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Conflits intercommunautaires : L'Association Tabital Pulaaku appelle l'Etat à prendre ses responsabilités

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Les tueries intervenues à Zabré en fin décembre 2012 viennent rallonger la liste déjà trop longue des conflits intercommunautaires macabres au Burkina. Et, c'est très souvent, la même communauté qui est visée, les Peulhs. Pour marquer son indignation et attirer l'attention de l'opinion nationale sur la question, l'association Tabital Pulaaku a organisé une conférence de presse le 16 février 2013 à Ouagadougou. Elle demande à l'Etat de prendre ses responsabilités car ces évènements n'honorent pas notre pays.

Zabré (7 morts), Gaoua (6 morts), Kantchari (1 mort), Sari (plus de 100 morts), Tiankoura (12 morts), Perkoua (14 morts), Gogo (3 morts), Saré Peulhs (4 blessés), Passakongo, Saré, Karcoudougaye, Gnoslat, Ourgou Manéga, Gandin, Bagnouman, Pô… Dans toutes ces localités, on compte également des milliers d'animaux tués ou disparus, des habitations incendiées, des milliers de déplacés… Bref la liste de dommages est longue. Les conflits intercommunautaires sont légions ces dernières années au Burkina. Et c'est la communauté Peulhe qui est particulièrement visée. « Les Peulhs subissent de multiples exactions et de menaces de mort, (parfois en présence des autorités) par certaines populations qui veulent les chasser de leurs terres qu'ils occupent depuis des décennies sous le prétexte qu'ils n'en sont pas les propriétaires », constate Hassan Barry, président de l'association Tabital Pulaaku Burkina.

Suites aux graves évènements intercommunautaires intervenus dans la zone de Zabré, Tabital Pulaaku Burkina a dépêché une mission à Tenkodogo pour apporter un appui moral et matériel aux déplacés de Zabré le 07 janvier 2013. Après plusieurs rencontres avec les déplacés et les autorités locales et nationales, elle a publié une lettre ouverte au premier ministre avec copie aux ministères de l'administration territoriale et de la sécurité, des droits humains et de la justice, au président de l'Assemblée nationale et à l'ambassade des USA au Burkina.

Démasquer et punir les incitateurs à la haine ethnique

Les faits sont suffisamment graves. C'est pourquoi Tabital Pulaaku Burkina, association œuvrant pour la promotion de la culture Fulbé et pour une cohabitation harmonieuse et pacifique des populations, lance un appel pressant aux autorités burkinabè pour que toute la lumière soit faite sur ces différents massacres, en particulier celles de Zabré. Les auteurs, les instigateurs et autres incitateurs à la haine ethnique doivent être démasqués et justice doit être rendue. Par la voix de son président national, Tabital Pulaaku invite les acteurs politiques et toutes les parties prenantes à tout mettre en œuvre afin que soit bannie à jamais toute forme de manipulation ethnique ou identitaire au Burkina. Car « ces évènements n'honorent pas notre pays » où cohabitent une soixantaine de groupes ethniques.

Tabital voudrait par cette sortie attirer l'attention des pouvoirs publics et de l'opinion nationale sur les évènements de Zabré qui sont sans précédent dans les conflits inter-ethniques de ces dernières années. « Ce sont des actions préméditées avec une barbarie jamais égalée », se convainc le président de l'association, Hassan Barry.

« Suite à ces massacres, la communauté Peulhe de la zone de Zabré a été pourchassée, violentée et maltraitée ; une chasse aux Peulhs a été organisée en ciblant tous les villages Peulhs dans un rayon de 30 km autour de Zabré», soutient-il. Ce qui a occasionné environ 1400 déplacés, des violences physiques et morales, des pertes de biens (maisons, animaux, mobylettes, vélos, etc.).

Une allure ethnique des récents conflits

Pourtant, notre pays avait su jusque-là gérer tant bien que mal de manière pacifique sa diversité culturelle. Malheureusement, «à la différence des conflits « traditionnels » entre agriculteurs et éleveurs, les conflits récents sont en train de prendre une allure de conflit ethnique dont la cible est particulièrement la communauté peulhe », regrette Hassan Barry.

Depuis sa création en 2006, l'association a mené diverses actions de sensibilisation, de concertations dans plusieurs provinces du Burkina. Des actions qui lui ont valu une décoration par le ministère des droits humains et de la promotion civique en décembre 2012. Elle exhorte fortement les partis politiques, les autorités coutumières et religieuses et les organisations de la société civile à mener des actions de sensibilisations à l'endroit des populations à la base afin que la tolérance et la paix, valeurs ancestrales de notre société soient davantage préservées et consolidées.

« Une partie des burkinabè est en train de s'égarer. Mobilisons-nous pour arrêter ça », lance Hassan Barry, dépité. En tous les cas, Tabital jouera sa partition. Elle a déjà effectué des actions de sensibilisations, traduit la loi sur le pastoralisme en Fulfuldé, rédigé un mémorandum sur les conflits agriculteurs-éleveurs. Et, « Tabital ne va pas relâcher. Nous allons continuer et demander aux autorités de prendre leur responsabilité».

Mieux, Hassan Barry et ses camarades estiment qu'il est temps que le président du Faso sorte de son silence pour arrêter cette « chasse aux Peulhs ». Après tout, cette communauté fait partie des citoyens burkinabè et a le droit d'y vivre et de se sentir en sécurité.

Moussa Diallo

Lefaso.net


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