J'ai lu avec intérêt un article paru dans le journal Jeune Afrique (JA). Il s'agit d'un dossier assez intéressant sur le rapport entre business et philanthropie. On y voit notamment comment quelques grosses fortunes de ce monde, se convertissent de plus en plus dans l'humanitaire. A travers la création de fondations ou encore avec des projets de bienfaisance ou de recherche financés à coût de millions de dollars.
Du coup j'ai penséà ces « liguidi naaba » made in Burkina Faso. Déjà que dans le dossier dont il est fait mention ci-dessus, il y a des noms de personnalités africaines bien connues pour leur engagement.
Y a-t-il effectivement des milliardaires au Burkina Faso ?
Sans sourciller, on peut répondre par l'affirmative. Certes Ils ne sont peut-être pas aussi fortunés qu'Aliko Dangoté, le nigérian ou encore le sud-africain Motsepte ou enfin comme le tanzanien Mo Ibrahim.
Encore que les fortunes dont on parle, ce sont celles qui sont officiellement connues et reconnues de tous les observateurs. Ces derniers peuvent ainsi suivre leur évolution quantitative et qualitative. Or au Burkina comme dans bien d'autres pays africains, on ne communique pas sur son patrimoine. Comme certains, le disent, l'argent n'aime pas le bruit !
On laisse plutôt les gens parler et on fait pousser les buildings ! Le risque étant bien évidemment de faire prospérer des générations spontanées dont il est difficile par la suite d'établir la traçabilité des revenus avec exactitude.
Une chose est certaine, les secteurs porteurs existent : BTP, immobilier, banques et assurances, télécommunications, mines, le commerce de gros ou de détail… Ce sont-là, les principaux domaines dans lesquels les patrons burkinabè ont acquis des surfaces financières non négligeables. Reste à savoir ce qu'ils font de leur argent après avoir satisfait leurs besoins primaires…
Economie de l'accumulation
La culture du mécénat est très embryonnaire au Burkina. Pour ne pas dire qu'elle est inexistante. Sous-tendue par une vision très traditionnelle qui consiste en une thésaurisation massive, cette approche ne permet pas de développer des initiatives pérennes qui mettent réellement en œuvre des mécanismes de réponses à la demande sociale.
Encore un paradoxe, mais sans doute pas le dernier, dans un pays ou plus de 47% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et 15% des Burkinabè détiennent à eux-seuls, plus de 80% des richesses de l'économie nationale.
Les rares mécanismes mis en œuvre sont purement institutionnels : mois de la solidarité, journée de la solidarité… Mais il faut en convenir, ils sont très limités dans leur portée et dans leurs résultats.
Et aussi curieux que cela puisse paraitre, ce sont les fondations des riches occidentaux qui viennent à nouveau financer des projets dans les pays africains (recherche sur le paludisme, planification familiale, éducation) pendant que nos ‘'gourous' eux, sont assis sur des cantines…
Juvénal SOME
Lefaso.net