La circulation des élites doit-elle s'appliquer qu'aux seules structures politiques ou doit-elle au contraire l'être à d'autres entités, à l'image des organisations syndicales et celles de la société civile ? Entre les partisans d'une alternance pour tous et par tous et les défenseurs d'une exception en la matière, le débat fait des gorges chaudes en ce moment.
On connaissait les politiques, notamment avec ce fameux article 37 de la constitution (au Burkina) sur lequel tous les regards sont braqués en ce moment. A présent il faudra aussi compter avec les structures associatives et syndicales pour mener le débat à leur niveau.
La question étant de savoir si la rotation au sommet de ces organisations doit s'imposer au même titre qu'elle le serait en d'autres lieux. Et sur quelles bases ?
Monarchie associative et syndicale
Dans le camp des ‘'pro'', l'on estime que l'on ne peut raisonnablement demander aux autres (entendez par là, les dirigeants politiques) ce que l'on refuse de s'appliquer à soi-même. A savoir permettre à de nouvelles compétences de faire leurs preuves en termes de management des structures et des Hommes.
Pour ces derniers, il y a effectivement des talents et des compétences qui, malheureusement ne bénéficient pas de l'espace et des conditions d'expression requises. La faute dit-on, à des monarques syndicaux et associatifs qui les écraseraient de tout leur poids.
Alors même que, poursuivent-ils, il y a un impérieux besoin d'actualisation des connaissances et des méthodes. Serait-ce là l'une des raisons de l'effritement du militantisme associatif au Burkina ? En tout cas, pour certains, la réponse est des plus évidentes…
« On veut bien passer la main ». Mais…
Dans le camp d'en face, l'on se défend de toute volonté d'accaparement des instances dirigeantes. D'une part l'on estime qu'il s'agit d'un procès d'intention.
Et pour cause les structures associatives et syndicales ont des spécificités qu'il convient selon eux, de bien connaître avant de lancer un quelconque débat sur la question.
A les entendre, le politique agit dans le court-terme, au contraire du mouvement associatif qui, lui, agirait sur le long terme.
On peut donc être à la retraite et diriger un syndicat de travailleurs, sans que cela ne pose de problèmes particuliers. Tout comme l'on peut diriger une association pendant plusieurs décennies sans discontinuer. Pourvu que les militants n'y trouvent rien à redire au sujet du charisme légendaire du grand timonier.
En coulisse, certains responsables accusent ouvertement le pouvoir de chercher par ce « faux débat »à détourner l'attention générale sur les vraies préoccupations liées à la bonne gouvernance et à la promotion de la démocratie. A voir…
Juvénal SOME
Lefaso.net