Les travailleurs de l'Office national des télécommunications sont en grève depuis huit jours. Pour réclamer l'application du décret n°2010-810/PRES/PM/MTSS, portant fixation d'une prime d'ancienneté pour les agents. Mais depuis, ce décret présidentiel n'a connu la moindre application.
Si bien que las d'attendre, les travailleurs ont fini par s'organiser, aller en grève et demander d'abord le respect de la loi, mais également le paiement de leurs primes. Ce qui est tout à fait normal et se comprend aisément. En effet, si le gouvernement a instauré le dialogue comme principe de gouvernance, entre employeurs et employés pour résoudre les conflits, on peut dire que les travailleurs de l'ONATEL sont allés en grève sans doute parce que ce dialogue a manqué. Aussi, le gouvernement se devait de mettre la « pression » sur la direction de l'ONATEL afin qu'elle prenne ses responsabilités. Ce n'est pas la première fois que les travailleurs de l'ONATEL vont en grève. En 2011, ils étaient en grève et avaient exagéré en suspendant et les lignes ordinaires de téléphone et les lignes d'urgence.
Cette fois-ci, en faisant coïncider leur mouvement avec la fin du mois (paiement des salaires et des pensions), avec la tenue du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO) et l'ouverture de la rencontre gouvernement/syndicats, les employés de l'ONATEL, s'ils n'ont pas exagéré, ont bien choisi leur période. Seulement, à trop exagérer, ils auront les Burkinabè« sur leur dos ». Somme toute, il va falloir que la direction de l'ONATEL trouve une solution définitive à ces grèves répétitives qui ne font pas de la « mère » des télécommunications au Burkina un modèle. A défaut, que le gouvernement prenne alors ses responsabilités. Pour faire valoir la signature du président du Faso apposée en bas du décret.
Un autre cas et une autre société et des travailleurs (des retraités) et leurs droits. La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). En 2011, le gouvernement et les syndicats parviennent à un relèvement des pensions vieillesse du régime CNSS-BF par une harmonisation du taux d'annuité qui passe de 1,33 % à 2 % à compter du 1er janvier 2011. Le 20 avril 2012, le Conseil d'administration de la société autorise la Direction générale de la CNSS à procéder à cette harmonisation pour tous les dossiers des pensionnés qui contiennent des éléments permettant le calcul, et au paiement desdites pensions. Depuis, plus rien, malgré les déclarations à plusieurs occasions du ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale d'alors. C'est, fatigués d'attendre, que les retraités ont décidé de sortir de leur silence, pardon, de leur sagesse pour s'adresser au Premier ministre en ces termes : «à ce jour, nous sommes toujours dans l'attente de l'application effective de la mesure en question sans aucune information officielle et crédible à même de nous situer ».
Pourquoi les deux sociétés refusent-elles d'appliquer des décisions prises au plus haut niveau de l'Etat ? S'il y a des difficultés particulières, qu'elles acceptent de dialoguer avec les intéressés. Comme le prône d'ailleurs le gouvernement dans son nouveau mode de gouvernance. Mais à garder le silence, on prépare le lit des manifestations et de la violence. Préjudiciables à la paix et à la cohésion sociale. Et cela est d'autant plus incompréhensible du côté de la CNSS qu'elle doit s'occuper de la sécurité sociale et que les personnes concernées sont des retraitées. Le gouvernement travaille depuis quelque temps à instaurer un climat de paix et de sécurité. Que chacun travaille donc de son côtéà faire en sorte que ces efforts ne soient pas vains. Nous y avons tous intérêts.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso