
Le 24 juillet dernier, le Conseil national de la Transition (CNT) déposait sur la table du gouvernement, une proposition de révision de la Constitution de juin 1991. Une révision envisagée pour, notamment « verrouiller » et « sacraliser » l'article 37, mais aussi pour rétablir un équilibre respectable entre les pouvoirs Législatif, Judiciaire et Exécutif. Et ce, avant les élections d'octobre prochain. Mais trois semaines après ce dépôt, l'on se demande si le gouvernement a effectivement reçu ladite proposition de révision.
Dans son discours devant ses pairs en Afrique du Sud le 6 août dernier, le président du CNT, laissait entendre en substance que sauf cas de tremblement de terre au Burkina, les élections présidentielle et législatives se tiendront le 11 octobre 2015 comme cela est prévu depuis belle lurette. A ce sujet, le gouvernement ne parle même plus ; il agit, et ne semble agir que dans le souci majeur de respecter cette échéance. On peut donc dire que le Législatif et l'Exécutif sont tous préoccupés par la réussite de ce pari primordial de la Transition.
C'est sans doute ce souci majeur partagé, qui a amené le président du CNT à revoir son exigence de voir adopter avant la fin de la Transition, une nouvelle Constitution emportant le passage à une cinquième République. En effet, après avoir clamé le 30 juillet dernier au sortir d'une visite rendue à la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR) que la période de Transition « offre au Burkina un contexte de neutralité institutionnelle et d'équilibre des pouvoirs » favorable à l'adoption d'une nouvelle Constitution, le président du CNT a indiqué dans une interview publiée le 14 août 2015 dans le quotidien ‘'Le Pays'' que, « Mais il faut être réaliste ». Et de préciser, « La réalité est que l'on ne peut pas passer d'une république à une autre sans un large consensus sur un certain nombre de réformes nécessaires, et les délais, manifestement, ne nous permettent pas la recherche de ce consensus ».
Le peuple burkinabé a besoin d'un Burkina paisible et véritablement démocratique
Mais Chériff Sy semble tenir mordicus à la révision constitutionnelle avant les élections. C'est maintenant, semble-t-il dire, que le gouvernement doit s'attaquer à cet impératif toilettage de la Constitution dont le matériau de base lui a été fourni par le CNT. Et la période d'avant-ouverture de la campagne électorale serait la plus profitable pour son adoption, étant donné que certains députés sont candidats aux législatives et n'hésiteront pas à aller battre campagne. En tout état de cause, il convient de travailler àéviter désormais des velléités de contestation tenant à des questions de quorum, comme ce fut le cas avec les résolutions de mise en accusation des dignitaires de l'ex-régime.
Isaac Zida et son équipe sauront-ils pressé le pas au gré du pouvoir législatif ? Hasardeux de présager. Pour l'heure, le CNT, à en croire son président, « n'a pas encore reçu le feedback du gouvernement », trois semaines après le dépôt de la proposition de révision. En tout cas, un mois nous sépare encore de l'ouverture officielle de la campagne électorale. Et il est à souhaiter que les autorités qui seront issues des différents scrutins à venir, puissent exercer leurs pouvoirs et leurs missions sur la base d'une Loi fondamentale débarrassée des défaillances qui ont étéà l'origine des travers et des dérives du régime Compaoré. Le peuple burkinabé a besoin d'un Burkina post-transition paisible et véritablement démocratique.
Fulbert Paré
Lefaso.net