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L'invasion marocaine de Tombouctou : l'Histoire se répète

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Il y a près d'une année, Kidal, Gao et Tombouctou étaient tombés entre les mains des islamistes. Les groupes armés touareg et djihadistes ont mis toutes ces régions historiques du nord Mali sous coupe réglée. L'Histoire s'est répétée dirait-on. Car en 1593, les mêmes agissements s'étaient produits à Tombouctou.

Les troupes marocaines à l'époque de Moulay Ahmed avaient vaincu celle de Askia Ishaq II et s'emparèrent de Tombouctou. Selon Cheikh Anta Diop, Mohmoud Ben Zergoun, le chef de l'expédition marocaine, se lança dans une série de razzia et de massacres à Tombouctou dont le caractère dépasse l'imagination. Il indique que ce qui offusquait le plus, c'est que les victimes étaient ses frères musulmans. Ceux sur qui les supplices étaient infligés étaient des savants ou des jurisconsultes de la cité de Tombouctou. Cheikh Anta Diop soutient que : « Toute l'intelligentia soudanaise (NDLR maliens) fut attirée dans un guet-apens dans la mosquée de Sankoré et fut capturée ; on ferma les portes, puis on fit sortir tous les assistants à l'exception des jurisconsultes, de leurs amis et de leurs suivants. » Ils ont été mis aux arrêts le 20 octobre 1593 par Zergoun. On divisa les savants en deux colonnes pour les conduire dans une nouvelle résidence forcée.

Une colonne a été massacrée en cours de route. Le Professeur Cheikh Anta Diop précise que Sâdi a donné la liste des nombreuses victimes dans son Tarikh. Tous étaient des lettrés et des savants. Ils ont été ensevelis dans une fosse commune. Ceux qui ont survécu ont été déportés à Marrakech. Le célèbre savant Ahmed Baba, l'auteur de 700 ouvrages, était parmi les déportés. Il est impossible de décrire l'étendue du désastre de cette guerre que le Maroc livra à Tombouctou, affirme Cheikh Anta Diop. L'auteur de Tarikh-es soudan est formel sur les difficultés que les habitants de la cité ont vécu pendant la période : « La cherté des vivres fut excessive à Tombouctou ; un grand nombre de personnes succombèrent à la famine et la disette fut telle qu'on tomba à 500 cauris. Puis la peste vint à son tour décimer la population et fit périr bien des gens que la famine avait épargnés. Cette cherté des vivres, qui dura deux ans, ruina les habitants qui en furent réduits à vendre leur mobilier et leurs ustensiles.

Tous les vieillards furent unanimes à dire qu'ils n'avaient jamais vu une telle calamité et qu'aucun des vieillards qui les avaient précédés ne leur avait rien raconté de semblable. » Sâdi et Kâti, les auteurs des Tarikhs, situent à cette époque l'apparition des corruptions des moeurs et surtout l'introduction en Afrique Noire de la sodomie. Les chefs du MNLA, Ançar- Dine, MUJAO et AQMI sont les Mahmoud Ben Zergoun des temps modernes. Avant de quitter Tombouctou, ils ont perpétré les mêmes forfaits en incendiant le centre Ahmed Baba. Pendant près d'une année, sous leur règne, Tombouctou a vécu les mêmes supplices que dans les années 1500. La Justice devrait être ferme à leur encontre.

SaglbaYaméogo

MUTATIONS N° 22 du 1er février 2013. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact :mutations.bf@gmail.com)


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