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Attentats de Bruxelles : Benjamin Nabi se rappelle cette journée "cauchemardesque"

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Mardi 22 mars 2016. Bruxelles, la capitale de la Belgique est frappée par deux attentats, l'un à l'aéroport et l'autre dans le métro. Une trentaine de morts et plus de 300 blessés. Même s'il n'y a eu aucune victime au sein de la communauté burkinabè forte de plus de 1000 âmes, Benjamin Nabi se rappelle encore cette journée qu'il qualifie de "cauchemardesque". Electromécanicien au chemin de fer belge, il est également le président de l'Association des Burkinabè de Belgique (ABB). Dans cet entretien qu'il nous a accordé en ligne, il revient sur cette journée de terreur.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m'appelle NABI Benjamin, je suis le Président de l'Association des Burkinabè de Belgique. Je suis marié et père de 4 enfants. Je suis électromécanicien aux Chemins de fer belges. Avant toute chose, je voudrais profiter de l'opportunité que vous m'offrez pour présenter encore une fois de plus mes sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu un être cher dans cette attaque terroriste et souhaiter un prompt rétablissement aux nombreux blessés qui sont encore hospitalisés.

Comment avez-vous vécu les attaques terroristes que la Belgique a connues ?

Pour ce qui est de l'attaque proprement dit, personnellement étant donné que je suis membre du personnel des chemins de fer et que c'était ma semaine de permanence, je devais prendre mon service de 10h à 18h30 au lieu de 7h30 à 16h comme habituellement. J'ai donc appris les nouvelles dès les premières minutes sur une radio nationale. J'ai décidé de partir plus tôt au service et c'est en cours de chemin que j'ai appris l'attaque du métro. J'ai essayé d'avoir les nouvelles de ma famille, mais le réseau téléphonique était saturé. Je me suis donc rendu à mon boulot. A mon arrivée, les premières mesures étaient de stopper les trains qui desservaient l'aéroport puis après sur l'ensemble du territoire belge y compris les trains internationaux et sécuriser les différentes gares par les services de sécurité interne. Puis nous avons reçu l'injonction de rester confinés dans nos services respectifs.

A la fin de la journée, il fallait ramener tous ceux qui sont venus travailler sur Bruxelles. Donc, la direction a donné l'ordre de reprendre le trafic ferroviaire avec des mesures de sécurité restrictives. C'est aux environs de 21h que j'ai pu retrouver toute ma famille. Pour tout dire c'était une journée cauchemardesque que personne ne souhaite revivre.
Puis petit à petit, le soir, on a commencé le décompte macabre des victimes au nombre de 32 décès.

Aujourd'hui encore la vie de la population tourne au ralenti puisque ce n'est pas encore toutes les stations de métro qui sont accessibles. Plusieurs restent fermées pour des raisons de sécurité ; ce qui rend difficile la vie à Bruxelles.

La communauté burkinabè a-t-elle été touchée d'une manière ou d'une autre ?

En ce qui concerne la communauté burkinabè, nous n'avons heureusement pas enregistré de perte en vie humaine, ni de blessé. Au contraire, nous avons appris qu'un compatriote a aidé des victimes blessés à l'aéroport de Bruxelles pour les mettre à l'abri, mais nous n'avons pas plus de précisions sur ces informations. A part cela, toute la communauté est choquée par tout ce qui s'est passé et certains avaient même des connaissances parmi les victimes.

Y a-t-il des recommandations spéciales que l'ambassade ou l'association des Burkinabè fait à leur endroit ?

Pour ce qui est des recommandations, tout le monde était logéà la même enseigne ; les Belges comme les non Belges devaient suivre les consignes données par l'OCAM (Organe de Coordination de la Menace) et la police. Ce sont les seules instances habilitées à donner des recommandations spécifiques liées aux attentats.

Quelle est l'importance de la communauté burkinabèà Bruxelles ?

Suite à des investigations réalisées pour le compte de l'Ambassade en prévision des élections de 2015, nous avions estiméà plus d'un millier de Burkinabè et notre communauté serait en 2è ou 3è position après la France et peut-être l'Italie, ceci reste à vérifier.
Cette situation est due au fait que beaucoup de Burkinabè viennent de plus en plus ici pour étudier et finissent par y rester et suite à la régularisation de 1999 et 2009 qui a aussi permis à un grand nombre de nos compatriotes d'obtenir leurs papiers de séjour, chacun avait l'opportunité de faire le regroupement familial, donc de faire venir femme, enfants, maman ou papa ; ce qui a considérablement accru l'importance de notre communauté et j'en suis très fier.

Avez-vous des activités spécifiques ?

Vu la configuration actuelle de notre communauté que je viens de décrire et comme en France, nous avons décidé que chaque région ou province puisse mettre sa propre association en place et l'ABB (Association des Burkinabè de Belgique) deviendrait une association faîtière regroupant l'ensemble des associations de la communauté burkinabè.
De ce fait, toutes les associations sont libres de mener leurs activités et l'ABB se charge de faire passer l'information au sein de toute la communauté.
Il arrive que l'on décide de commun accord d'organiser certaines activités comme la Saint-Sylvestre ou la journée internationale de la femme, dans ces cas, l'organisation incombe à l'ensemble des compatriotes, donc à l'ABB.

Quel message avez-vous à l'endroit de cette communauté ?

Le message que je j'adresse à l'ensemble de la communauté, c'est la cohésion. Sans cohésion, on ne peut rien faire. Les changements dont j'ai parlés plus haut sont en voie et seront effectives d'ici peu si tout le monde approuve et vote les amendements nécessaires. Des élections seront ensuite organisées pour mettre un nouveau bureau en place pour un meilleur fonctionnement. Unis, nous pouvons faire beaucoup de choses, même aider le pays, mais individuellement c'est impossible.
Si les autres communautés y arrivent, nous aussi nous pouvons y arriver. Ne dit-on pas que l'union fait la force ?
Je profite également informer mes compatriotes que des élections seront aussi organisées au cours des prochaines semaines pour élire notre nouveau délégué CSBE. (Conseil Supérieur des Burkinabè de l'Étranger).

Pour finir, je n'oublie pas les tristes événements du 15 janvier 2016 où la barbarie humaine àôté la vie à plusieurs de nos compatriotes à Splendid Hôtel ou au restaurant Cappucinno. Je leur réitère mes sincères condoléances et un prompt rétablissement aux blessés.

Entretien réalisé par Herman BASSOLE
Lefaso.net


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