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Ratamanégré Assibo OUEDRAOGO, conseiller de l'Arrondissement n°5 : “…Ce que l'UPC veut me faire.”

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Depuis les élections des membres du Conseil municipal de l'arrondissement n° 5 de Ouagadougou, le 6 mars dernier, il est sur la sellette. Elu sous la bannière UPC, Ratamanégré Assibo OUEDRAOGO, 29 ans, a porté son vote sur le candidat du CDP au poste de maire de l'arrondissement, Issouf SAKANDE, faisant ainsi perdre l'arrondissement à l'UPC qui, avec ses 10 conseillers contre 9 au CDP entendait en faire un acquis. Voilà ainsi l'homme objet de toutes sortes de supputations, voire de menaces.

Il nous a rendu visite dans la matinée du vendredi 15 mars 2013. Raison de cette visite : prendre l'opinion à témoin sur un éventuel incident qui surviendrait à l'encontre de sa personne ou de sa famille aujourd'hui sous garde d'agents de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) à laquelle il s'est confié suite à des menaces. Il revient aussi sur son vote et les raisons qui ont prévalu à ce choix. Lisez plutôt.

Quelles sont les raisons qui vous ont pousséà vous engager en politique ?

R.A.O : Les raisons principales qui ont valu mon engagement politique sont inhérentes aux nombreux problèmes de mon secteur. Depuis ma naissance en 1984, cela ne date pas de longtemps, à aucun moment, je n'ai jamais vu un doigt indexer une personne comme étant le conseiller de mon secteur. C'est la raison pour laquelle je me suis déterminé politiquement avec la volonté de me faire élire conseiller afin d'aider à résoudre les nombreux problèmes de mon secteur.

Vous êtes-vous déjà engagé dans un parti politique ?

R.A.O : Je n'ai jamais milité activement. Pour ces élections, je suis d'abord allé au CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès). Je me suis vu dire qu'il n'y avait plus place pour les candidatures. Par la suite, c'est au cours d'un échange avec des amis, que j'ai découvert l'existence d'un nouveau parti du nom de l'Union pour le progrès et le changement (UPC). Je suis allé voir les membres du parti, j'ai échangé avec eux en leur disant que mon unique objectif était d'être conseiller au nom des habitants de mon secteur afin de les aider, en toute circonstanc,e à l'amélioration qualitative de leurs conditions de.vie

Comment s'est fait votre « enrôlement » sur la liste UPC ?

R.A.O : Lorsque je suis arrivéà l'UPC, j'ai été reçu par le correspondant du parti pour le compte de notre secteur du nom de M. NIAMPA. Voilà ce que je lui ai dit : « la politique ne m'intéresse pas. Mon seul objectif, c'est d'être conseiller. » Et lui, de répondre qu'il n'y avait pas de problème. et que le seul objectif qui importait, c'était de faire en sorte de remporter la victoire. Je lui ai répondu qu'avec mon nom sur leur liste, il n'y avait pas de doute quant à la victoire. En effet, je suis très connu dans mon secteur, surtout par les jeunes. Sur n'importe quelle ruelle de Dassasgho, si vous demandez après Rataménégré OUEDRAOGO, on vous indique ou on vous amène chez moi.

Comment est née la discorde entre vous et les responsables locaux de l'UPC ?

R.A.O : Je travaille avec mon patron du nom de Victor VEBAMBA. C'est lui qui m'aide à résoudre mes problèmes. En tout cas un certain nombre de problèmes. Il a eu à m'acheter une moto pendant les élections. Lorsque les gens ont appris la nouvelle, beaucoup ont dit que c'est le CDP qui me l'a achetée. C'est pourtant la troisième moto qu'il m'a achetée. Des gens sont venus encercler ma maison en disant qu'ils allaient l'incendier. Je leur ai dit que je ne suis pas un militant du CDP et donc qu'ils n'avaient aucune raison de le faire. Pour eux, la moto m'a été achetée pour que je vote en faveur du candidat CDP, ce à quoi j'ai répondu qu'il n'en était rien et que j'étais en pleine réflexion afin de voir lequel des deux candidats à la mairie pouvait vraiment faire l'affaire de la commune. Cette nuit-là, ce sont les anciens ainsi que des responsables du quartier qui ont dû intervenir pour calmer la situation. Voilà comment mon domicile n'a pas été incendié ce jour.

Après la reprise des élections, les résultats étaient toujours les mêmes, (CDP : 9 sièges UPC 10 sièges), les responsables de l'UPC m'ont appelé pour me dire avec une certaine pression que si je ne pouvais pas assurer la mission qui m'est dévolue, alors de passer le siège à quelqu'un d'autre. Je leur fis comprendre que j'étais un citoyen et donc que j'étais libre de choisir qui je voulais. A chaque réunion qu'ils organisaient, ils ne parlaient jamais de leur programme d'activités au profit de l'arrondissement. Tout leur sujet se cantonnait au fait que nous ne devions pas agir de sorte à honnir Zéphirin DIABRE, qui habite l'arrondissement, mais de honnir le CDP dont des responsables tels que Assimi KOUANDA et François COMPAORE habitent ici. A mon sens, le contenu d'une réunion politique, ce sont des activités, des ouvrages à réaliser au profit des populations. Je ne suis pas venu en politique pour agir contre quelqu'un encore moins le honnir. Je suis venu en politique, comme je l'ai déjà dit, pour relever le niveau de vie des habitants de mon secteur. Je ne suis pas venu en politique pour que Zéphirin DIABRE reste ou quitte le quartier. Si la candidate de l'UPC répond aux attentes et aux besoins de l'arrondissement, je la choisirai. Dans le cas contraire, si c'est le candidat du CDP qui répond aux attentes des populations, à mon sens, çà sera lui. Si le parti, malgré ses 10 conseillers contre 9 pour le CDP, doit voter c'est parce que la loi a conféré la libertéà chaque conseiller de choisir l'homme de son choix à la tête de la mairie et du conseil dans lequel il siège. Sinon on devrait nommer un conseiller UPC. Donc j'avais la liberté de choisir entre Mme Georgette YANOGO de l'UPC et M. Issouf SAKANDE du CDP. De mes analyses, je me suis rendu compte que la candidate de l'UPC n'avait d'autres mots que : « Si nous ne nous serrons pas les coudes, le président (ndlr : Zéphirin DIABRE) va quitter le quartier ». La veille du vote, aidée par un autre conseiller, elle a dit qu'il fallait interner tous les conseillers de l'UPC de l'arrondissement. Là, ils allaient manger et avant de partir, ils devaient jurer sur des fétiches. Ce sont autant de faits qui m'ont démotivé quant à suivre ce groupe. Car je suis né de père et de grand-père musulmans. Je ne vois pas la raison qui pourrait m'amener à les suivre et à aller jurer sur des fétiches. Je leur ai donc indiqué clairement que je ne pouvais pas les suivre. J'ai même appris que le jour du vote, je suis venu avec les conseillers du CDP. Je ne suis venu avec personne le jour du vote. Je suis venu seul. C'est le jour du vote d'ailleurs que j'ai découvert les conseillers du CDP. Je connais certes M. Issouf SANKANDE. Parce qu'il est de mon quartier. Mais ce n'est pas à cause de cela que je l'ai choisi. C'est du fait de ce qu'il m'a donné de voir à travers ses actions. Je me suis rendu compte que c'est un travailleur. Il initie des travaux de nettoyage. Chaque année, il organise une action de désherbage et de nettoyage au cimetière. Chaque six mois, les gens sortent, à son instigation, pour s'occuper du terrain de football, il délimite le terrain pour les prières pendant les jours de fêtes. A l'école communale, à Wemtenga, pendant cinq ans, à cause d'une panne, le forage ne marchait plus. Encore, grâce à lui, et avec le soutien d'un opérateur économique, le forage a été réparé et jusqu'à présent, si vous y allez, vous verrez que les élèves ont de l'eau. Je me rappelle aussi du 1er septembre où il est resté avec les populations de bout en bout. C'est pour dire, que c'est quelqu'un qui a la volonté de bâtir, et d'améliorer le vécu quotidien des populations. De surcroît, il avait un programme. Ce qui n'était pas le cas avec Mme Georgette YANOGO.

A l'issue du vote, Mme YANOGO a dit que si je ne vais pas en Côte d'Ivoire, elle va me tuer. C'est alors que je lui ai demandé si la pratique dans leur parti est de tuer s'ils perdent les élections. Au sein de leur parti, ils ont des gangs... Si je parle, ce n'est pas parce que je les crains. Je crains seulement pour ma famille.

Je dois même dire que depuis le 6 mars (le jour du vote), je suis allé exprimer un besoin de sécuriser ma famille auprès de la Compagnie républicaine de sécurité. Je précise qu'aucun responsable ni aucun militant du CDP, comme disent certains, ne m'a aidé dans cette démarche. C'est moi-même qui suis allé déclarer que ma vie est en danger. Voilà comment depuis le 6 mars jusqu'à présent (vendredi 15 mars), mon domicile est gardé par des agents des forces de l'ordre. La présente interview comme celles que j'ai accordées à d'autres médias rentrent dans le même cadre. Mon objectif est d'attirer l'attention des anciens, des jeunes, du Burkina tout entier, afin qu'ils sachent ce que l'UPC veut faire à Ratamanégré Assibo OUEDRAOGO. Je prends le peuple burkinabèà témoin. Pour que tout le monde sache ce qui se passe sous le nez de Zéphirin DIABRE qui a laissé des jeunes se munir de coupe-coupe, de l'essence etc pour venir incendier mon domicile et agresser les membres de ma famille.

