
Après le vote de la loi portant nouveau code électoral le 7 avril dernier par le Conseil national de transition et sa promulgation deux jours après par le Président du Faso, le débat fait rage au pays des Hommes intègres. Si pour les anciens dignitaires cette loi est exclusive parce que disposant que ceux qui ont soutenu le projet de modification de la constitution dans notre pays ne sont pas éligibles, pour les autres cette loi est légale et légitime parce que répondant aux aspirations du peuple qui s'est insurgé les 30 et 31 octobre 2014.
Pour réaffirmer leur soutien à la transition et à ses outils, les Partis politiques regroupés au sein du cadre de concertation de partis politiques (CCPP), les Forces de Défense et de Sécurité, les Organisations de la société civile et les Autorités coutumières et religieuses signataires de la charte de transition ont animé une conférence de presse ce vendredi 17 avril 2015. Conférence de presse au cours de laquelle ils ont appelé le peuple burkinabèà se mobiliser pour un meeting « d'information et de défense de la patrie » le samedi 25 avril prochain à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso.
Au présidium de cette conférence de presse, le Pasteur Henri Yé représentant les Autorités religieuses et coutumières, Me Guy Hervé Kam pour le compte des Organisations de la société civile, Ablassé Ouédraogo du parti Le Faso Autrement et Me Bénéwendé Stanislas Sankara de L'UNIR/ PS. Dans la déclaration liminaire lue par ce dernier, les parties signataires de la charte de la transition renouvellent leur approbation au code électoral modifié et réaffirment leur attachement à une application ferme des dispositions de la charte de la transition et des conventions internationales auxquelles elle fait référence notamment la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
Cette nouvelle loi, faut- il le rappeler, disqualifie des élections présidentielle, législatives et municipales à venir « toute personne ayant soutenu un changement anticonstitutionnel qui porte atteinte au principe de l'alternance démocratique notamment au principe de la limitation du nombre de mandat présidentiel ayant conduit à une insurrection ou à toute forme de soulèvement ». Pour les conférenciers, « Cette loi n'exclut aucun parti et ne vise aucun individu dans le processus électoral mais touche plutôt des comportements. Elle précise tout simplement les conditions d'éligibilité conformément à l'article 11 de notre constitution qui prévoit que « tout burkinabè jouit des droits civiques et politiques dans les conditions prévues par la loi ». C'est donc notre constitution elle- même qui donne le droit au législateur de réglementer la jouissance du droit d'éligibilité. »
A ceux qui selon eux crient à l'exclusion et qui pour garantir leur impunité ont décidé de mener des actions de déstabilisation de la transition, les parties signataires sont fermes : « Ils doivent savoir que la magnanimité du peuple a une limite. Si c'est cela leur entendement, alors, assurément ils n'ont pas retenu la leçon ni compris la signification des journées des 30 et 31 octobre 2014 car cette insurrection populaire traduit le rejet implacable de leur vision du monde. » Pour Me Guy Hervé Kam ceux qui se disent exclus n'auront àéchéance qu'à saisir les juridictions du contentieux des listes. Et il en sera ainsi de toute candidature que quiconque trouverait illégale. Ablassé Ouédraogo à quant à lui a lancé cet appel à la communauté internationale, d'abord en anglais, ensuite en français : « membres de la communauté internationale, de grâce, respectez le peuple burkinabè, respectez sa révolution, respectez ses lois, aidez le peuple burkinabèà amener le changement auquel il aspire. »
Soutien indéfectible également à« l'opération mains propres »
Cette conférence de presse était également l'occasion pour les parties signataires de la charte de la transition d'apporter leur soutien indéfectible à l'opération en d'interpellation des personnes soupçonnées de traîner des casseroles. Cette opération a commencé depuis quelques jours seulement avec l'interpellation de certains dignitaires de l'ancien régime et Me Sankara et ses camarades de regretter qu'elle n'ait pas commencé depuis le début de la transition « alors que les autorités disposaient des rapports de l'ASCE, de la Cour de Comptes et des Corps d'inspection qui identifient clairement de nombreux auteurs de crimes économiques et le montant de leur forfait. » C'est pourquoi ils invitent le gouvernement «à poursuivre ces opérations dans le respect strict des règles et des procédures en vigueur dans notre pays. »
Pour les organisateurs de la conférence, la modification de la loi électorale tout comme cette opération mains propres répondent à l'appel lancé par le peuple les 30 et 31 octobre 2014. C'est pourquoi les Partis politiques regroupés au sein du cadre de concertation de partis politiques, les Forces de Défense et de Sécurité, les Organisations de la société civile et Autorités coutumières et religieuses signataires de la charte de transition appellent le peuple burkinabèà un « meeting d'information et de défense de la patrie ». Meeting prévu le samedi 25 avril 2015 à la Place de la révolution de Ouagadougou et à la Place Tiéfo Amoro de Bobo Dioulasso.
Samuel Somda
Lefaso.net