Les cyber-délinquants n'ont qu'à bien se tenir, ils ne passeront plus ici au Faso où Internet est dur ! Même si l'ADSL file comme un escargot, même si de vilains malins coupent de temps à autre la fibre optique, même si la connexion patine, les faux-types des cybercafés n'auront bientôt plus qu'à aller poster leurs attrape-nigauds ailleurs...
Bonne nouvelle, la police et la gendarmerie s'apprêtent à lutter plus efficacement contre les cyber-délinquants. Depuis le 25 février, en effet, des éléments de ces deux corps des forces de sécurité prennent part à un atelier de formation en vue de consolider leurs connaissances en matière de lutte contre la cybercriminalité. Preuve qu'on prend très au sérieux la gravité de ce phénomène qui touche toutes les couches de la population. Le sinistre de l'Administration territoriale et de la Sécurité, Jérôme Bougouma, n'est d'ailleurs pas passé par quatre autoroutes de l'information pour préciser que l'atelier, qui prend fin demain 1er mars, vise « l'élaboration d'une stratégie policière dans le cyber espace, afin d'organiser une réplique adaptée à la cybercriminalité au Burkina Faso ».
Mais avant tout, chacun devrait balayer son ordinateur pour le dépouiller de ces mails indésirables qui font miroiter monts et merveilles à certains jeunes, de plus en plus crédules. Les délinquants informatiques, qui ont plus d'un tour dans leurs ordinateurs, forcent la porte de votre boîte électronique, s'y introduisent gaiement et vous inondent de propositions mirobolantes qui sentent bon l'héritage facile. Une arnaque en règle, qui ne s'arrête pas aux seuls appâts loufoques au gain. Non, ces gens-là débordent d'imagination et sont prêts à tout. Du compte super-garni en dollars qui croupit dans une banque occidentale et qu'on ne peut faire sortir que grâce à votre entregent au mail de détresse de l'un de vos « amis » qui implore votre aide financière pour se sortir d'une grave impasse, à l'autre bout du village planétaire, les cybercriminels adorent les histoires à dormir debout. Et on le sait, plus elles sont grosses, plus elles paraissent bien souvent évidentes. Et l'on tombe parfois cœur et âme dans le guêpier. Surtout lorsqu'on se fait passer pour une femme et qu'on vous offre l'amour en sus ! Malheureusement, beaucoup de jeunes se laissent piéger par le rêve d'une aventure sentimentale du tonnerre et font, dans les cybercafés, le siège des sites de rencontre.
Allant jusqu'àéchanger des photos dans des postures compromettantes. Même qu'il existe maintenant de faux entremetteurs informatiques, qui abusent des jeunes filles qui recherchent fiévreusement sur la Toile mondiale des Blancs à marier. La gendarmerie de Boulmiougou en a attrapé un la semaine dernière, qui opérait tranquillement depuis 2009 à partir de cinq adresses électroniques et qui a réussi à faire une quinzaine de victimes. Ainsi, le bon monsieur « faisait croire à ses victimes qu'il est un homme blanc (avec photo à l'appui) qui fréquente régulièrement le Burkina Faso et qu'il est à la recherche d'une Ouagalaise pour une relation pouvant aboutir au mariage ». Une mayonnaise qui prend avec certaines filles qui ne rêvent que d'un bon monsieur friquéà la peau blanche comme mari.
Alors, les policiers et les gendarmes sont prévenus. S'ils veulent traquer la cybercriminalité au Burkina - et Internet même sait qu'ils le veulent ! -, ils savent bien que ces délinquants-là ont plusieurs longueurs d'avance sur eux. Remonter jusqu'à l'auteur d'un courriel malveillant, qui sent bon l'arnaque ou qui est attentatoire aux bonnes mœurs, demande des moyens colossaux, aussi bien techniques, humains qu'électroniques. Mais bon... La traque est lancée, et c'est déjàça !
Journal du Jeudi