Stupeur ! L'autre jour, je passais devant le ciné Oubri et que vois-je ? A la devanture, une boutique de textile a pris la place des programmes alléchants qui faisaient saliver d'envie le cinéphile lambda. Une installation aux antipodes de la fiction qui ne permet point d'entendre à l'avance les coups de feu des cowboys solitaires, les complaintes amoureuses de Jimmy l'Hindou ou les soupirs langoureux d'Alima Disco, la femme du D.G Pousbila dans la série Affaires Publiques.
Aujourd'hui, devant et aux alentours de l'ancienne salle qui a fait le bonheur des Ouagalais plus rien ne rappelle le cinéma. Mais je n'étais pas au bout de ma surprise. Une centaine de mètres plus loin, le ciné Rialé, fermé depuis, est maintenant totalement rasé. A la place, le parking d'une alimentation.
En ces lieux, ça ne tourne donc plus, ça détourne plutôt. Crime de lèse-majesté dans la capitale africaine du cinéma. Aussi grave qu'à l'époque du communisme en Union soviétique, où l'on transformait les églises en piscines, en entrepôts, en cliniques pour alcooliques ou en musées de propagande antireligieuse.
Nous sommes pourtant en plein dans le Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (FESPACO) avec pour premier épisode la séance son et lumière, le 23 février 2013 au stade du 4-Août. Les salles de projection, comme les girafes dans notre sous-région, sont une espèce en voie de disparition. Il n'y en aurait que sept pour la présente édition. Il ne manquerait plus qu'on réquisitionne Roodwoko, le populeux grand marché en centre-ville.
En attendant, peinent àêtre regardés les visages ravagés des cinés Oubri qui porte le nom du fondateur du royaume mossé de Ouagadougou et Rialé, de celui du géniteur de OUEDRAOGO, fondateur du royaume Mossé au 13e siècle et fils de la légendaire princesse Yennenga.
Le trophée tant convoité n'a plus que ses yeux pour pleurer. Une tragédie grecque. Attention donc aux cardiaques, surtout dans les rangs des festivaliers, qui se hasarderaient à passer vers ces deux anciennes salles de cinéma. Tartuffe dans la pièce éponyme de Molière, s'est écrié devant une dame : « Prenez ce mouchoir et cachez-moi ce sein que je ne saurais voir ». Dans la même veine, je conseille ceci : Plaçons-y des barrières de sécurité et cachons à nos illustres visiteurs ces salles de ciné en ruine dont ils ne pourraient supporter la vue.
Djalafoukos
L'Opinion