N'eût été la présence des forces de l'ordre à mon domicile, je vois que ma famille n'existerait plus. Personnellement, je n'étais pas à la maison. Vraiment l'UPC n'est pas reconnaissante à mon endroit, car, même si elle a perdu la mairie, je peux dire que c'est grâce à moi que certains de ses candidats ont étéélu députés.

Je voudrais que M. Zéphirin DIABRE et les autres responsables du parti sachent que s'il m'arrive quelque chose actuellement, l'UPC en serait responsable. Comme vous le savez déjà, Mme Georgette YANOGO m'a menacé de mort.

Il a été dit aussi que le CDP vous aurait ‘'acheté''. Que répondez-vous à cette question ?

R.A.O : Je vous remercie de me poser cette question. En effet, beaucoup de gens disent que le CDP m'a acheté. Je voudrais être clair, làégalement. Aucun militant du CDP ne m'a approché pour quelque raison que ce soit ; pas même pour échanger sur les élections. J'entends dire tout sur moi. Certains disent que le CDP m'a donné 12 millions, un véhicule, une maison... Moi Rataméngré Assibo OUEDRAOGO, et d'autres m'appellent le Baobab, je ne suis pas ce genre d'individu. Celui qui me connaît sait quel genre d'homme je suis. Je ne suis jamais non plus allé demander quelque chose à un militant du CDP. C'est comme je l'ai dit, c'est au regard du dynamisme d'Issouf SAKANDE que je l'ai voté.

Aucun militant du CDP ne m'a approché. Pas même pour une minute. J'ai voté en mon âme et conscience. Et Dieu est mon témoin. Tous les journalistes qui étaient présents à la mairie le jour du vote ont pu même constater que le vote du candidat CDP fut une surprise totale même pour les conseillers CDP eux-mêmes.

D'ailleurs et bien au contraire, les responsables de l'UPC dont Mme Georgette YANOGO et un de ses camarades ont tenté de me corrompre. Ils m'ont en effet appelé pour me dire qu'ils aident les gens à aller au Canada et que si je le voulais, ils allaient m'aider à y aller. Nous avons même rencontré une dame qui selon eux, avait le pouvoir de m'accorder tous les documents pour mon voyage. La rencontre a eu lieu en face de l'Ambassade du Canada. Tout cela était un manège pour que je laisse mon siège pour mon suppléant.

Les conseillers de l'UPC ont rapporté que vous avez brandi le bulletin attestant avoir donné votre voix à Issouf SAKANDE, le candidat du CDP, avant de l'introduire dans l'urne. Que répondez-vous à cela ?

R.A.O : Jamais je n'ai fait cela. Il y avait deux bulletins. Un jaune et un blanc. Le vote était secret et je n'ai jamais brandi mon bulletin avant de l'introduire dans l'urne. Sinon j'allais annuler mon vote. Ce qui est aberrant. Bien au contraire, ce sont les conseillers de l'UPC qui tenaient tellement à tout contrôler qui faisaient passer tous les bulletins de vote n'ayant pas passé dans l'urne en dessous des tables afin de s'assurer que le conseiller en question avait effectivement porté son choix sur leur candidat. A tel point qu'ils ont dû sortir en groupe, à un certain moment, pour compter les bulletins qu'ils détenaient par devers eux pour avoir le cœur net sur le décompte final.

Je voudrais attirer l'attention des populations sur ces faits. Surtout qu'elles voient comment les choses se sont déroulées. Surtout à madame Georgette YANOGO, je lui ai dit de faire attention à ses propos à mon égard. Car, étant une femme, elle ne doit pas dire qu'elle va ôter la vie de quelqu'un.

Quelles est la réaction des jeunes de votre quartier ?

R.A.O : A mon sens, ils ne sont pas contents de ce qui m'arrive car beaucoup me connaissent. Ce sont des amis. Ce sont les habitants des autres secteurs qu'on déplace jusqu'à chez moi pour me menacer. Sinon les habitants de mon quartier ne m'ont jamais menacé. Parce que si c'était les habitants du secteur qui m'en voulaient, même l'Armée n'aurait pas pu me protéger.

LWendpouiré Aristide OUEDRAOGO


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