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Article 37 : Une camisole de force !

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Et parlant de grandeur de notre démocratie, on doit lui reconnaître celle d'avoir justement eu l'intelligence de réduire le sankarisme à sa plus simple expression le renvoyant à une nébuleuse sans consistance constituée de marginaux d'ici et d'ailleurs qui font et défont le monde à coups de slogans et de rhétoriques éculées.

Notre démocratie n'a usé ni de menace, ni de propos outranciers, encore moins d'appels à la révolte pour parvenir à cette fin qui sonne l'hallali d'une idéologie qui ne croit pas en la démocratie et pense pouvoir l'utiliser à des fins perverses

Disons-le d'entrée et tout net, avec la forme que prend le débat sur la révision ou non de l'article 37 de la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs, la question n'est plus de savoir s'il faut ou non aller au référendum pour trancher entre les différents avis qui s'entrechoquent, mais de savoir s'il faut ou non céder à la dictature méprisante et méprisable de tous ceux qui, avec à leur tête un certain courant politico-idéologique, ont déjà tranché sur le sujet et n'hésitent pas à brandir de sordides menaces contre tout avis qu'ils soupçonnent d'être opposéà leurs vues, allant jusqu'à la prise en otage de la paix sociale !

La hargne avec laquelle un certain Stanislas B. SANKARA du désormais moribond UNIR/PS et certaines plumes avec à leur suite de pitoyables internautes refusent jusqu'au moindre avis divergent du leur sur le sujet, est tout simplement insupportable et inacceptable. Aussi curieux que cela puisse paraître, c'est au nom de la démocratie et du droit du peuple à choisir librement ses dirigeants que ce « bon petit peuple de petits messies » s'insurge avec violence et sans concession contre le recours à ce même peuple pour savoir ce qu'il pense réellement, au prétexte que leur seule parole suffit et qu'il n'y a rien à cirer ! C'est d'un ridicule si saisissant qu'on ne s'étonne point du tout de retrouver sur cette position certaines personnes frappées d'incapacité idéologique à supporter toute contradiction tout comme des plumes et des personnages dont la ligne éditoriale et les principes de fonctionnement sont manifestement la provocation à tout va, l'essentiel pour eux étant d'être iconoclastes pour justifier leur existence structurelle.

Si ce n'est pas désolant !

Comment expliquer autrement que dans une déclaration aussi insipide que vide et cousue de contradictions, le ci-devant Chef de file de l'opposition, Me Stanislas B. SANKARA, pour ne pas le nommer, dont le parti est sorti ratatiné des récentes élections couplées et qui devrait en toute humilité se faire tout petit, tombe à bras raccourcis sur des citoyens au motif qu'ils professent pour la tenue d'un référendum sur l'article 37 et profère des menaces outrancières contre la paix sociale et la République ? On sait le monsieur coutumier du fait, grand matamore devant l'Eternel qu'il est, mais tout de même ! Qu'il soit contre la révision de l'article 37, c'est son droit le plus absolu.

Qu'il soit contre la tenue d'un référendum sur la question, c'est son droit le plus absolu. Qu'il défende ses positions et les affirme, c'est tout aussi son droit le plus absolu ! Mieux, il a même le droit d'être contre toutes les opinions qui ne vont pas dans ce sens et a celui de les combattre ! Ce sont là des droits inaliénables contre lesquels nul ne peut s'élever et qu'il exerce d'ailleurs sans aucune retenue.

Subséquemment et dans le sens contraire, tout autre Burkinabè a le doit d'avoir des opinions tout à fait différentes, notamment de prendre le contre-pied de celles de monsieur Stanislas, de les exprimer et de les défendre. C'est ça la démocratie ! Donc s'il y a de quoi être surpris, ce ne devrait pas être parce que des Burkinabè donnent leurs avis sur la question, mais que d'autres leur dénient ce droit. On peut parfaitement comprendre la « lassitude » des militants de l'UNIR/PS qui ne voudraient entendre parler d'élection, eux qui ont essuyé un échec cuisant auprès des populations lors des dernières élections et comprendre leur phobie de se représenter de nouveau devant les mêmes populations, mais cela n'est pas opposable à tous. On est aussi frappé de stupeur devant ce que l'UNIR/PS présente comme une «« messianisation » du Président Blaise COMPAORE… alors que elle-même n'a d'existence que par celle d'un autre Burkinabè, en l'occurrence le Président Thomas SANKARA.

Le loup qui crie au loup ! Dans son cas particulier, cette « messianisation » est si poussée qu'elle vaut à Stanislas SANKARA (tiens, tiens) d'être le chef incontesté et incontestable du parti. A qui veut-on donc faire la leçon à l'UNIR/PS ? Comme s'il ne voulait pas s'arrêter en si bon chemin dans le ridicule, l'UNIR/PS soutient un brin pince-sans-rire, parlant de Blaise COMPAORE « que personne ne veut ni à l'intérieur au sein de notre peuple, ni à l'extérieur au sein des partenaires qui portent notre pays à bout de bras…». Le prototype de discours creux et bête servi à des militants endoctrinés dont la seule vocation est d'applaudir « le grand idéologue » lorsqu'il le prononce !

Du sankarisme tout fait ! si personne ne veut Blaise COMPAORE, pourquoi écrire pour répondre à des Burkinabè qui ne jurent que par son nom, ou encore pourquoi refuser de le croiser dans les urnes de nouveau en levant la limitation des mandats consécutifs ? A qui l'UNIR/PS croit-il faire la leçon en écrivant : « Que l'on se dise une fois encore que le Burkina n'est pas dans une bulle détachée et indifférente de la marche du monde », lui qui prône une idéologie surannée que le peuple burkinabè a vomi au fur et à mesure qu'il le découvrait ? Et parlant de grandeur de notre démocratie, on doit lui reconnaître celle d'avoir justement eu l'intelligence de réduire le sankarisme à sa plus simple expression le renvoyant à une nébuleuse sans consistance constituée de marginaux d'ici et d'ailleurs qui font et défont le monde à coups de slogans et de rhétoriques éculées.

Notre démocratie n'a usé ni de menace, ni de propos outranciers, encore moins d'appels à la révolte pour parvenir à cette fin qui sonne l'hallali d'une idéologie qui ne croit pas en la démocratie et pense pouvoir l'utiliser à des fins perverses. Tous les autres, qui s'inscrivent dans cette dynamique, doivent se le tenir pour dit et prendre la leçon : ce peuple-là, le peuple burkinabè, ne se laissera pas dicter sa conduite. A les lire, à les écouter et à les croire, le seul argument qui reste à tous ceux qui sont contre la révision de l'article 37 en vue d'en sauter le verrou limitatif des mandats présidentiels consécutifs, ce sont les menaces sur la paix sociale et des allusions à un coup d'Etat ; la théorie de la peur et de l'intimidation ! Rien donc de démocratique ! Bien pire, une dictature, une camisole de force.

Et ça, ça ne doit pas passer ! Cela d'autant plus que dans sa formulation actuelle, cet article 37 est en lui-même une camisole de force puisqu'il peut limiter de fait le choix du peuple. Est-ce là le sens de la démocratie ? Il faut croire que « oui » pour certains politiques pour lesquels démocratie ne rime qu'avec alternance, celle-ci primant sur le libre choix des populations. Au regard de ce simple fait, on devrait au minimum demander à ces populations si elles acceptent effectivement se mettre cette muselière en aliénant en partie leur souveraineté. C'est aussi simple que cela ! Tout le reste n'est que sankarisme de bas étage !

Cheick Ahmed (ilingani200@yahoo.fr)

L'Opinion


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