« Je n'affectionne pas les copains de mon époux. Je force ma sympathie avec eux. Quand ils viennent à la maison, je fais semblant d'être la meilleure des femmes au monde. Je joue plutôt à l'hypocrite ; sinon…». Cette déclaration lâchée en toute désinvolture par une jeune mariée, lors d'une discussion entre femmes, laisse entrevoir tout le danger que peut représenter l'ami de l'époux dans un foyer.
En effet, après la bataille de vivre loin des parents, c'est-à-dire, loin de la belle-mère et du beau-père mais aussi loin des belles-sœurs et beaux-frères, accusés à tort ou à raison de « casseurs de foyer », l'heure semble être à celle de faire éloigner les amis. Il parait que « avant, avant », ou du moins au temps de la vieille génération, les épouses considéraient les amis de leur « bien-aimé» au même titre que lui-même, dans certains cas. Ainsi, l'ami de l'être aimé pouvait espérer quelques soins de la part de madame. Laver ses habits, cirer ses chaussures, nettoyer sa maison… Son choix était même souvent pris en compte dans le menu quotidien.
L'ami ou les amis de l'être aimé pouvaient bénéficier de beaucoup de soins, souvent même plus le mari. Tout se passait comme dans le meilleur des mondes. En contrepartie, ces derniers jouaient un rôle primordial lorsqu'un problème ou une mésentente survenait dans le foyer. Aussi certaines épouses estiment que l'ami ou les amis de l'époux l'aidaient à entretenir ses relations amoureuses avec la bien-aimée.
Par exemple, explique un octogénaire : « Lorsque vous vous rendiez chez la fille, c'est votre ami qui jouait au séducteur. Et même, quand il faut l'inviter à sortir, elle montait sur l'engin de l'ami alors qu'elle t'est destinée. Une fois à la maison, l'ami s'éclipse en vous laissant tout seuls ». Il était non seulement le protecteur, mais jouait aussi le rôle de « gardien » car il « couvrait » en tout temps les deux tourtereaux lorsqu'un souci devait arriver. Cette complicité amenait la femme à lui être reconnaissante une fois au foyer, d'où ces soins. Mais au-delà même de ces complicités, les femmes d'autrefois, selon beaucoup de témoignages, avaient le sens de la considération, de l'estime et du respect envers les amis de son époux. Mais aujourd'hui, les amis des époux n'en sont plus de vrais, selon elles. Certains amis, non seulement aident l'époux à s'évader de la maison, mais encore le conduisent à conquérir d'autres cœurs. On peut donc comprendre la réaction de certaines épouses.
En tout cas, la génération actuelle, dite « Y » balaie pratiquement tout, du revers de la main. Ce qui compte le plus, c'est toi et moi. Plus personne d'autre. N'en déplaise aux parents et amis. Aussi, faire la cuisine pour la belle-famille, donner de l'eau pour se laver aux petits-frères de l'époux, encore moins à ses petites-sœurs, laver les habits des beaux-parents, nettoyer leur dortoir.., relèvent malheureusement du passé. Alors si rien ne se fait pour les parents, l'ami ou les amis peuvent aller se faire voir ailleurs. Ils ne sont pas les bienvenus à la maison, encore moins espérer une quelconque attention particulière.
La conclusion qu'on peut tirer est inéluctablement la « perte de vitesse » des valeurs sociales et culturelles. Cependant, on peut oser croire que toutes ces transformations relèvent du changement qui est en train de s'opérer dans les mentalités des uns et des autres. Ainsi, il n'est pas rare de voir, monsieur faire la cuisine pour madame, et laver même ses dessous… C'est ça, l'amour et peut-être même le vrai. Surtout qu'on n'a plus besoin d'intermédiaire, « facebook » et bien d'autres réseaux de rencontres suffisent amplement.
Bassératou KINDO
L'Express du Faso