrevoir clairement que le choix a été fait à la dernière minute.
Les conseillers ont été pris par surprise
C'est 24h avant l'élection que les maires d'arrondissements ont été informés du choix du parti pour le poste de maire de Ouagadougou. C'est le 11 mars, c'est-à-dire le jour même du vote, que les conseillers du CDP convoqués par les maires ont appris la nouvelle. Les responsables du parti les ont réunis tôt le matin dans les arrondissements pour donner les consignes de vote. C'était juste une information. Il n'était pas question de remettre en cause la décision du parti comme ce fut le cas pour les conseils municipaux d'arrondissements où des conseillers se sont présentés contre les candidats du parti. Ici, celui qui s'amuse à ce jeu, s'expose à des sanctions. La décision prise 2 jours avant de suspendre Anatole Bonkoungou (le maire de l'arrondissement 4) des instances du parti était un signal fort à l'endroit de tous les autres « indisciplinés ». Tous les conseillers du parti doivent voter pour Casimir Marin Ilboudo, candidat officiel du parti. Marin Ilboudo qui s'est présenté contre le candidat de l'UPC a obtenu 167 voix sur les 238 conseillers présents. Ouagadougou compte 254 conseillers municipaux. 16 étaient absents dont le désormais très célèbre Assibo Ouédraogo. Son absence a été bien remarquée par les nombreux conseillers. Le haut commissaire a pris plus de 30 minutes pour faire l'appel des conseillers. La présence de Anatole Bonkoungou, nouveau maire de L'arrondissement 4, n'est pas non plus passée inaperçue. A l'appel de son nom, il a répondu d'une voix forte qui a retenu l'attention. Il vient d'être suspendu par le CDP pour s'être présenté contre le candidat du parti et il savait que nombre de conseillers cherchent à le connaitre. Entouré de ses principaux lieutenants élus conseillers CDP, c'est tout fier qu'il porte désormais ses costumes de maire de l'ex Nongr Massom. Pendant que les nombreux yeux étaient rivés sur lui, Anatole s'est replongé dans la lecture de son journal qu'il tenait depuis le début de la cérémonie. Il est à la Une de nombreux journaux avec le récalcitrant de l'UPC dans l'arrondissement 5 qui a porté sa voix sur le candidat du CDP sans remords.
Un casting difficile à gérer
C'est à l'issue des élections des maires d'arrondissements que le parti a récupéré les déçus. D'abord, il y a le cas de Zakaria Sawadogo, élu deuxième adjoint au maire central. Il a fait l'actualité ces dernières semaines. Mis en cause par les partis de l'opposition dans les irrégularités constatées lors des élections couplées du 2 décembre, nombre d'observateurs le donnaient effectivement partant. A la surprise générale, il était encore candidat pour briguer un troisième mandat à la tête de la mairie contre son challenger Anatole Bonkoungou. Le parti avait proposé un autre candidat. Zakaria a accepté se soumettre à la décision du parti. L'homme aurait mis beaucoup de moyens pendant la campagne. Le CDP ne pouvait pas le faire quitter la mairie sans lui trouver un autre espace vital. Le 1er adjoint au maire est également un déçu. Charles Nédogo est de l'arrondissement 3 avec Pascal Tiga Ouédraogo. Il était candidat pour remplacer le maire sortant qui avait déjà fait 2 mandats. Charles Nédogo est un militant de la FEDAP/BC. Pourtant, Pascal est réputéêtre proche de Simon Compaoré. Malgré la mise à l'écart de son mentor, Nédogo n'a pas pu faire le poids pour le déboulonner. Le CDP lui a donc proposé le poste de 1er adjoint pour remplacer Jean Christophe Ilboudo. La nouvelle équipe compte seulement 2 femmes qui étaient toutes de l'ancien arrondissement de Boulmiougou. Ce sont des candidates malheureuses que le CDP veut consoler. Madame Yameogo Awa était proposée par le parti pour être la candidate au poste de 2e adjointe au maire. Un autre candidat du parti s'est présenté contre elle et l'a battue. Mme Gango Marcelline avait été aussi choisie pour seconder le maire de l'arrondissement 3. Elle aussi n'a pas eu l'aval de ses camarades conseillers qui ont préféré Hamidou Ouédraogo alors 2e adjoint au maire de Boulmiougou. Les partisans de Mme Yameogo et ceux de Mme Gango sont allés exprimer leur colère devant le siège du CDP. Ils n'ont pas compris pourquoi le CDP a laissé des candidats non officiels présenter leur candidature. Pour calmer le jeu, ces deux femmes vont présider des commissions au sein du conseil municipal. Elles sont d'ailleurs les seules femmes à faire partie de l'équipe que dirige Marin Ilboudo. Salif Tiemtoré, ancien député et désormais troisième adjoint au maire qui espérait sans doute beaucoup plus a hésité avant d'accepter le poste. La composition de cette équipe dirigeante a été très laborieuse. Le casting n'était pas bien agencé. Il reste à voir comment le nouveau maire, très discret, va harmoniser les différents sons dans son orchestre.
Pawanezambo Belem
MUTATIONS N° 25 du 15 mars 2013. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact:mutations.bf@gmail.com)