Le jeudi 13 décembre, alors que je me rendais au bureau, j'aperçois un attroupement devant un kiosque à café. Curiosité journalistique étant, je me suis approché pour juste jeter un coup d'œil. Je découvre un groupe d'élèves ( ?) en train de vider littéralement tout ce qu'il y avait comme « café fort ». Pour la plupart, ils étaient enturbannés. Dès leur approvisionnement en café noir terminé, chacun a démarré son engin en trombe et puis, à toute allure, ce groupe de jeunes a pris les artères de la ville. D'un établissement à un autre, leur objectif était de faire sortir tous les élèves qui voudraient suivre les cours ce jour-là. Il me semble que ce sont les mêmes groupes d'élèves qui, chaque fois qu'il y a un mouvement quelconque, se promènent d'un établissement à un autre pour empêcher les autres de suivre les cours en lapidant les murs ou même dans les salles de classes.
Un vendredi précédent, j'ai assistéà une scène de « lapidation » dans un établissement sur la route du Mali. Des «élèves grévistes » sont allés faire sortir leurs camarades des classes. Ceux-ci s'opposent et ce sont des jets de cailloux de part et d'autre. Heureusement, les professeurs et le personnel de l'établissement ont vite réagi en faisant sortir les élèves. Heureusement aussi qu'il n'y a pas eu de blessés. Qu'adviendrait-il si dans un mouvement de ce genre un élève est blessé ?
Dans un coin de rue à Bobo-Dioulasso, un ancien élève du primaire qui se trouve actuellement en classe de 6e s'adresse à son maître qu'il a quitté, il y a juste un an : « Tu as de la monnaie ? C'est ma maman qui veut ça ! ». Et son maître de lui demander : « c'est à moi que tu t'adresses ainsi ? ». « Pardon, je croyais que tu avais de la monnaie, c'est de la monnaie je cherche », lui réplique l'élève. « Tu ne me connais pas ou quoi ? », a interrogé le maître. « Je te connais, c'est pourquoi je te demande la monnaie ! », a conclu l'élève avant de partir. Quand nous étions à l'école, et quand on voyait le maître, on se cachait. Aujourd'hui, le maître et les élèves sont des camarades. C'est à peine s'ils ne « font pas tout » ensemble. A qui la faute ?
Quand j'ai essayé d'analyser ces faits parmi tant d'autres, je me suis rappelé que la veille du jeudi 13 décembre, précisément à Koudougou où il était pour commémorer le 11 décembre, le président du Faso interpellait à la fois les parents et les jeunes (élèves ou non) au respect mutuel et à l'observance d'un certain nombre de petites règles morales qui fondent les communautés. Entre autres, le respect d'autrui et principalement du plus âgé ; le droit à l'autre de ne pas être d'accord avec soi ; la liberté de chacun de nous, de faire son choix et le respect du choix de l'autre. Principalement les parents que nous sommes, devraient avoir le courage de parler sincèrement à nos enfants ; leur dire la vérité ; leur enseigner le savoir-vivre, le savoir-faire ; le vivre ensemble…Il n'est pas tard…
L'école ne peut en aucun cas être le seul lieu d'éducation et de formation des enfants et des jeunes. La rue, c'est encore pire ! Aussi, devrions-nous nous impliquer fortement pour accompagner les initiatives de réformes du système éducatif afin de bâtir le véritable homme burkinabè de demain : digne, intègre, travailleur, courageux, patriote et résolument tourné vers son avenir. Comme l'a dit quelqu'un, il s'agit pour nous de bâtir la République en nous investissant dans la formation intégrale de ce qui sera l'homme burkinabè de demain.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso