Le nom ne dit sans doute rien à la nouvelle génération d'étudiants. Mais, ceux qui font carrière à l'Université de Ouagadougou doivent encore se souvenir d'André Tibiri.
André Tibiri était ce militant, premier acteur de l'Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) dans les années 90. Il a marqué l'ANEB, les luttes estudiantines et l'actualité nationale en son temps. Auprès de leaders charismatiques syndicaux, défenseurs des droits de l'Homme et des libertés syndicales comme Tollé Sagnon, Halidou Ouédraogo, feu le Professeur Joseph Ki-Zerbo, Justin Coulibaly, Maître Bénéwendé Stanislas Sankara, etc… A l'époque, le gouvernement était conduit d'abord par le Premier ministre Youssouf Ouédraogo, puis par Kadré Désiré Ouédraogo.
Aujourd'hui, Youssouf Ouédraogo est conseiller à la Banque africaine de développement (BAD) ; Kadré Ouédraogo est président de la Commission de la Communautééconomique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Paramanga Ernest Yonli qui a géréégalement des crises universitaires est actuellement président du Conseil économique et social (CES). Halidou Ouédraogo, magistrat s'est converti en avocat. Maître Bénéwendé Sankara, après deux échecs à la présidentielle est actuellement à l'Assemblée nationale. Tollé Sagnon continue de diriger de main de maître la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGTB) ; Justin Coulibaly est également toujours Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'information et de la communication (Synatic). Quant à André Tibiri, ce leader incontestable d'étudiants, il apparaît seulement, très virtuellement sur la toile. Il a fêté le 20 mars son 42e anniversaire. Au moment où, à l'Université de Ouagadougou, là où il haranguait les troupes contre les politiques du gouvernement en matière de soutien aux étudiants, rien ne va.
Personne ne sait exactement dans quelle année universitaire se trouve-t-on là-bas. Tellement le calendrier académique se chevauche. Pendant que les uns sont en 2010-2011, les autres sont en 2011-2012. Alors que bien d'autres veulent entendre parler de 2012-2013 et de 2013-2014. André Tibiri doit en ce moment-là, se sentir concerné, comme d'ailleurs tous les autres acteurs qui ont travaillé dans les années antérieures, pour ou contre les politiques en matière d'enseignement supérieur, parce qu'aujourd'hui, les événements montrent bien que personne n'a véritablement réussi sa mission. Mais, à qui imputer cette responsabilité ? A tout le monde et à personne. C'est pourquoi, on peut estimer qu'il est encore temps pour tous les acteurs de l'Université de Ouagadougou, de revenir à de meilleurs sentiments, d'accepter se parler droit dans les yeux et trouver les solutions les meilleures pour tous à la crise actuelle, car en effet, nul n'a intérêt dans un système aussi désordonné que celui qui existe actuellement à l'Université de Ouagadougou. A commencer par les étudiants qui ont besoin de diplômes, de savoir pour aller chercher sur le marché de l'emploi et de la vie. Mais cela ne peut se faire que dans un cadre organisé et crédible. L'Université de Ouagadougou ne peut en aucun cas se soustraire du système international de l'enseignement supérieur, au risque d'être une universitéà part. Si les propositions du gouvernement ne conviennent pas, que la partie d'en face fasse d'autres propositions, et qu'ensemble, les deux parties conviennent de quelque chose de cohérent qui permette au moins de sauver l'essentiel. C'est ainsi qu'ils pourront rentrer dans l'histoire, et que les générations suivantes retiendront qu'ils ont été ceux qui ont sauvé l'Université de Ouagadougou au moment où elle connaissait des difficultés.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso