Le constat est clair. Il n'y a plus de militantisme dans les partis politiques. On fait la politique pour ses intérêts personnels et rien d'autres. Pour le développement, la recherche de la paix, de la concorde et l'intérêt du plus grand nombre, on s'en fout. Ça peut bien attendre une prochaine fois.
C'est ce comportement, cette vision bien lamentable de la politique que certains hommes politiques sont en train de montrer à la jeune génération à qui on demande de prendre la relève. C'est bien inquiétant. En effet, quand un aîné, dans la « chose politique » dit que « je suis venu pour me développer et non développer », qu'est-ce qu'il faut comprendre ? Quel conseille donne-t-il aux plus jeunes ? Est-ce un exemple en matière de politique et de développement ? Est-ce vraiment de ce genre d'hommes politiques que nous avons besoin pour aspirer à un devenir meilleur ? Pour ne rien dire, on peut se résoudre à dire que c'est tout simplement lamentable, ridicule et honteux. Parce que, à l'analyse, on n'a pas à faire à des hommes politiques, mais à des hommes d'affaires politiques. Avant qu'ils ne soient définitivement élus, certains prétendants à des postes de maires de communes rurales, urbaines ou d'arrondissements, ont commencéà faire leurs calculs, non sans promettre des parcelles ou des marchés à des amis, ou des hommes d'affaires (cette fois-ci économiques) s'ils les soutenaient jusqu'au bout. C'est bien grave et triste. Qu'est-ce qu'un monsieur de ce genre, une fois à la tête d'une commune et d'une mairie d'arrondissement, peut-il apporter pour soulager les souffrances de ces concitoyens ?
Le Burkina Faso est véritablement à un tournant décisif à la fois sur le plan économique, mais surtout sur le plan de la gouvernance d'une façon générale. Mais, particulièrement, il l'est plus en matière de décentralisation et de développement local. Cela s'entend par une participation des communautés à la base au processus de prise de décision, mais surtout de développement tout court. Par conséquent, si l'on n'y prend garde, tous les efforts entrepris depuis des années, seront galvaudés par des politiciens qui ne savent pas où ils vont, parce que tout simplement ils ne savent pas d'où ils viennent. Les réformes politiques entreprises depuis 2011, ne doivent pas se limiter seulement au plus haut niveau à ancrer la démocratie par des institutions, mais surtout à faire en sorte que ces institutions soient animées par des hommes et des femmes qui valent la peine. En clair, par des hommes et des femmes qui ont enfin compris que leur avenir se trouve dans celui de leur pays, de leur ville, de leur village. Et que par voie de conséquence, il est mieux de travailler à faire profiter le plus grand nombre, que de se cantonner à amasser tout seul des richesses tout en sachant qu'elles ne profiteront à rien. Ces hommes et femmes, ne sont sans doute pas les plus nombreux, mais on peut encore en trouver. Et c'est vers cela qu'il faut tendre.
Quant à ceux qui ne pensent qu'à eux, qui volent et gaspillent nos ressources, il ne faut surtout pas être complaisant avec ces gens-là. Il faut renforcer les capacités des acteurs de la justice et leur donner les moyens de traquer sérieusement tous ces prédateurs de biens publics, à quelque niveau qu'ils se trouvent. C'est un combat bien noble qu'il faut mener. Aussi, tous les maires qui se seront rendus coupables d'une mauvaise gestion quelconque, doivent désormais avoir leur place dans les prisons. En attendant, il faut dès la mise en place définitive des conseils municipaux, décréter l'arrêt définitif de nouveaux lotissements. Sauf, peut-être, dans les communes rurales qui ne sont pas encore lotis. Car, à voir de très près, c'est à cause des lotissements qu'ils courent ainsi. Il faut donc freiner l'élan et faire en sorte que la jeune génération ne prenne pas cet exemple.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso