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Défiance vis-à-vis de la communauté internationale : Un comportement à la Blaise Compaoré qui risque de produire les mêmes effets

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Depuis le 07 avril 2015, date de l'adoption de loi portant modification du Code électoral du Burkina par les députés du Conseil national de la Transition et sa promulgation au pas de gym, le 10 avril 2015 par le président de la Transition, Président du Faso Michel Kafando, notre pays est plongé dans des polémiques et dans des controverses (apparemment sans fin).

Cela tient au fait que ce texte frappe d'inéligibilité, dans le cadre des élections de 2015 (présidentielle et législatives) et 2016 (municipales), les dignitaires du régime défunt pour avoir soutenu le projet de modification de l'article 37 de la constitution qui devait permettre à Blaise Compaoré de briguer un troisième mandat. Les soucis judiciaires actuels de ces derniers et l'installation accélérée de la Haute Cour de Justice qui a eu lieu vendredi passé s'inscrivent pratiquement dans ce cadre.

Grosso modo, il y a deux types de protagonistes : d'un côté, on a les institutions de la transition, les partis politiques de l'ex-CFOP et les organisations de la société civile (OSC) favorables à la transition qui défendent becs et ongles ladite modification. De l'autre, il y a les partis politiques de l'ex-majorité et certaines OSC qui, sans être nécessairement contre la transition, estiment que ce texte prône l'exclusion des responsables du régime Compaoré ; toute chose qui est contraire à la lettre et à l'esprit de la constitution et de la charte de la transition. Mieux, cette position est celle des partenaires multilatéraux (Union européenne, Union africaine, CEDEAO) et surtout bilatéraux (Etats-Unis, France, etc.) du Burkina.

Pour ne rien arranger, le Collectif CGTB (et en général le mouvement syndical) et la Coalition contre la vie chère (CCVC) sont franchement hostiles à Michel Kafando et aux siens pour des raisons idéologiques bien camouflées dans des revendications sociales. Pour eux, l'insurrection n'a pas été couronnée de succès car elle n'a pas débouché sur une révolution avec le chambardement total de la société et des institutions. La révolution est donc toujours à l'ordre du jour. Ces organisations qui sont d'orientation communiste font partie des entités de la nébuleuse PCRV (Parti communiste révolutionnaire voltaïque). Le président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) Roch Marc Christian Kaboré l'a dit péremptoirement il y a quelque temps ; de même qu'Etienne Traoré, vice-président du Parti pour la démocratie sociale Metba (PDS/Metba) plus récemment en des termes voilés.

Au nom des motivations de l'insurrection, plus question de revenir sur la loi !

Le drame, c'est que le constat est de plus en plus évident que les autorités de transition, s'appuyant essentiellement sur leur légitimité acquise grâce à l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, n'entendent pas revenir sur cette loi. Elles sont inconditionnellement soutenues en cela par certaines OSC dont les discours acérés témoignent de leur disponibilité psychologique et physique à en découdre avec ceux qui ne partagent pas leur point de vue. Dans cette dynamique, même les partenaires au développement en prennent pour leur grade de la part des OSC dont on sait qu'elles reçoivent les directives de l'exécutif et /ou du Conseil national de la transition (CNT).

Du côté de l'ancienne majorité et des OSC hostiles à la modification, on se sent pousser des ailes (malgré la vague d'arrestations qui frappe nombre de ses membres) du fait des prises de position de la communauté internationale. Les rangs de ces dernières se renforcent avec l'apport de leurs compagnes d'infortune que sont la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) et l'Union du Burkina nouveau (UBN) qui viennent de naître.

Eviter le piège de l'ex-majorité et se méfier des discours laudateurs des thuriféraires de la Transition

Si c'est de bonne guerre que l'ex-majorité, la NAFA et (dans une moindre mesure) l'UBN s'en donnent à cœur à joie et surfent sur les « remontrances » de la communauté internationale à l'endroit des principaux acteurs de la Transition, il serait maladroit pour Michel Kafando, Isaac Zida et Cheriff Sy de tomber dans ce qui peut apparaître comme piège qu'on leur tend. Autrement dit, se fendre en déclarations hostiles aux chancelleries occidentales et aux organisations régionales et sous régionales africaines peut nous coûter un isolement diplomatique avec toutes les conséquences multidimensionnelles que cela comporte.

De même, ils ont intérêt à avoir un regard bienveillant sur les médias qui se font, de façon parfois très zélées, l'écho des positions pro-modification du code électoral des partisans du pouvoir actuel car moins que le soutien des autorités de la transition, c'est l'augmentation de leur audimat qui est, sinon leur unique souci, du moins une de leurs lointaines motivations. Enfin, on sait que beaucoup d'OSC ont le verbe si haut en faveur des positions de la transition que cela laisse transpirer des intérêts matériels et financiers mal dissimulés.

Et si le sort de Blaise Compaoré planait sur la Transition

Au regard de tout ceci, la situation ressemble, à s'y méprendre, à celle qui a précédé la chute du régime de Blaise Compaoré. Souvenons-nous qu'à l'époque, il défiait Barack Obama, François Hollande, etc., convaincu qu'il était que son projet de modification de la constitution passerait comme une lettre à la poste. La suite, on la connaît. Souvenons-nous également que quand les mêmes partenaires tançaient B. Compaoré, ses contempteurs ayant « oublié» que le Burkina est un pays indépendant applaudissaient à tout rompre. Aujourd'hui que c'est à leur tour d'entendre les vérités de ces partenaires, ils redécouvrent que notre pays est souverain et instrumentalisent des OSC et des partis politiques pour être leurs porte-voix.

Même si la Transition est convaincue de sa force et de son droit, il importe qu'elle se persuade également de trois choses :
i) le rôle des PTF dans le développement de notre pays leur confère le droit d'apprécier ce qui s'y fait ;
ii) ii) René Descartes philosophe français, a dit : « Le doute est salutaire, ce n'est pas le doute, mais c'est la certitude qui rend fou » ;
iii) iii) Blaise Compaoré aura appris à ses dépens que l'entêtement est un des pires défauts en politique.

Si à un tel environnement international hostile à la modification du code électoral et à la lutte sélective contre l'impunité, on ajoute les frustrations des candidats déclarés que sont Djibril Bassolet et Yacouba Ouédraogo (tous deux militaires), la question non résolue du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), la colère de l'ancienne majorité et les conséquences des interpellations discriminatoires, les conditions semblent petit à petit remplies pour que la transition ne soit pas un long fleuve tranquille.

Jude OUEDRAOGO
74 50 51 22
minimouedraogo@gmail.com


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