
Le tabagisme, outre la dépendance, est responsable de nombreuses maladies comme les cancers et les maladies cardiovasculaires. Ce fléau a la peau dure au Burkina Faso et ce, malgré les énormes efforts du gouvernement. Cette situation interpelle de ce fait, plus d'un à un changement de comportement au risque de voir le nombre de victimes accroitre au fil des ans.
Selon l'infirmier à la Direction de la promotion de la santé, Kiguin Débé, le tabagisme constitue l'un des problèmes de santé publique au Burkina Faso. « Sur 100 burkinabè, 19,8 personnes consomment le tabac non-fumé ou pire encore le tabac à fumer (cigarette, cigare, la pipe à eau, la cigarette électronique) » a-t-il souligné. En vue de circonscrire la question du tabagisme, le Burkina Faso à l'image d'autres pays a signé la Convention cadre de l'organisation mondiale de la santé pour la lutte anti-tabac. Mais force est de reconnaitre que la lutte s'avère perdue en ce sens que certains profanes trouvent des motifs d'explications. Si pour certains la consommation de la cigarette est une manière de s'affirmer, pour d'autres elle est un désir de liberté voire un besoin d'identification…
Dans l'espoir de toucher plus d'un pour un changement de comportement, M. Débé n'a pas hésitéà faire ressortir le bilan alarmant de l'Organisation mondiale de la santé. « 60% des maladies des cancers dans le monde sont dues au tabagisme ; il est le premier facteur de risque des maladies cardio-vasculaires ; 80% des maladies du cœur sont attribuables à la consommation du tabac. Les maladies pulmonaires, également, sont dues en grande partie à la consommation du tabac soit 85% des cancers du poumon etc. » a-t-il indiqué.
Le tabagisme, un phénomène à prendre au sérieux
En tant que direction de lutte anti-tabac, la direction de la promotion de la santé (DPS) mène un certain nombre d'activités entrant dans le cadre de la lutte anti-tabac. Il s'agit entre autres des activités de sensibilisation en collaboration avec des associations ; l'élaboration des projets de textes relatifs à la lutte contre le commerce illicite des produits du tabac, la taxation, le conditionnement et l'étiquetage du tabac qu'elle soumet au gouvernement pour adoption.
Le gros problème, dira M. Débé, « la commercialisation du tabac est autorisée par la loi. Aussi, les industries du tabac de par leur influence, empêchent les acteurs de lutter efficacement contre ce fléau, qui du reste fait 1 500 décès chaque année au Burkina ». En outre, il a expliqué en substance, une loi portant lutte contre le tabac a été adoptée par le gouvernement pour réduire les dégâts de la cigarette. « Son premier degré porte sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics, le deuxième sur le conditionnement et l'étiquetage des produits de tabac, le troisième par contre porte sur la création, le fonctionnement et l'attribution d'un Comité national de lutte anti tabac » a-t-il énuméré. Une des dernières dispositions en date, s'en souvient l'infirmier, l'arrêté qui décrit les modalités d'application du degré portant conditionnement des produits de tabac au Burkina Faso, et le protocole adopté en octobre dernier par le Conseil national de la transition pour éliminer le commerce illicite des produits de tabac.
Les lois anti-tabac en vigueur
Au nombre de sanctions prévues par la loi portant lutte contre le tabac, est passible d'une amande de 15.000 FCFA toute personne qui fume dans un lieu public ; d'un emprisonnement d'un à six mois et d'une amande de 50 000 à 250 000 FCFA ou l'une de ces deux peines seulement quiconque vend ou fait vendre en connaissance de cause du tabac ou des produits du tabac à une personne de moins de 18 ans. Egalement est puni d'une amande de 100 000 FCFA à 1 million de FCFA quiconque distribue gratuitement du tabac et des produits du tabac, des cadeaux et gadgets publicitaires comportant une marque de tabac …
« Pour que cette loi soit vraiment appliquée, il va falloir que les gens portent plainte. Nous à la DPS, nous prenons gage à poursuivre la sensibilisation » a fait savoir l'infirmier de la DPS.
Bannir à jamais le tabac
Selon M. Débé, le tabac est constitué de plus de 4.000 substances chimiques dont la nicotine, qui rend le fumeur esclave. « A un certain moment, le fumeur veut arrêter mais ne peut pas parce qu'il est devenu dépendant à la cigarette. Aussi, les industries n'allègent pas la situation car d'autres substances sont ajoutées à la nicotine pour augmenter les effets de cette dernière ». Toutefois, il est possible de se délivrer de ce poison, si la volonté y est bien sûre. C'est pourquoi, il les a invités à s'adresser à l'Union des associations de lutte contre le tabac pour une consultation.
L'on retiendra de sa conclusion que toute personne qui a cessé de fumer, dans les 20 mn après la dernière cigarette, la pression sanguine et les pulsations du cœur redeviennent normales ; 1 an après la dernière cigarette, le risque de crise cardiaque diminue de moitié. Aussi, le risque d'accident vasculaire cérébral rejoint celui d'un non-fumeur ; 10 à 15 ans après la dernière cigarette, l'espérance de vie devient identique à celle des personnes n'ayant jamais fumé.
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net