Le gouvernement veut lutter contre la corruption. Il en a donné les preuves. Il n'y a pas longtemps, le chef du gouvernement avait demandéà l'Autorité supérieure du contrôle d'Etat de lui fournir la liste de tous ceux dont les noms sont cités dans son rapport. En vue d'y voir plus clair. Ce qui a été fait et des sanctions sont déjà prononcées pour certains des « coupables ». D'autres sont en sursis car leur cas est entre les mains de la justice. Et nul doute que très bientôt les premiers dossiers seront appelés à la barre. En attendant, Luc Tiao passe à une autre étape. Celle du forum national sur la corruption. Il s'agit, si on ne se trompe, de faire l'état réel de la corruption au Burkina afin de s'y attaquer véritablement.
Dans ce combat qui n'est pas du tout facile, la contribution de tous est indispensable. Et cela ne devrait souffrir d'incompréhension dans la mesure où la corruption nous concerne tous. S'il y a des corrompus, c'est qu'il y a des corrupteurs. Et les deux, on les trouve dans tous les secteurs d'activités. Dans le privé comme dans le public, à l'usine comme au champ, dans les douanes comme à la presse, à la médecine comme dans l'enseignement. Il s'agit donc pour chacun de nous de balayer d'abord devant sa porte en étant le premier acteur de lutte contre ce phénomène qui est un véritable frein au développement.
N'est-ce pas pour cela que les bailleurs de fonds, ceux-là qui nous soutiennent dans nos actions de développement, ne veulent pas du tout en entendre parler ? Ils n'ont pas tort car la corruption nuit au développement. Quand on corrompt, c'est qu'on veut que quelqu'un fasse quelque chose qui n'est pas bien. Pour lui, mais également pour la communauté. Quand on corrompt, on ne voit que ses propres intérêts au détriment de ceux de la communauté. Quand on corrompt, on met nécessairement sur le marché des produits de qualité douteuse. Quand on corrompt, c'est qu'on n'a pas bien fait ou qu'on ne veut pas bien faire un travail qui devrait par exemple bénéficier au plus grand nombre. Quand on se laisse corrompre, on contribue à faire reculer le développement de sa communauté.
Tout comme le corrupteur, le corrompu ne voit que ses intérêts à lui. Alors que le développement ne peut en aucun cas être individuel. On vit dans une communauté, dans un environnement communautaire développé.
Aussi, nous devrions donc accompagner toutes les actions du gouvernement, des organisations de lutte contre la corruption afin de bouter hors de notre pays ce phénomène rampant suffisamment nuisible. Il ne sert à rien de dire que le gouvernement ne pourra pas réussir son combat. Il ne sert à rien d'attendre en disant que bien avant lui des chefs de gouvernement ont essayé et ont échoué contre la corruption. Au contraire, nous devrions saisir l'occasion pour démontrer que les Burkinabé sont capables de réussir là où d'autres ont échoué ; que les Burkina ont cette capacitéà transcender leurs différences pour s'attaquer à tout ce qui peut compromettre leur bien-être, leur développement.
Aussi, l'engagement doit être total quand bien même il y a toujours des gens qui pensent le contraire. Dans tous les cas, les échecs du gouvernement et de toutes les organisations de lutte contre la corruption sont nos échecs. Car, le combat qu'ils mènent est bien notre combat. Quand viendra l'heure du bilan de cette lutte, alors que chacun de nous puisse dire, voilà ce que j'ai fait pour éradiquer, voire réduire le phénomène de la corruption dans mon pays. Le combat est bien noble et il mérite d'être mené.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso