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Cathédrale de Bobo-Dioulasso : Admis à la retraite, Mgr Paul Ouédraogo célèbre sa messe d'au-revoir

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Appeléà faire valoir ses droits à la retraite, monseigneur Paul Yembuaro Ouédraogo a célébré, ce dimanche 19 janvier 2025, une messe d'action de grâce à la cathédrale Notre-Dame de Lourdes de Bobo-Dioulasso. Cette célébration d'au-revoir a connu la présence de représentants d'autres confessions religieuses, des autorités administratives locales, du ministre en charge de la Fonction publique et de nombreux fidèles chrétiens de l'archidiocèse de Bobo-Dioulasso.

Se comporter en témoin de Jésus-Christ ; le faire découvrir avec un cœur bon, compatissant pour les pauvres, les malades, les prisonniers et tous ceux qui souffrent. Telle a été la mission de Mgr Paul Yembuaro Ouédraogo durant ses années de service. Au cours de la célébration eucharistique, le désormais archevêque émérite a indiqué que Jésus-Christ est soucieux de la cohésion sociale, de l'épanouissement, de la paix et de la justice entre les hommes.

Ce Jésus Christ, confie-t-il, fait toujours confiance en l'homme pour être capable de regarder devant, avant de construire l'avenir. « Voilà ce que j'ai essayé de faire, en plus de semer l'espérance pour que nous ne cédions jamais au découragement, ni au désespoir. Que ce soit à Fada ou à Bobo, je suis un homme qui croit en l'avenir et qui cultive la foi, parce que celle-ci permet de tenir toujours débout, quelles que soient la circonstance, les épreuves ou l'espérance qui se présentent », a-t-il déclaré.

Monseigneur Paul Ouédraogo

Mgr Paul Yembuaro Ouédraogo dit croire en l'avenir du Burkina Faso. À cet effet, il invite tout le monde à cultiver l'espérance et l'optimisme, à passer les écueils les uns après les autres, sans confondre vitesse et précipitation, avec calme et sérénité. Pour l'archevêque de 76 ans, l'on peut toujours faire avancer la cause de la paix en cultivant des relations de tolérance, d'acceptation réciproque, de respect mutuel, de pardon et de réconciliation. Cela permet de toujours vaincre les épreuves de la vie.

« Un homme de paix, de réconciliation, de courage »

Avant de débuter sa vie d'évêque à la retraite, Mgr Paul Ouédraogo a souhaité bon vent à l'archidiocèse, à la commune, à l'Église-famille, au Burkina Faso et à la sous-région ouest-africaine. « Je crois en l'avenir de ce pays et de la sous-région. Il suffit de se donner la main dans un dialogue interreligieux, entre croyants et citoyens auxquels l'on a confié la gestion de notre pays », a lancé le prélat. Il estime avoir accompli sa mission sacerdotale avec amour et disponibilité, malgré les difficultés rencontrées.

Le ministre de la fonction publique

Présent à cette messe d'action de grâce, le ministre en charge de la Fonction publique, Mathias Traoré, a félicité tous ceux qui ont mis les petits plats dans les grands pour obtenir cet espace de recueillement et d'action de grâce. Il a ensuite souhaité une retraite paisible à l'évêque. Pour le ministre, cette célébration envoie un message fort, celui de la reconnaissance envers l'Éternel. « Ma conviction est que, si chaque citoyen redevenait reconnaissant vis-à-vis de l'État, ensemble, nous allons pouvoir faire de notre nation une citadelle imprenable, forte et paisible », a-t-il assuré. Le ministre a qualifié Mgr Paul Ouédraogo d'homme de paix, de réconciliation, de courage, de fraternité et de foi.

Djaryigo Diarra
Lefaso.net


Caisse populaire Songtaaba : Une présentation de vœux du personnel sous le signe de la reconnaissance et de l'engagement

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Le personnel de la Caisse populaire Songtaaba, guichet de Karpala, a tenu sa traditionnelle cérémonie de présentation de vœux au président du conseil d'administration (PCA), Noé Nana, à Ouagadougou, le samedi 18 janvier 2025. L'événement, qui s'est déroulé dans une ambiance de convivialité et de professionnalisme, a rassemblé plusieurs figures clés du Réseau des caisses populaires. Parmi elles, l'on note la participation de plusieurs PCA du réseau, de la directrice de la Caisse populaire Songtaaba, Jeannette Gandema/Oubda, et du directeur régional des Caisses populaires du Centre, Issouf Soré.

La présentation de vœux au sein de la Caisse populaire Songtaaba a débuté par l'allocution de Rosalie Taro/Sekoni, représentante du personnel. Dans son intervention, elle a salué les efforts conjoints du personnel et de la direction, tout en exprimant la reconnaissance de l'équipe pour le soutien et l'accompagnement constant du PCA. Elle a également formulé des vœux de prospérité et de réussite pour l'année à venir, donnant ainsi le ton d'une cérémonie axée sur la solidarité et la reconnaissance mutuelle.

La Caisse populaire Songtaaba a franchi d'importantes étapes en 2024, marquées par des avancées technologiques significatives, selon la représentante du personnel. Parmi celles-ci, l'amélioration continue du logiciel SAB-AT et l'acquisition d'un nouveau système de gestion, dont la mise en œuvre vise à simplifier les transactions pour les membres. Cette modernisation technologique renforce l'efficacité et la transparence des opérations, contribuant à répondre aux attentes croissantes des clients. Par ailleurs, la mise en place de la tontine numérique Nong-Saaya dans certaines caisses constitue une innovation majeure. Ce dispositif a non seulement permis de mobiliser une épargne considérable, mais aussi de lancer un produit de crédit associé, offrant ainsi aux membres de nouvelles opportunités d'autonomisation financière.

« Nous entendons poursuivre l'assainissement du portefeuille crédit, la gestion saine de l'épargne et du crédit, la satisfaction des membres et du personnel », Rosalie Taro/Sekoni, représentante du personnel de la Caisse populaire Songtaaba

Plus de 56 000 membres avec un encours d'épargne impressionnant

Au 31 décembre 2024, les performances de la Caisse populaire Songtaaba témoignent de l'efficacité de ses initiatives. Avec un effectif dépassant les 56 000 membres, l'institution a enregistré un encours d'épargne de 16,103 milliards de francs CFA, accompagné d'un encours de crédit d'environ 7,388 milliards de francs CFA. Ces chiffres reflètent non seulement la confiance des membres, mais aussi la capacité de l'institution à innover et à s'adapter aux besoins d'un environnement en constante évolution. Ces résultats consolidés confortent la Caisse populaire Songtaaba dans sa mission de promotion de l'épargne et de soutien financier aux communautés.

Une vision partagée pour l'avenir

Prenant la parole, le président du conseil d'administration, Noé Nana, a félicité l'ensemble du personnel pour les résultats significatifs obtenus au cours de l'année écoulée. Il a souligné que ces performances sont le fruit d'un travail acharné et d'un esprit d'équipe remarquable. Dans la même veine, il a exhorté les agents à maintenir cette dynamique et à redoubler d'efforts pour relever les défis de 2025, tout en rappelant l'importance de leur rôle dans le développement économique et social des communautés desservies par la caisse.

« Je voudrais au nom de tous les dirigeants et en mon nom personnel, vous souhaiter une année fructueuse d'être et d'avoir », Noé Nana, PCA de la Caisse populaire Songtaaba

Noé Nana a réaffirmé son engagement à répondre aux préoccupations exprimées par le personnel et les membres. Il s'est engagéà transmettre fidèlement toutes les doléances aux instances compétentes, tout en collaborant avec les autres dirigeants pour trouver des solutions appropriées. Concernant les préoccupations relevant directement de la compétence des organes dirigeants de l'institution, il a assuré, au nom de ses collègues, que celles-ci seront examinées avec sérieux et dans les limites des moyens disponibles.
Le directeur régional des Caisses populaires du Centre, Issouf Soré, a également pris la parole pour encourager les agents. Il a insisté sur la nécessité d'un engagement continu afin de renforcer les performances du réseau et d'assurer une meilleure satisfaction des membres.

Noé Nana a reçu des mains du directeur régional des caisses populaires du Centre, Issouf Soré, son cadeau offert par le personnel de la Caisse populaire Songtaaba

La directrice de la Caisse populaire Songtaaba, Jeannette Gandema/Oubda, a pour sa part exprimé sa gratitude envers le PCA et le personnel pour leur dévouement. Elle a mis en lumière les défis auxquels la caisse est confrontée tout en réaffirmant l'engagement de la direction à créer un cadre propice au travail et à l'épanouissement des agents.

Cette cérémonie a été l'occasion de resserrer les liens entre les différents acteurs de la Caisse populaire Songtaaba et d'aligner leurs efforts autour d'une vision commune pour l'année à venir. Entre bilan positif et résolutions ambitieuses, cette rencontre illustre la volonté de tous de continuer àœuvrer pour le développement du réseau des caisses populaires et le bien-être de leurs membres.

La directrice de la Caisse populaire Songtaaba, Jeannette Gandema/Oubda s'est engagée à mettre les bouchées doubles pour atteindre les résultats escomptés

Prix burkinabè de la qualité grâce à son professionnalisme

La Caisse populaire Songtaaba, fidèle à sa mission, entend continuer à jouer un rôle central dans l'autonomisation économique des populations, en s'appuyant sur un personnel motivé et une direction visionnaire.

Pour rappel, en 2023, la Caisse populaire Songtaaba a été honorée du Prix burkinabè de la qualité, catégorie or, une distinction qui consacre son engagement pour l'excellence dans ses services et sa gestion. Ce prix prestigieux témoigne de la rigueur et du professionnalisme de l'équipe, ainsi que de la confiance renouvelée de ses membres. Fort de cet héritage, le personnel, soutenu par la direction, semble déterminéà poursuivre sur cette lancée pour consolider les acquis et relever les défis futurs. Avec un tel palmarès, la Caisse populaire Songtaaba continue d'incarner un modèle de réussite dans le secteur de la microfinance au Burkina Faso.

Hamed Nanéma
Lefaso.net

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Burkina : Sangoulé Lamizana, enfance d'un ancien président à Dianra

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Dans un article intitulé« Souvenirs d'enfance à Dianra », l'ancien président Sangoulé Lamizana revient sur son enfance éprouvée à Dianra, province du Sourou, dans la région de la Boucle du Mouhoun. Une enfance difficile due aux péripéties coloniales, familiales et scolaires mais aussi une enfance empreinte de résilience et de courage, valeurs qui lui ont permis de « s'accrocher toujours jusqu'à la victoire finale ». Retour sur l'enfance d'un ancien président dont les péripéties éclairent un pan de l'histoire du Burkina et même celle de l'Afrique en général.

En cette année 1924, le petit Sangoulé n'imaginait pas qu'il serait désormais orphelin de mère lorsqu'il entendit les cris et les larmes dans la cour familiale jadis calme. Sa tendre maman auprès de laquelle il trouvait refuge lorsqu'un évènement insolite survient est subitement entourée de femmes, la chambre bondée de pleureuses d'une matinée fatidique. Sa tante, le conduisit chez elle, à quelques mètres de la cour familiale, pour l'éloigner d'un événement qui, pourtant, lui est fatalement lié. Le petit Sangoulé, six ans, venait de perdre son père.

Son père Kafa est parti très tôt à cause « d'une mauvaise pneumonie », laissant derrière lui une épouse avec quatre enfants. Sa mère Djantoro dont le courage et le sens de la responsabilité ne sont plus à démontrer « refuse de se remarier et décide de se consacrer toute entière à sa petite famille ».

Quand son oncle Dembélé entendit la triste nouvelle, il décida de quitter Ouagadougou pour rentrer à Dianra, défiant tout ordre et tout commandement, abandonna en même temps la fonction non moins importante qu'il occupait au sein de l'administration coloniale : celle de garde cercle. Cela illustre à bien des égards la place qu'occupe toujours la famille dans la vie d'un Voltaïque, même éprouvé par les affres de la colonisation. L'on voit que dans l'Afrique en prise avec la colonisation, en tout cas dans le Dianra en Haute Volta, un habitant a décidé de retourner au village auprès des siens malgré le petit privilège dont il jouissait en tant que garde de cercle. Cet attachement fort à la famille, l'implication de Dembélé dans l'éducation des enfants de son frère n'a pas été sans incidence sur la vie du petit Sangoulé qui, malgré le décès de son père n'a pas senti le poids et la dure réalité de l'orphelinage.

Un enfant séduit par l'école du blanc mais malmené

Si dans l'Afrique coloniale en général et à Dianra en particulier, nombreux de ceux qui partaient à l'école le faisaient de force, ce n'était pas le cas chez le petit Sangoulé qui, dès l'âge de six ans, manifestait un désir ardent pour aller à l'école du blanc. En cette matinée du 25 septembre 1926, le petit Sangoulé, malgré le refus de son oncle qui s'inquiétait de son très jeune âge, insista pour que celui-ci l'envoie à l'école. Comme Samba Diallo dans L'Aventure ambiguë, un roman de Cheikh Hamidou Kane, le petit Sangoulé ira à l'école du blanc non pas pour apprendre seulement «à vaincre sans avoir raison » mais pour apprendre à« construire des demeures qui résistent au temps ».

Le cours préparatoire fini à Tougan, le petit Sangoulé devrait rejoindre soit Dédougou, soit Ouahigouya pour s'inscrire à l'école régionale en vue d'obtenir son certificat d'études primaires. Mais au lieu qu'il soit envoyéà Dédougou comme cela se faisait avec les élèves précédents, le petit Sangoulé fut orienté de manière inattendue à Ouahigouya, situéà une centaine de kilomètres de Tougan. Aimant et tenant coûte que coûte à l'école, Il prend ses dispositions le 22 septembre 1928 pour rejoindre Ouahigouya où fut accueilli chaleureusement par le Rassam-Naaba dans sa cour mais n'y durera pas car un beau matin le directeur de l'école leur fit comprendre qu'ils étaient orientés par erreur à Ouahigouya et qu'ils devraient rejoindre illico presto Dédougou.

Arrivéà Dédougou, le petit Sangoulé fut accueilli par un neveu de son oncle en service dans la localité, Maurice Tiémoko Lamizana. Il était bien traité, était compté désormais comme un enfant de Tiemoko et poursuivait ses études à l'aise. Mais, en février 1933, le petit Sangoulé apprend qu'il n'est plus Voltaïque mais Soudanais car son pays a été divisé et partagé entre ses voisins. Il raconte cet événement inattendu qui est arrivé comme un électrochoc en ces termes : « avec l'application de ce décret, nous voilà donc, en pleine année scolaire, par le fait du colonisateur, Soudanais un bon matin, au lieu de Voltaïques la veille en allant au lit. En hâte, il faut donc envoyer les écoliers ressortissants du cercle de Tougan et de la subdivision de Nouna, désormais Soudanais, vers l'école régionale soudanaise la plus proche. C'est celle de Ouahigouya. »

De retour encore à Ouahigouya et après quelques jours de cours dans des conditions exécrables alors qu'ils préparaient le certificat d'études primaires, un inspecteur venu s'enquérir de l'état de l'école ordonne leur renvoi pour un simple problème d'effectif. Cette décision au yeux du petit Sangoulé qui aimait l'école était la plus cruelle et la plus inhumaine possible : « On nous a colonisés sans demander notre avis. Soit. Que l'on me fasse changer de nationalité au gré des événements, passe encore. Mais que l'on me dénie le droit le plus élémentaire attachéà cette nouvelle nationalité, c'est-à-dire aller à l'école, est une bêtise…. Je me couche Voltaïque un soir, et le lendemain, je me réveille Soudanais, sans savoir comment, et pas à part entière. J'étais malheureux ».

Le petit Sangoulé de retour à Tougan, explique à son oncle la scène de leur renvoi : « je décris à mon oncle Bembélé la scène qui a conduit à l'aberrante et stupide décision qui nous mettre à la porte de l'école, sans même nous avoir délivré un simple certificat de scolarité, faisant ainsi de nous des non-êtres. On ne possède aucun document, aucun papier, prouvant que nous avons, un jour, mis les pieds à l'école des Blancs. » L'oncle Dembélé convainquit le petit Sangoulé d'aller faire de la menuiserie et décida de le confier à son ami Oumar Tall. Apprenti menuisier, Sangoulé Lamizana n'a pas renoncéà l'école et continue de suivre des cours de soir grâce à son maître de cours élémentaire de Dédougou, Mahamane Touré, qui venait d'être affecté opportunément à Tougan. C'est ainsi qu'il prépara son examen de fin d'études primaires et l'obtint l'année suivante.

Le commandement comme mode opératoire de la gouvernance coloniale

Dans l'Afrique coloniale française, le pouvoir se déployait non pas à travers la discussion, le débat et le droit, mais il s'opérait sous la forme d'humiliations, de tortures, de travail forcé, de coups et blessures, de violences, de servitude et de domination de toutes sortes ; un mode opératoire qu'Achille Mbembe a désigné sous le nom de « commandement », « de souveraineté coloniale » dont la conséquence est que « le colonisé ne peut être envisagé que comme la propriété et la chose du pouvoir ».

A Dianra, tout comme à Tougan, à Dédougou, tout comme à Ouahigouya et à Ouagadougou, l'on aperçoit ce mode opératoire du pouvoir en colonie à travers le récit de Sangoulé Lamizana : à travers l'attitude d'un inspecteur zélé qui, à cause de son pouvoir, renvoie de l'école sans aucun prétexte valable des enfants dont le triste sort est de s'être réveillés pour trouver que leur pays est divisé et partagé entre ses voisins. Ainsi « Monsieur Frédéric Assomption, impunément, de par son bon vouloir, met un coup d'arrêt à la carrière d'une trentaine de jeunes africains et compromet leur avenir. Comme çà, sans raison valable, c'est triste et vil. » Et ceci n'est rien par rapport aux autres formes de violences que subissent les colonisés.

La négrophobie en colonie

A côté de cette violence qui caractérise le régime colonial en Haute Volta de l'époque, s'illustre une autre forme de violence, plus terrible en ce qu'elle est négation de soi, haine autodestructrice, un mépris incontesté du Noir et entre les Noirs. Cette forme de violence, le philosophe Jacques Nanéma l'a désigné sous le nom de négrophobie qui « s'exprime chez les Noirs entre eux quand, dans leur imaginaire en attente de décolonisation impérative ou dans leur comportement quotidien, ils manifestent pour eux-mêmes un mépris incompréhensible, dans un climat d'autoflagellation destructrice ». Il souligne que dans l'Afrique postcoloniale, « les Noirs eux-mêmes participent à cette dynamique négative mise en œuvre pour les réduire (à néant. »
Mais à Dianra, cette négrophobie s'exprimait sous le visage hideux de Peuko qui, pour avoir été nommé chargé de mission du chef de canton s'arrogeait le droit sur toutes les populations de la localité. Peuko, ce personnage cynique est connu à Dianra pour « sa méchanceté, sa cruauté et ses brimades ». N'eut été l'intervention de Dembélé, l'oncle de Lamizana il aurait forcé un vieux à creuser un trou jusqu'à l'épuisement.

Mais le cas Peuko n'est qu'un cas épisodique devant l'ignoble boulot dont se targuent ces chargés de mission. Un vieux se lâche en ces termes : « Tu as raison Dembélé. Ce que le Blanc lui-même ne fait pas, ces va-nu-pieds se le permettent. Tous ces chargés de mission et autres conseillers occultes s'arrogent des droits inimaginables et rendent la vie impossible aux populations. C'est ainsi que d'autorité, ils se sont accaparés cinq poules et deux coqs appartenant à Tessan, cette année même ». Ainsi « Pendant la colonisation, sous le regard bienveillant du colonisateur blanc, certains auxiliaires africains avaient un comportement inhumain et indigne. Les brimades, les souffrances et autres humiliations étaient le lot quotidien des populations, surtout celles des campagnes, jusqu'en 1946, date de l'abolition des travaux forcés dans les colonies.

Parmi ces auxiliaires, figurent les courtisans zélés qui pullulent dans la cour des chefs de canton. Il y a aussi l'interprète, véritable bras droit du commandant de cercle. Bras séculier du commandant. Ensuite, il y a les gardes de cercle qui sont ceux que le commandant envoie en mission auprès des chefs de canton pour la transmission des ordres à exécuter, la collecte des impôts, la réfection des routes, etc. La chéchia rouge qu'ils portent, le mousqueton en bandoulière, la cravache à la main, le cheval richement harnaché, la cruauté dont ils ne se départissent jamais font qu'ils sont craints », relate Sangoulé Lamizana.

Wendkouni Bertrand Ouedraogo
Référence

Sangoulé Lamizana, Souvenirs d'enfance à Dianra In Burkina Faso, cent ans d'histoire 1895-1995, éditions Karthala 2003, p 216.

Cheikh Hamidou Kane, L'Aventure ambiguë, Julliard, 1961 ISBN 978-2-264-3693-3, P 14

Achille Mbembe, De la postcolonie, essais sur l'imagination politique dans l'Afrique contemporaine, Editions la Découverte, 2020, P.120

Jacques Nanéma, l'Afrique entre négrophobie et développement : du désarroi identitaire à la renaissance, in 50 ans après, quelle indépendance pour l'Afrique ? Éditions Philippe Rey, Paris 2010. P454

Burkina/ Réponse Humanitaire 2025 : 792,6 millions de dollars attendus pour 3,7 millions de personnes dans le besoin urgent attendue

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L'ensemble des acteurs intervenant dans le domaine de l'action humanitaire ont validé, le 17 janvier 2025, le plan national de réponse humanitaire 2025.

C'était lors de la 17e session ordinaire du conseil national de secours d'urgence et de réhabilitation (CONASUR).

Le point a été fait sur le site web d'Ocha (https://reliefweb.int).

Au sortir de cette 17e session ordinaire, les partenaires humanitaires appellent à une mobilisation renforcée de 792,6 millions de dollars US pour répondre aux besoins urgents de 3,7 millions de personnes au Burkina Faso.
Une session au cours de laquelle, la communauté humanitaire au Burkina à réitéré son engagement à soutenir les populations les plus vulnérables.

Ce, à travers une réponse humanitaire ambitieuse et coordonnée basée sur le plan national de réponse humanitaire 2025 qui a été validé. Ce plan, selon les acteurs, marque un tournant décisif dans la prise en charge des besoins humanitaires d'environ 5,9 millions de personnes, dont 3,7 millions seront ciblées par les partenaires humanitaires pour une assistance d'urgence.

Ce plan, fruit d'une étroite concertation entre le Gouvernement burkinabè et les partenaires humanitaires, reflète une vision commune. C'est-à-dire, qu'il permettra de répondre efficacement aux crises, tout en jetant les bases d'un avenir résilient pour les communautés affectées.

Avec un financement requis de 792,6 millions de dollars américains, le plan de réponse des partenaires humanitaires s'inscrit en parfaite synergie avec le plan national et constitue non seulement un cadre de mobilisation des ressources mais aussi un instrument de redevabilité et de transparence vis-à-vis de l'État et des bailleurs, ont-ils souligné.

Par ailleurs, les actions prévues en 2025 couvriront des domaines essentiels, tels que la sécurité alimentaire, la nutrition, la santé, les abris, l'éducation, la protection, l'eau, l'hygiène, et l'assainissement, ainsi que des activités génératrices de revenus, en complément des efforts du gouvernement burkinabè.

Dans leurs échanges, ils ont par ailleurs fait comprendre que cette approche multisectorielle vise à non seulement répondre aux besoins immédiats, mais également à renforcer la résilience des communautés. Ce qui est une priorité essentielle pour la transition vers des solutions durables.

C'est ainsi que la coordinatrice humanitaire au Burkina, Carol Flore-Smereczniak, a salué la vision du gouvernement burkinabè qui, tout en répondant aux crises immédiates, aspire à réduire progressivement la dépendance à l'aide humanitaire en faveur d'une assistance davantage axée sur le développement durable. « Cette approche holistique guidera nos interventions en 2025 et au-delà», a-t-elle expliqué.

Un accès limité et un sous-financement chronique

Cette 17e session a été aussi l'occasion pour les acteurs de faire le bilan des actions menées en 2024.

C'est en cela qu'ils ont rappelé que l'année 2024 a été marquée par des défis considérables, notamment l'accès limitéà certaines zones et un sous-financement chronique, avec seulement 44,8 % des besoins financiers couverts au 31 décembre.
Néanmoins, disent-ils, grâce à la détermination collective des partenaires et à l'appui continu des donateurs, 42 % des personnes ciblées ont pu recevoir une assistance vitale.

Une chose qui réjouit la coordonnatrice humanitaire qui l'exprime en ces termes : « nous exprimons notre profonde gratitude à nos partenaires financiers pour leur soutien constant à la réponse humanitaire au Burkina Faso. En 2025, il est impératif de mobiliser davantage de ressources pour sauver des vies, restaurer la dignité et renforcer la résilience des populations touchées par les crises ».

Tout en rassurant qu'elle et son équipe restent engagés aux côtés du gouvernement burkinabè pour relever ce défi humanitaire et à travailler à une transition vers des solutions structurelles et pérennes.

YZ
Lefaso.net

Human metapneumovirus : « La protection doit être collective voire institutionnelle, pour éviter que la maladie ne rentre au Burkina », Dr Dramane Ouédraogo

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Le nord de la Chine enregistre depuis quelques temps un pic de cas de Human metapneumovirus. Le virus touche principalement les enfants en bas âge ainsi que les personnes vivant avec des maladies chroniques dont le système immunitaire est affaibli. Il se transmet par des gouttelettes secrétées par les personnes infectées ainsi qu'au contact de surfaces infectées. Il se manifeste par un écoulement nasal, le rhume, la toux et la fièvre. Dans cette interview qu'il nous a accordé, Dr Dramane Ouédraogo, médecin généraliste et chargé de projets et programmes dans un cabinet privé de recherche nous en apprend davantage sur la maladie et prodigue des conseils aux concitoyens qui se rendent en Chine pour leurs affaires, pour se prémunir de la maladie.

Lefaso.net : que doit-on savoir du Human metapneumovirus ?

Dr Dramane Ouédraogo : Il faut noter que c'est un virus comme tout autre virus, mais sa particularité c'est que c'est un virus à tropisme respiratoire. Cela signifie que c'est un virus qui s'attaque au système respiratoire, notamment le poumon, la trachée, les branches et tout. Donc, tout le système respiratoire peut être la cible de ce virus-là. Le Human metapneumovirus est compté parmi les principaux virus qui créent des problèmes respiratoires. Il a des similitudes avec le virus respiratoire syncytial.

Concernant spécifiquement le HMPV quelles sont les manifestations de la maladie ?

Comme c'est un virus à tropisme respiratoire, ses manifestations sont essentiellement au niveau du système respiratoire. On a donc le rhume déjà, les difficultés respiratoires, la toux et tout ce qui rentre en ligne de compte avec le phénomène respiratoire. Il faut souligner que le HMPV touche essentiellement une catégorie de personnes qu'on peut appeler en griffes les personnes vulnérables. Il s'agit des personnes âgées, des enfants et des personnes vivant avec des maladies chroniques qui ont un système immunitaire défaillant. Vous savez que les virus sont essentiellement éliminés de notre corps par notre système immunitaire, donc ceux qui ont un système immunitaire défaillant sont un terrain favorable pour contracter ces virus-là.

On note donc que cette maladie a des similitudes avec l'épidémie de covid 19, parce que les cibles sont plus ou moins similaires. De la même manière dont le covid-19 s'attaquait aux personnes vulnérables, tels que les enfants, les personnes âgées et les personnes vivant avec des comorbidités, ces virus-là aussi ont tendance à se comporter de la même manière.

Est-ce qu'il y a des risques de complications qui peuvent entraîner un état de santé préoccupant ?

Bien sûr. Et toutes les pathologies, toutes les maladies, qu'elles soient virales, bactériennes ou parasitaires, ce que nous, médecins, nous craignons d'avoir, c'est déjà la complication ou l'aggravation, si on peut le dire ainsi. Et la finalité de tout, c'est la mort. Et donc, si vous voyez qu'il y a un système d'alerte qui a été mis en œuvre, cela sous-entend qu'il y a un risque de mortalité. Et lorsque ces pathologies sont transmises à l'humain et qu'elles ne sont pas bien gérées, cela peut évoluer vers la mort. Donc pour le HMPV il existe effectivement des risques de complication.

Est-ce qu'il existe à ce jour un traitement ?

Il n'y a pas de traitement pour ce virus. Mais ce qui est réconfortant, c'est que les systèmes de prévention existent. Parce qu'en santé, un bon médecin ou un bon système de santé est basé sur la prévention et non sur la guérison. Et donc, spécifiquement pour ce virus, en dehors des méthodes ou des techniques de prévention qui existent, telles que de se protéger, assainir le milieu de vie, il y a également le volet laboratoire qui réfléchit à mettre en place un vaccin. Et comme je le disais tantôt, ce qui est prometteur, c'est qu'il a à peu près la même similitude qu'un autre virus qu'on appelle le virus respiratoire syncytial, qui s'attaque également à la même similitude, les enfants, les personnes âgées.

Le souci avec ce virus, c'est que c'est un virus à ARN. Il y a deux catégories de virus qui existent, on a les virus à ADN et ceux à ARN. Ceux à ADN sont stables, donc facilement on peut maîtriser leurs structures. Par contre les virus à ARN ne sont pas stables, ils sont amenés à muter. Du coup, même si on arrive à fabriquer une substance qui peut s'attaquer à lui, une modification peut rapidement survenir et rendre le vaccin inefficace. Mais les laboratoires sont en train de réfléchir pour mettre en œuvre ce qu'on appelle les anticorps pour pouvoir lutter contre ce virus. Donc pour le moment, la recherche est en cours. Ce qu'il faut aussi noter, c'est que le virus est un peu récent, parce qu'il a été découvert en 2001. C'est vrai que quand on fait la recherche, on trouve qu'il a existé depuis 1956. Mais la confirmation de sa découverte, c'est à partir de 2001.

En attendant que la recherche ne mette au point un vaccin, qu'est-ce qu'on peut faire pour se prémunir de la maladie ?

En attendant que la recherche nous trouve des vaccins, on va se comporter de la même manière qu'on se comportait au début du covid-19, où on n'avait pas aussi encore de vaccin. C'est-à-dire respecter les gestes barrières, se protéger les voies respiratoires en portant le cache-nez, etc.

Notre chance on va la dire, c'est que la maladie n'est pas encore déclarée au Burkina Faso, donc la protection est d'abord collective voire institutionnelle pour éviter que la maladie ne rentre au Burkina. Nous savons que le pays qui développe actuellement cette épidémie c'est la Chine. Et si vous regardez le rapport du Burkina avec la Chine, beaucoup de commerçants vont en Chine et reviennent. On ne sait pas quand ils vont en Chine, dans quelle ville de la Chine ils vont et est-ce que cette ville-là a déclaré une zone épidémique ? Donc du coup, c'est de mettre de mettre l'accent sur un système de dépistage avant les sorties et à l'entrée. Ce n'est même pas que pour cette pathologie, pour d'autres pathologies qui peuvent exister, et sur lesquelles nous n'avons pas aussi beaucoup d'informations.
Mais pour ce qui concerne le HMPV, c'est de déjà mettre en place pour les voyageurs qui sortent et qui rentrent sur le territoire, un système de dépistage afin de déceler d'éventuels cas.

Est-ce que, si des cas sont détectés une mise en quarantaine est nécessaire ?

Bien sûr, toute pathologie, toute maladie transmissible, lorsqu'elle est détectée et en attendant de traiter la personne, on est amenéà mettre la personne en quarantaine. L'objet de la quarantaine, c'est pour éviter que cette personne-là ne soit une source de propagation. C'est ça la notion de quarantaine. Et la quarantaine peut être faite à la maison. On peut juste demander à la personne de rester chez elle, de ne pas aller quelque part. Et généralement aussi, la quarantaine n'est pas que pour prévenir la propagation, mais pour observer l'évolution de la maladie chez la personne. De telle sorte à pouvoir prendre des mesures le plus tôt possible lorsqu'on s'aperçoit de l'apparition de signes graves. Donc voilà un peu l'intérêt de la quarantaine.

Est-ce qu'au niveau institutionnel, des mesures sont prises pour prévenir la maladie ou la riposte au cas où elle arriverait au Burkina ?

Je pense qu'au niveau institutionnel les mesures existent. C'est vrai que je l'ai dit, on doit prendre des mesures au niveau institutionnel, mais ça existe avec l'expérience qu'on a vécue avec le covid. Il faut retenir que l'Afrique, plus précisément le Burkina Faso, n'a pas le même système de santé que les autres pays, continents : Asie et Europe. Notre système est déjà plus ou moins équipé et moins performant par rapport à ce système. Donc, il y a des approches telles que l'approche communautaire, les volontaires dans la sensibilisation, et les volontaires qui peuvent aider au niveau communautaire à lutter contre la maladie.
Ce que je voulais dire, avec l'expérience du covid c'est qu'on a mis beaucoup de systèmes en place pour d'abord déceler les cas de maladies ou d'épidémies à prendre au sérieux. Et également, il y a ce qu'on appelle des plans de riposte.

Le CORUS existe, et avec le temps, depuis l'avènement du covid à nos jours, ils ont vraiment renforcé leurs effectifs, les capacités, la compétence des membres. Et tout récemment, il y a eu une cohorte de médecins qui ont été formés à prendre en charge les risques sanitaires et même les maladies hémorragiques, comme l'Ebola et autres. Donc, beaucoup de systèmes existent.

Je suis convaincu que s'il faut qu'on active certaines phases de riposte, ça va se faire. Et quand je dis phases de riposte, c'est le système de gestion des épidémies. Il y a ce qu'on appelle le mode paix et le mode crise. Pour le moment, comme ce n'est pas à nos frontières, ce n'est pas au Burkina, on a l'impression que rien n'est fait.

La phase paix ne veut pas dire l'inactivité. C'est-à-dire qu'il y a des actions qui sont menées, il y a ce qu'on appelle la notification des cas, la surveillance épidémiologique qui est faite. Mais maintenant, c'est lorsque la maladie va arriver à nos frontières ou sur notre territoire, que vous verrez le développement de la phase crise qui va nécessiter le volet communicationnel, le volet mobilisation des ressources humaines, les agents de santé et même la logistique. Aujourd'hui, le monde, c'est comme un quartier. Ce qui se passe tout de suite en Europe ou aux États-Unis peut rapidement être à nos portes en quelques fractions de secondes. Donc voilà pourquoi on s'intéresse à tout ça. Mais je suis convaincu que lorsqu'on aura la confirmation que le risque est imminent pour le Burkina, les phases qu'il faut activer seront mises en œuvre.

Un dernier mot ?

Je voulais ajouter qu'au regard de notre système de santé, nos ressources limitées au Burkina, il va falloir qu'on développe ce qu'on appelle la lutte communautaire. Cela fait partie des recommandations que j'ai faites dans ma thèse. La lutte communautaire c'est quelque chose qui existe avec la Croix-Rouge et d'autres institutions.
Mais je pense qu'il y a beaucoup de ressources humaines. Par exemple, quand on prend le contexte du covid, il y a eu beaucoup de volontaires qui ont été mobilisés, de tous genres.

Souvent, ce ne sont pas que des agents de santé. Donc, c'est de travailler à renforcer la capacité de tous les acteurs potentiels qui pourraient lutter contre d'éventuelles urgences, comme pour le cas du Covid et même celle qui est un peu en Chine, qui éventuellement pourrait survenir au Burkina. Il faut former tous les acteurs, que ce soit les journalistes, les étudiants, les professionnels de santé et tous ceux qui pourraient éventuellement intervenir, de telle sorte qu'on ait ce qu'on appelle une cellule dormante. Donc l'invite, c'est de mettre beaucoup l'accent sur ce système de riposte qui est basé sur le volontariat communautaire.

Propos recueillis par Armelle Ouédraogo
Crédit photo : Auguste Paré
Lefaso.net

Opération casiers vides : Des salles quasi vides, les justiciables se font attendre

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L'opération spéciale casiers vides lancée par le Procureur du Faso près le Tribunal de grande de instance Ouaga 1, a débuté ce lundi 20 janvier 2025. Au constat dans les lieux aménagés pour abriter les audiences à cet effet, nous avons trouvé par endroits, des salles quasi vides et ailleurs, un engouement timide. Pour une première journée, le moins que l'on puisse dire, c'est que les justiciables se font attendre, en tout cas, pour les lieux que nous avons pu visiter.

Il est 8h15. Dans la salle 1 de l'ex Conseil économique et social (CES), les membres du Tribunal siègent pour écouter les justiciables redirigés vers ce lieu pour les besoins de l'opération spéciale casiers vides. Sur 20 dossiers censés être jugés ce 20 janvier 2025, pas plus de cinq personnes ont répondu présents. Plusieurs dossiers eux, ont été renvoyés.

Dans les deux autres salles aménagées à cet effet, l'ambiance est quasiment la même. On peut apercevoir quelques avocats qui vont et viennent dans la même salle, à la recherche de leurs clients ou même du lieu où est censé se tenir l'affaire pour laquelle ils sont là. Dans la salle 2, à la barre, comparaît un prévenu répondant des faits qui lui sont reprochés. Dans la salle 3, l'audience jusqu'à 9h, n'avait pas encore débuté. La salle elle, était presque vide. Seulement les acteurs qui étaient en place.

Après le CES, le cap est mis sur la mairie de Ouagadougou. Là aussi, une salle d'audience a été apprêtée pour les audiences, au R+1 de l'immeuble de l'Hôtel de ville. En saisissant le poignet de la porte pour l'ouvrir, nous constatons qu'elle était fermée. Autour de nous, pas le moindre chat ! Juste une nounou, au coin des escaliers qui s'occupe de sa petite fille, en attendant que sa maman finisse sa journée. A la question de savoir si elle avait vu du mouvement dans cette pièce, la garde d'enfant nous répondra par la négative.

Nous disant peut-être que la salle n'était pas celle dédiée aux "hostilités", nous revenons sur nos pas et apercevons des agents de la Police municipale. Après avoir échangé quelques civilités, nous leur demandons de nous indiquer la salle d'audience. L'un d'eux nous répondra que nous sommes bel et bien à la bonne adresse. Seulement, dira-t-il : "pour ici là, c'est fini. Les gens ne sont pas venus. Si ce n'est pas vous allez revenir demain pour la suite". Il était 9h23.

En quittant ces lieux, nous atterrissons au TGI Ouaga 1 aux alentours de 9h45. Là, la salle d'audience 1 est, comme à l'accoutumée, bondée de monde. Là, les débats se tiennent comme il se doit. Les prévenus défilent et s'expliquent à la barre. En consultant les autres salles, nous constatons qu'une audience se tenait dans la 2. La 3, elle, était vide. Dans la salle Attiron, nous voyons les acteurs en place, avec quelques deux, trois personnes dans l'assistance, sans oublier la GSP. Pas plus !

Le dernier site que nous avons visité est celui de l'arrondissement 2, situé derrière l'immeuble Baoghin, au quartier Larlé. Contrairement aux autres sites, celui-ci a accueilli un peu de monde dans la salle. Nous trouverons là, des acteurs installés et jugeant un dossier de séquestration. Des faits que nous avons pu capter en y assistant pour quelques minutes, un homme aurait été retenu de force dans les locaux de son service par ses collègues, pour le contraindre à discuter du fonctionnement de leur institution. Convoqué plus tard par leur Directeur général, les belligérants s'étaient excusés pour le malentendu. Mais finalement, la victime n'a pu ruminer son mal. L'affaire est en justice.

De passage pour observer comment fonctionnent les choses, nous avons accosté le Procureur du Faso près le TGI Ouaga 1, Blaise Bazié, dans l'espérance d'avoir une réaction de lui sur le déroulement de cette opération, attendue pourtant par la presse comme le retour du Christ. "Je crois que comme c'est le début, il est mieux d'attendre un peu. Demain, le ministre sort pour une tournée. Il serait bien que vous gardiez vos questions en attendant, là, on pourra y répondre d'un trait demain" nous a-t-il répondu, tout en souhaitant qu'on soit des leurs le 21 janvier, pour la visite du ministre en charge de la justice.

Finalement, notre journée s'achèvera là. Et c'est autour de 12h que nous mettrons les gaz, laissant derrière nous, le site de l'arrondissement 2. Rappelons que l'opération casiers vides devrait permettre d'évacuer 2000 dossiers, d'ici au 30 janvier 2025.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

Bénin/ Béatification du Cardinal Bernardin Gantin : La conférence épiscopale de Lazio donne son quitus au projet

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Selon plusieurs médias, dont le "Matinal" béninois, la conférence épiscopale du Lazio a donné son avis favorable au projet de béatification et de canonisation du Cardinal Bernardin Gantin.

C'était lors de sa session plénière tenue le 13 janvier 2025 à Frascati, dans la province de Rome (Italie).

Une approbation qui marque une étape importante dans le processus de reconnaissance de l'héritage spirituel et pastoral du cardinal, figure emblématique de l'Eglise catholique et un fils illustre du Bénin.

Né le 8 mai 1922 à Toffo, dans l'archidiocèse de Cotonou, Bernardin Gantin a marqué l'histoire de l'église catholique. Ordonné prêtre en 1951 et consacréévêque en 1957, il a été l'un des premiers prélats africains à entrer dans la Curie romaine.

Nommé cardinal en 1977 sous le pontificat de Saint Paul VI, il a occupé plusieurs postes clés, dont celui de préfet de la Congrégation pour les évêques et de président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine à partir de 1984.

Son influence s'est étendue bien au-delà du Bénin, notamment à travers sa participation active au Concile Vatican Il et à divers synodes, où il a œuvré pour le dialogue entre les cultures africaines et la foi chrétienne, incarnant ainsi l'inculturation de l'Évangile.

L'avis favorable donné par la Conférence épiscopale du Lazio ouvre ainsi la voie à la reconnaissance officielle de son rôle exceptionnel dans l'église catholique.

Comme lui, trois Burkinabè sont aussi sur la liste de la béatification et la canonisation de Rome.

Lefaso.net


Même si on ne reconnaît pas ton talent, n'arrête pas de croire en toi.

Gestion participative des déchets urbains : Il faut sensibiliser les ménages à s'abonner aux services de collecte

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Introduction

La gestion participative des déchets urbains est un enjeu majeur pour améliorer l'hygiène, l'environnement et la qualité de vie dans les zones urbaines. Un des aspects essentiels de cette gestion est la sensibilisation des ménages à s'abonner aux services de collecte des déchets. Les organisations de salubrité, engagées dans la gestion et de valorisation des déchets, sont confrontées à plusieurs obstacles. La population urbaine du Burkina Faso, estimée à environ 30% de la population totale, connaît une croissance rapide, entrainant une augmentation de la production de déchets. Selon les estimations, cette production de déchets urbains a considérablement augmenté ces dernières années. À titre d'exemple, près de 700 000 tonnes d'ordures ont été produites dans la capitale (Ouagadougou) en 2020, qui compte quelque 3 millions d'habitants (RGHP, 2019).

1. Méthodologie

L'étude s'est déroulée dans la ville de Kaya, une commune située à environ 100 km de la capitale. Elle est le chef-lieu de la province du Sanmatenga et de la région du Centre-Nord. La collecte des données s'est appuyée sur un questionnaire et des guides d'entretien pour avoir les informations nécessaires dans le but d'approfondir la compréhension du sujet. L'enquête s'est déroulée en juin 2023 auprès de 350 ménages et d'une vingtaine de personnes de ressources : services techniques de l'Etat, associations de jeunesses et de femmes, des travailleurs du secteur informel, des organisations de collecte des déchets, des autorités coutumières et religieuses, des personnels de l'éducation et des agents municipaux.

2. Les acteurs associatifs de la gestion des déchets

La gestion de déchets ménagers s'inscrit dans des logiques individuelles et collectives. La décentralisation au Burkina Faso a mis les Communes en face de leur responsabilité mais dans un contexte de dénuement économique. Cette situation oblige celles-ci à développer des partenariats pour mieux assumer leur responsabilité dans l'aménagement urbain.

C'est ce qui est mis en œuvre dans le domaine de la gestion des déchets ménagers de la ville de Kaya. Des associations de la ville de Kaya, avec l'appui de partenaires extérieurs, ont développé des initiatives dans le domaine de la gestion des déchets. Deux organisations sont les plus connues dans la chaîne de gestion des déchets domestiques. Il s'agit de l'Association Jeunesse et Action pour le Développement Durable (AJADD) et de WASONGMA, une association mixte de collecte des ordures domestiques. Le mode opératoire de ces associations est identique.

Il s'agit de collecter, auprès des particuliers et des services, des déchets ménagers contre payement d'un montant forfaitaire. Il leur arrive de développer des initiatives d'activités de salubrité publique en curant les caniveaux, en nettoyant les centres de santé et d'autres espaces publics. Des ONG interviennent également dans l'assainissement à Kaya. Ce sont des partenaires qui soutiennent les efforts de la Mairie dans le domaine de l'hygiène publique. Certaines d'entre elles appuient les comités d'hygiène mis en place sur les sites d'accueil des personnes déplacées par la sensibilisation et la dotation en matériel de nettoyage.

3. Manque d'intérêt de la population pour l'abonnement aux services de collecte

L'offre de service de salubrité est insuffisante avec un faible taux de ménages abonnés à une structure de collecte permanente des déchets. En effet, sur 350 ménages enquêtés, seulement 12% sont abonnés à un service de collecte des déchets solides. Selon les résultats de l'étude, 40% des ménages trouvent que s'abonner à un service de collecte des déchets n'est pas nécessaire tandis que 25,10% des ménages accusent les collecteurs (organisations de collecte) d'être irrégulières. Le faible taux d'abonnement se justifie d'une part par l'insuffisance de l'offre du service de collecte auprès des ménages, et d'autre part par une faible compréhension de son importance dans le dispositif de gestion des déchets.

4. Faible connaissance du tri sélectif

Le tri des déchets consiste à séparer les déchets selon leur nature à la source en vue de leur gestion efficace. Les ménages et les services publics devrait faire le tri sélectif afin de faciliter le travail des organisations de collecte des déchets. Cependant, l'étude montre que la proportion des ménages ayant connaissance du tri sélectif est de 13%.
Ce taux est très faible et ne facilite pas les activités des organisations de salubrité qui doivent fournir de nombreux efforts pour la conduite de leurs actions.

5. Importance de l'abonnement aux services de collecte des déchets

L'abonnement aux services de collecte des déchets permet une gestion plus organisée et efficace des déchets. Sans une collecte régulière et adéquate, les déchets s'accumulent dans les rues, créant des nuisances, des risques sanitaires et environnementaux (comme la prolifération des maladies). La gestion participative, où chaque citoyen prend conscience de son rôle, est donc essentielle pour assurer la propreté de la ville et préserver l'environnement.

Une collecte organisée des déchets contribue à réduire la pollution de l'eau, de l'air et du sol, à améliorer l'hygiène publique et le cadre de vie des populations. L'abonnement aux services de collecte présente donc des avantages certains pour la santé des citoyens. Cependant, des défis à relever existent. Les ménages en difficultés manquent de moyens financiers à payer pour les services de collecte. Il est donc important de proposer des services à des prix abordables et flexibles. Il y a aussi l'insuffisance d'infrastructures dans certains quartiers qui rend l'abonnement moins attractif. Il est nécessaire de renforcer les capacités des municipalités et des organisations de salubritéà gérer efficacement ces services.

Conclusion

La gestion participative des déchets urbains repose sur l'implication active de chaque ménage dans l'abonnement aux services de collecte. Pour y parvenir, une sensibilisation adéquate est essentielle. Cela nécessite de communiquer les avantages d'un système de gestion des déchets organisé tout en mettant en place des politiques incitatives pour encourager une participation régulière. Les stratégies de sensibilisation sont entre autres :

les campagnes de communication ciblées en utilisant tous les moyens de communication nécessaires.
l'éducation communautaire en organisant des sessions de sensibilisation dans les quartiers pour informer les ménages sur les services de collecte, la fréquence des collectes et les tarifs. Impliquer les leaders communautaires dans cette démarche peut augmenter l'impact.
les partenariats pour impliquer les organisations de la société civile et entreprises locales dans les activités de sensibilisation.

En agissant collectivement, les citoyens et les autorités locales peuvent contribuer à une gestion des déchets plus durable et à un environnement urbain plus sain.

Dr Siaka GNESSI
Ouagadougou, INSS/ CNRST
gnessisiaka@gmail.com

Références bibliographiques

DOUGLAS M., 2001, De la souillure : Essai sur les notions de pollution et de tabou, Paris : La Découverte, Paris, Coll. La Découverte poche, 205 p. ELA J.-M., 1983, la Ville en Afrique noire, Paris, Karthala, 219 p.
DURAND Mathieu et BACCONNIER Sandrine, 2021, « Le service public des déchets : quelles limites ? », Raison présente, n° 220, p. 19-28.

GNESSI Siaka, 2024, « Les organisations de salubrité urbaine à Kaya : entre faible participation citoyenne et défis de la valorisation des déchets », Sciences et Techniques, Série Lettres, Sciences sociales et humaines, CNRST, Vol. 40, N°2 (2024) : Juillet-Décembre, CNRST, Ouagadougou.

KOUADIO, K., SANOGO, B., & TAPSOBA, S. (2021). La gestion des déchets urbains au Burkina Faso : défis et solutions pour une gestion durable. Journal of Environmental Management, 48(3), 112-124.
INSD, (2022), Synthèse des résultats définitifs du cinquième recensement général de la population et de l'habitation de 2019, 133p

Burkina : Des acteurs de l'éducation à l'école de la santé mentale et du soutien psychosocial

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Du 20 au 24 janvier 2025, des acteurs de l'éducation venus de plusieurs régions du pays, vont renforcer leurs capacités en santé mentale et en soutien psychosocial. La présente session de formation vise à faciliter l'intégration d'activités de santé mentale et de soutien psychologique dans le système éducatif.

Au regard de la situation sécuritaire que traverse le Burkina Faso depuis quelques années, des enseignants accueillent souvent des élèves ayant subi des traumatismes du fait du terrorisme. Il est donc important qu'ils soient outillés, pour faire face à de telles situations. A en croire Dr Éric Somda, psychologue, et facilitateur de l'atelier, il ne s'agit pas de faire des enseignants des experts en santé mentale, mais de leur donner certaines connaissances pour reconnaître les difficultés au plan psychologique et essayer d'y apporter une réponse. La finalité des différents modules qui seront développés au cours de l'atelier est donc d'accompagner les enseignants pour une intégration des activités de santé mentale dans le système éducatif.

Dr Éric Somda, psychologue, facilitateur de l'atelier

Les participants vont ainsi apprendre davantage sur la santé mentale, les signes d'une souffrance ou d'une difficulté au niveau de la santé mentale et comment faire face à ces signes ou vers qui référer l'élève en cas de besoin. « Ils vont également apprendre en tant qu'enseignants, à prendre soin de leur bien-être et de celui des apprenants. Nous allons également voir avec ces différents acteurs au niveau local, quelles sont les actions que l'on peut entreprendre concrètement en vue d'implémenter ces activités de santé mentale et de soutien psychosocial dans leurs activités au quotidien », a précisé Dr Éric Somda, psychologue, et facilitateur de l'atelier.

Pour les participants, cet atelier revêt une importance capitale et va leur permettre d'acquérir les rudiments nécessaires pour prendre en charge et le bien-être physique et le bien-être psychologique des élèves qui leur sont confiés. Pascal Yabré, de la direction régionale de l'Institut national de formation des personnels de l'éducation de la région de l'Est, espère ressortir de cette session de formation, nanti des outils nécessaires pour prendre en charge, en sa qualité d'acteur de l'éducation, les enfants affectés par la crise sécuritaire. Une fois de retour dans sa région, il compte partager ce qu'il aura appris avec ses collaborateurs. « La région de l'Est est très affectée par la crise sécuritaire. Et de ce fait, il y a beaucoup d'enfants qui sont dans des situations très difficiles. Cette formation va nous aider à savoir comment les aider à aller mieux », a-t-il ajouté.

Pascal Yabré, en service à la direction régionale de l'Institut national de formation des personnels de l'éducation de la région de l'Est

Athanase Yaméogo, proviseur du lycée provincial de Koudougou, a laissé entendre que la santé mentale et le soutien psychosocial fait partie des activités quotidiennes des enseignants et acteurs de l'éducation. Cependant, ils la pratiquent sans formation. La présente session constitue donc pour lui une véritable aubaine pour acquérir des méthodes d'approches et de prise en charge de la santé mentale, des élèves, du corps enseignant et du personnel administratif. Il compte faire profiter le conseil de direction, les enseignants, le comité des élèves, des nouvelles connaissances qu'il aura acquis une fois de retour dans son lycée.

Athanase Yaméogo, proviseur du lycée provincial de Koudougou

Selon le secrétaire général du ministère de l'Enseignement de base, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales, Ibrahima Sanon, du fait de la crise sécuritaire, les structures éducatives enregistrent des enfants affectés par les crises et qui ont besoin d'une prise en charge psychosociale à même de leur permettre de retrouver un bien-être mental, émotionnel et social.
C'est ainsi ajoute-t-il, que la présente session de renforcement de capacités va permettre aux enseignants de mieux répondre aux défis contemporains liés non seulement à l'environnement d'apprentissage, mais surtout au bien-être des apprenants.

« En tant que gestionnaires du système éducatif et facilitateurs d'acquisition de connaissances et de compétences, les acteurs de l'éducation, notamment les enseignants et les responsables d'établissements doivent, pour assurer une éducation de qualité, être équipés de compétences adaptées pour gérer des environnements d'apprentissage diversifiés à même de promouvoir le bien-être des apprenants et répondre à leurs besoins psychologiques », a-t-il souligné.

Ibrahima Sanon, secrétaire général du ministère de l'Enseignement de base, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales

Le présent atelier de formation est organisé par l'Institut international pour le renforcement des capacités en Afrique de l'UNESCO (IICBA). L'institut a pour mission de renforcer les capacités des enseignants en Afrique. « Cet atelier vise à répondre aux défis auxquels sont confrontés les enseignants. L'objectif global du projet est de créer des environnements d'apprentissage sûrs, favorables et résilients, afin de protéger le droit des enfants à l'éducation, même en période de crise ou de conflit », a laissé entendre Moritani Kasumi, coordinatrice de projet à IICBA.

Moritani Kasumi, coordinatrice de projet à IICBA

Le présent atelier a été organisé avec l'appui financier du gouvernement japonais et s'inscrit dans le cadre d'un projet financé par le Japon et visant à assurer la continuitééducative dans des circonstances difficiles. Présent à la cérémonie d'ouverture, l'ambassadeur du Japon au Burkina Faso, Jun Wagashima s'est adressé aux participants en ces termes : « J'ai la conviction que cet atelier de formation vous permettra de devenir des promoteurs d'environnements d'apprentissage sûrs, favorables et propices. Les échanges que vous aurez vous permettront de développer des compétences centrées sur l'apprenant, avec des méthodes participatives... Je vous invite à faire de cet atelier un cadre productif. Il doit être productif en réflexions, en compétences et en approches qui favorisent la promotion de la santé mentale et du soutien psychosocial des apprenants dans un contexte de crise. L'éducation est un droit, et il est de notre devoir d'en assurer la continuité afin de garantir à nos sociétés un avenir de paix et de progrès partagé».

Jun Wagashima, ambassadeur du Japon au Burkina Faso

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net

Burkina : « On m'a donné le surnom de dame de fer ou de Margaret Thatcher », Jeanne Somé/ Dombwa, ancienne secrétaire d'État chargée de l'Éducation non-formelle

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« Mieux vaut tard que jamais », dit l'adage. Âgée de 82 ans, Jeanne Somé/ Dombwa a dédicacéson premier livre intitulé« Bohan ou la fille des Rochers ». À travers cette œuvre autobiographique, elle souhaite laisser des traces de son existence et inspirer les générations actuelles et futures. Dans cette interview qu'elle a accordée au journal Lefaso.net, celle qui est connue pour son franc-parler n'a pas dérogéà la règle. Installez-vous confortablement et abreuvez-vous à l'école de la vie, pour ne pas dire de sa vie.

Lefaso.net : Pourquoi avez-vous décidé d'écrire votre autobiographie ?

Jeanne Somé/ Dombwa : C'est à la demande de mes enfants qui ont voulu que je laisse quelque chose de ma vie pour eux, ainsi que pour ceux que mon vécu peut intéresser.

Pourquoi ce titre, « Bohan ou la fille des Rochers » ?

Je voulais qu'on sache d'où je viens, parce que Bohan indique mon origine. C'est mon prénom traditionnel en langue bwaba, même s'il ne figure pas sur mon acte de naissance. Mon village est niché dans des rochers et des collines, d'où le prénom « la fille des Rochers ».

N'avez-vous pas peur que de cette œuvre autobiographique heurte certains de vos proches ?

On ne peut pas empêcher les gens de penser ce qu'ils veulent. Mais, avec mon encadreur, le professeur Yves Dakouo, et mon fils, nous avons essayé de prendre les précautions nécessaires pour ne pas heurter tous ceux que j'ai côtoyés ou ceux dont j'ai prononcé le nom dans le livre. On a essayé d'édulcorer certaines choses ou même de les ignorer, pour ne pas heurter la sensibilité des gens. Si malgré tout, certains sont frustrés, je dis tout simplement que je raconte ma vie comme elle a été, avec des hauts et des bas. Je raconte ma vie avec ses amitiés et ses inimitiés.

Photo prise à l'occasion de la dédicace de « Bohan ou la fille des Rochers », le dimanche 5 janvier 2025.

Parlez-nous de votre parcours scolaire et professionnel.

J'ai été au collège Tounouma-Fille jusqu'au BEPC. Au second cycle, je suis allée à Kologh-Naaba (Ouagadougou). À la fin, j'ai eu le baccalauréat et je me suis mariée. Je suis allée à Abidjan pour les études supérieures. Très tôt, j'ai eu une première grossesse. Mes grossesses étaient très difficiles. En deux ans à l'université, je n'avançais pas. J'ai dû arrêter les études supérieures sans avoir obtenu de diplôme. Je me suis alors lancée dans l'enseignement. Il y avait le concours de recrutement des inspecteurs de l'enseignement du premier degré. Mes camarades m'ont conseillé de passer ce concours.

Finalement, j'ai accepté et j'ai réussi. Je suis venue faire la formation à l'École des cadres de l'éducation nationale. À la fin de la formation qui a duré deux ans, je suis sortie avec mon diplôme d'inspecteur de l'enseignement du premier degré. Ce diplôme permet d'encadrer les enseignants et les élèves dans les écoles primaires. Première affectation, je me suis retrouvée à la direction de l'enseignement du premier degré. À l'époque, c'est la direction qui coiffait toutes les écoles primaires de la Haute-Volta. J'ai commencéà travailler comme adjointe au directeur de l'enseignement. Entre temps, un ancien m'a conseillé de me spécialiser en enseignement préscolaire.

Il a constaté que j'aimais les enfants et disait que j'avais la capacité de le faire. Un jour, j'en ai parléà mon directeur qui a trouvé que c'était une bonne idée. Ensemble, on est allé voir le ministre de l'Éducation nationale de l'époque. Il a trouvé que c'était une bonne idée. Le ministre a saisi son collègue de la Fonction publique. Il y a eu une décision qui m'a mise en stage afin que je me spécialise. Je suis donc allée en France où j'ai eu mon diplôme de spécialiste de l'enseignement du préscolaire. Une fois de retour au pays, j'ai repris mon travail à la direction de l'enseignement. On m'avait chargée, entre temps, de tout l'enseignement primaire privé et préscolaire. Je sillonnais le pays pour voir les centres d'éducation préscolaire et, en même temps, les écoles primaires privées.

Quelques temps après, j'ai été nommée à la direction de l'enseignement du premier degré. J'ai été remplacée par la suite. On m'a affectée à l'école des cadres où on formait les inspecteurs et les conseillers pédagogiques. Je suis allée là-bas pour enseigner. Entre temps, j'ai été recrutée par l'ONG Plan international. J'ai été recrutée avec un ancien inspecteur. Nous nous sommes occupés du volet éducation de l'ONG. Après cette expérience, je suis repartie au ministère. Une fois là-bas, on m'a mise à la disposition du secrétaire général pour étudier des dossiers. Finalement, le ministre de l'Éducation nationale m'a prise comme son deuxième conseiller technique. Lorsque l'âge de la retraite est arrivé, on a sorti mon arrêté de mise à la retraite. En même temps, on a sorti un arrêté de réquisition pour deux ans afin que je travaille auprès du ministre. On m'avait confié le dossier de la mise en place des directions régionales de l'éducation nationale. Il fallait que je mette en place ces directions, d'où cette réquisition.

Au terme de cette mission, j'ai été libérée pour profiter de ma retraite. Avec l'assassinat du journaliste Norbert Zongo, le président de l'époque, Blaise Compaoré, cherchait à apaiser les tensions. Il a donc décidé de former un gouvernement d'union nationale et d'ouverture. Je ne sais pas par quelle acrobatie, je reçois un appel du Premier ministre qui dit qu'il veut me voir. Je suis allée m'entretenir avec lui. Il a dit qu'on veut me confier la charge de l'enseignement non-formel. Ce volet prend en compte l'alphabétisation. Je ne connaissais pas ce domaine parce que, durant toute ma carrière, j'ai travaillé au formel.

Mais, finalement, j'ai accepté. Je suis entrée au gouvernement comme secrétaire d'État chargée de l'Alphabétisation et de l'Éducation non-formelle. Je me suis mise au travail. Je me suis renseignée et j'ai beaucoup lu. À l'époque, il n'existait pas de documents qui définissaient le non-formel au Burkina Faso. Je me suis donc attelée à y remédier parce qu'on ne pouvait pas travailler sans la documentation. J'ai donc recruté deux enseignants expérimentés qui ont réfléchi sur la question et ont proposé un document qui a permis de définir l'éducation non-formelle au Burkina Faso, le public cible et, éventuellement, le programme à mettre en place. Une fois que les grandes lignes ont été dégagées, il fallait développer le programme. Je précise que le non-formel, c'était une idée qui voulait que les enfants entre 9 et 15 ans qui n'ont pas pu aller à l'école puissent fréquenter des centres où on parlait les langues nationales et le français. Aussi, grâce à ces centres, ils devaient apprendre des métiers.

De nombreuses personnes travaillaient dans le domaine de l'alphabétisation. Ce n'était pas organisé. On ne pouvait pas laisser les gens faire ce qu'ils voulaient. J'ai donc proposé au Premier ministre qu'on mette en place certaines règles qui définissent l'alphabétisation, qui peut alphabétiser et dans quelles conditions, etc. Il y avait des financements qui venaient de partout. J'ai voulu qu'on organise tout cela en créant un fonds. Grâce aux ressources mobilisées par les partenaires techniques et financiers et l'État, nous avons formé les opérateurs en alphabétisation. L'État était donc chargé de définir le programme et les profils. Les partenaires devaient appliquer les règles de l'État. On a réussi à mettre en place ce fonds pour l'alphabétisation et l'éducation non-formelle.

La politique est ce qu'elle est. Finalement, le gouvernement a été reconstitué. Dès le départ, j'avais précisé au Premier ministre que, pour des raisons de famille, qu'on ne me demande pas de prendre une carte de parti. Mon mari était très malade et je ne pouvais pas m'engager dans un parti politique. Etant donné que je n'avais pas de carte politique et qu'il existait beaucoup de partis politiques, lorsque que le gouvernement a été renouvelé, j'ai été libérée. Les partis politiques se sont partagé les postes ministériels. J'ai donc pris ma retraite et je me reposais. Un jour, je reçois un appel du président de l'Assemblée nationale. Il dit qu'il souhaite me voir. J'y vais et il me dit qu'au niveau de l'État, ils sont en train de réorganiser la justice et ils veulent mettre en place un Conseil constitutionnel et une Cour des comptes à part.

Il a dit qu'on a penséà moi pour être membre du Conseil constitutionnel. J'ai précisé que je n'avais pas été en faculté de droit. Il a dit qu'avec mon expérience, je pouvais servir. J'ai donc accepté. Lorsque le premier Conseil constitutionnel a été nommé, je me suis retrouvée àêtre membre du Conseil constitutionnel. Nous étions trois femmes et six hommes. C'est une nouvelle institution qu'il fallait mettre sur pied, ce n'était pas facile. Grâce à Dieu, on a réussi à mettre le Conseil constitutionnel sur pied et on a managé l'élection présidentielle à l'époque. J'avais un mandat de six ans. À la fin du mandat, j'ai été libérée. J'ai pris la décision de partir définitivement à la retraite et de m'occuper de mon époux malade.

Jeanne Somé/ Dombwa, 82 ans, est mère, grand-mère et arrière-grand-mère.

Dans ce passage du livre, «À ma nomination à la direction générale, certains hommes s'étaient montrés sceptiques quant à ma capacité intellectuelle et managériale ; d'abord parce que c'était la première fois que ce poste était occupé par une femme et, ensuite, j'avais été formée localement, à Ouagadougou, et non à Abidjan comme certains de mes prédécesseurs », on constate qu'être une femme chef à l'époque n'était pas une tâche aisée. Comment avez-vous fait pour vous imposer ?

Lorsque je suis arrivée à la direction de l'enseignement du premier degré comme directrice générale de l'enseignement du premier degré et de l'alphabétisation, certains collègues hommes n'étaient pas heureux et n'avaient pas confiance en moi. Pour eux, je n'étais pas la personne la mieux indiquée pour occuper ce poste. Les premiers inspecteurs de l'enseignement du premier degré ont été formés à Abidjan. Nous, nous faisions partie de ceux qui ont été formés à Ouagadougou.

On nous appelait les inspecteurs formés à Zogona (quartier de Ouagadougou). À ma prise de service, on avait, chaque année, une réunion des inspecteurs de l'enseignement du premier degré afin de faire un bilan. Quand j'étais déjà adjointe, ces réunions se faisaient. On se retrouvait pendant trois jours et on évoquait seulement les problèmes administratifs. À mon arrivée, j'ai souligné que les jérémiades n'ont jamais résolu un problème. J'ai donc proposé qu'on se réorganise.

Ces rencontres de trois jours ont été transformées en rencontres de formation ou de recyclage. Les inspecteurs ont été répartis par groupes pour travailler sur un thème qu'on avait choisi. Par exemple, il y a eu une année où on avait décidé de travailler sur les programmes de l'éducation de l'enseignement primaire. Mon premier souci était de savoir si chaque inspecteur maîtrisait le programme du CP1 au CM2. J'ai demandéà un professeur d'université spécialiste de ces questions d'analyser leurs réponses. Pendant un à deux jours, il formait les inspecteurs. Certains n'aimaient pas cette façon de travailler et d'autres ne voulaient pas me sentir.

À la conférence des inspecteurs, lorsque je parlais, ils posaient des questions dans le but de m'embarrasser. Ma chance, j'ai grandi au milieu de garçons uniquement. Depuis mon enfance, j'avais appris à me défendre dans un milieu masculin. Le milieu masculin ne me faisait pas peur ; bizarrement, c'est le milieu féminin qui me faisait peur. Quand ils me provoquaient, je leur répondais du tac au tac. Au bout de deux rencontres, ils se sont aperçus qu'il fallait coller la paix à cette femme. Au départ, il fallait montrer qu'on ne pouvait pas me démonter par une parole. Les gens disent que nous les femmes, il suffit de nous dire des choses et on va directement pleurer. J'ai refusé de leur donner raison. Tu parles mal, je te réponds mal.

On vous qualifie de dame de fer ; est-ce le cas ?

Je n'en sais rien, il faut plutôt poser cette question à ceux qui m'ont qualifiée de dame de fer. Je n'ai jamais compris ce qu'ils sous-entendaient par dame de fer. Mais, j'avais mes principes. La première circonscription que j'ai prise, l'inspecteur qui y était avant moi avait reçu l'ordre, avec d'autres inspecteurs, de faire un grand mouvement des enseignants. Il avait été constaté que certains enseignants travaillaient seulement à Ouagadougou. L'inspecteur avait fait le mouvement sur le papier. Il n'avait pas signé. J'arrive et il m'informe qu'il a fait le mouvement, mais qu'il n'a pas signé.

Il a dit que je pourrai effectuer des changements selon ma convenance. Je lui ai rappelé que je ne connais pas les enseignants comme lui, parce que je viens d'arriver. J'ai finalement signé et on a ventilé les enseignants. Certains étaient mécontents. Lors de la première rencontre avec les directeurs d'école, il y avait des plaintes. J'ai expliqué aux concernés que le mouvement a été fait par mon prédécesseur, j'ai juste signé. J'ai dit à ces derniers que je n'étais pas intéressée par leurs vies privées. Je leur ai rappelé que la seule chose qui nous réunit, c'est l'intérêt de l'enfant burkinabè. Je n'ai aucun problème avec celui qui fait bien son travail.

Mais, celui qui veut négliger son travail et faire du mal aux enfants va me rencontrer sur sa route. Rien ne peut nous opposer, sauf le travail. Par exemple, il y a une dame qu'on avait affectée à Ouagadougou. Le directeur provincial l'a mise à ma disposition. C'était déjà la rentrée des classes. Il y avait donc des postes vacants à Bassinko, Bissighin, etc. Lorsque je reçois un enseignant, je cherche à pourvoir les postes vacants où il n'y a pas d'enseignants. En apprenant que j'étais l'inspectrice en charge de son dossier, elle s'est mise à pleurer. Elle a demandéà son inspecteur de venir me parler. Il lui a dit que de chercher à me rencontrer.

Elle est venue un jour à mon bureau. Je vois ses larmes qui coulent. Je lui ai demandé pourquoi elle pleurait. Elle a répondu que son mari est à Ouagadougou et qu'elle a donc demandéàêtre affectée à Ouagadougou. « J'ai été mise à votre disposition, je sais que vous allez m'affecter dans un village ». Je lui ai dit qu'elle avait raison de s'inquiéter parce que tous mes postes vacants sont dans les villages. Je ne peux donc pas me permettre de vous mettre en suppléance à Ouagadougou, sachant qu'il y a une école qui n'a pas d'enseignant. Mais, je lui ai promis que, dès que j'aurai un homme, il va la remplacer. Elle n'y croyait pas. Un mois après, j'ai eu un enseignant qui l'a remplacée et elle est revenue à Ouagadougou. Je rencontrais ce genre de problèmes, surtout avec les femmes. Il y a celles qui disaient que leurs maisons étaient éloignées de l'école. Je leur demandais si elles voulaient qu'on ouvre la classe dans leurs maisons. Je rappelais aux gens que tous ceux qui travaillaient à l'inspection vivaient loin de chez eux. Je soulignais que mon époux était hors du pays. Malgré cela, je fais mon travail.

Les gens ne voulaient pas m'approcher et se faisaient des idées sur ma personne sans me connaître réellement. On m'a donné le surnom de dame de fer ou de Margaret Thatcher (première femme Premier ministre du Royaume-Uni). Finalement, lorsqu'on a voulu me changer, mes collaborateurs n'étaient pas heureux en apprenant la nouvelle, parce que je suis à l'écoute. Mais, sur le plan professionnel, si je peux concilier l'intérêt privé et du service, je vais le faire. Si c'est inconciliable, je vais toujours privilégier l'intérêt public de l'État avant l'intérêt personnel. Au fil du temps, ceux qui travaillaient avec moi ont compris ma mentalité. Ils ont su que je n'en veux à personne et que je souhaite juste que le travail soit bien fait.

L'œuvre est disponible au prix de 5 000 F CFA.

Quels sont les conseils que vous avez à donner aux filles et aux femmes afin qu'elles excellent dans leurs études et carrières professionnelles ?

C'est un conseil qui est aussi valable pour les hommes. D'abord, il faut aimer le travail que tu fais. Ce n'est pas la peine de faire un travail qu'on n'aime pas, juste parce qu'on veut de l'argent. Tu ne vas pas bien faire ce travail. Il faut également avoir des compétences. Il faut se former. Même si au départ, on n'a pas la possibilité de faire ce qu'on aime, il faut apprendre à aimer ce qu'on te donne. Il faut le faire correctement. À force de le faire correctement, on peut finir par l'aimer.

Mais, si tu le négliges, tu ne vas pas l'aimer. Même s'il y a des affectations par nécessité de service, il faut y aller. Il faut essayer de connaître le milieu. Peut-être qu'à la longue, tu vas t'y plaire. Je disais aux gens que nous ne dirigeons pas tout. Même nous les dirigeants, nous avons des supérieurs hiérarchiques. En plus de cela, c'est le Seigneur qui dirige nos vies.

Les gens vont peut-être croire qu'en posant certains actes, ils te feront du mal. Alors que c'est la voie que le Seigneur a choisie pour notre épanouissement. Par exemple, il y a une jeune fille que j'ai rencontrée. Elle est née à Ouagadougou et a tout fait à Ouagadougou. Son père a été ministre. Elle était enseignante à l'époque, on voulait l'affecter à Kombissiri (à 42,2 km de Ouagadougou). Elle a remué ciel et terre pour dire qu'elle n'ira pas à Kombissiri. Elle est venue me voir pour négocier. Je lui ai dit d'y aller pendant un an. Si après une année scolaire, elle ne veut toujours pas travailler dans cette localité, qu'elle revienne me voir. Elle est partie. À la fin de l'année, elle revient me dire qu'elle veut rester, parce que c'est à Kombissiri qu'elle a trouvé son mari.

Concernant votre vie de famille, pouvez-vous dire qui est votre époux ?

Mon époux s'appelle monsieur Kaya Antoine Somé. Nous nous sommes mariés en 1965. Il est d'origine Dagara et moi, Bwaba. Ce qui a été une autre paire de manche. Dieu merci, on a cheminé ensemble et nous avons eu cinq enfants dont trois filles et deux garçons. Il a travailléà l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce qui fait qu'il était souvent à l'extérieur du pays.

Comment vous décrivez vous en tant que mère ?

Lorsque mon époux était absent, je disais aux enfants qu'il n'y a pas deux capitaines dans un bateau. Je suis le capitaine, vous devez m'obéir. Celui qui ne veut pas m'obéir peut partir ailleurs et faire ce qu'il a envie de faire. Moi et votre père, nous devons subvenir à vos besoins. Mais, à l'école, vous devez étudier et faire vos exercices. Il ne faut pas venir me dire que tu as eu un zéro en leçon. Dans notre vie de couple, on évitait toute dispute en présence des enfants. Par exemple, si mon mari prenait une décision concernant les enfants, j'exigeais que les enfants respectent sa décision même si, au fond, je ne partageais pas sa position.

Les enfants devaient sentir qu'on parle le même langage. Je disais aux filles que je ne voulais pas les voir hors de la maison la nuit avec des garçons. On avait placé une table, des chaises et un tableau dans la cour. Celui qui veut vous voir, doit rentrer dans la cour afin que je puisse le voir. Je n'aime pas les cachoteries. Elles devaient apprendre à faire la cuisine. Même si demain tu as un mari qui dort sur de l'argent, c'est toi la maîtresse de maison. Les enfants ont accepté les règles que je fixais.

On a l'impression que souvent, les femmes doivent choisir entre la vie de famille et celle professionnelle. Comment avez-vous pu allier ces deux aspects de la vie ?

Je n'ai pas rencontré ce problème. J'ai eu la chance d'avoir un mari qui avait l'esprit ouvert. Je pense que la plupart du temps, ce sont les femmes qui favorisent cela. Par exemple, il y a des maris qui disent qu'ils ne veulent pas manger la nourriture d'une autre personne comme la femme de ménage. Alors que la femme travaille en même temps que le mari. Dès le départ, j'ai posé des conditions. Je suis la maîtresse de maison. Je fais le marché. Je donne des instructions concernant la cuisine. Je m'arrange pour qu'on fasse la cuisine comme je l'ai demandé et si la table est mise proprement.

Le matin, je m'assure que les enfants se sont lavés et qu'ils ont mangé avant d'aller à l'école. Le jour où je peux, par exemple les samedis où les dimanches, je vais cuisiner. La maîtresse de maison doit donner l'exemple. Il faut montrer au personnel de la maison que tu sais faire le ménage aussi. Il faut donner des directives. L'égalité homme-femme, c'est sur le plan intellectuel. L'homme est le chef de famille et la femme est le sous-chef. S'il est absent, je dirige. Si sa façon de diriger n'est pas bonne, je trouve le moment opportun pour lui parler calmement. Je ne vais pas crier sur lui.

Quels conseils avez-vous à donner à une femme qui a des ambitions professionnelles dans le choix de son partenaire de vie ?

Il faut échanger dès le départ. Il faut expliquer le travail que vous faites. S'il est d'accord, il peut vous aider de temps en temps à la maison. Mais, si vous rencontrez un homme intransigeant, sachez que l'amour ne se mange pas. Il faut que vous vous entraidiez. On se marie pour s'accompagner. On ne se marie pas pour être sous la domination de quelqu'un. Avant le mariage, il faut vérifier s'il est respectueux, ouvert au dialogue et qu'il va vous aider lorsque c'est nécessaire. Il ne faut pas choisir un monsieur qui ne va pas vous considérer ainsi que votre famille, parce qu'il a les moyens. S'il pense que vous n'êtes pas digne de lui ou qu'il vous a choisi par misérabilisme, sachez qu'on n'épouse pas une femme parce qu'on a pitié d'elle. Il y a des femmes qui ont réussi, mais qui vont prendre des hommes qui ne sont pas à leur hauteur. Le mariage, c'est un partenariat. Aussi, une femme ne doit pas crier sur son mari devant les autres. Il faut se respecter.

Comment une femme doit bien éduquer ses enfants, sans pour autant sursoir à sa carrière professionnelle ?

Il faut prendre le temps d'écouter ses enfants et répondre à leurs besoins. Il faut leur accorder du temps lorsqu'ils ont des difficultés. À défaut, il faut leur faire comprendre que tel jour, maman est occupée. Mais, tel autre jour, on peut se parler. Tout est une question d'organisation.

Deux des fils de Jeanne Somé/ Dombwa (à droite Dr Seglaro Abel Somé et à gauche le musicien Eugène Kounker).

Aujourd'hui, quatre de vos enfants ont le doctorat. L'un d'entre eux, Dr Seglaro Abel Somé, a été ministre de l'Économie. Un autre est le musicien Eugène Kounker. Vos enfants « ont réussi », si on peut le dire. Quel est le secret, selon vous ?

Il faut demander à Dieu, parce que j'ai fait ma part. J'avais établi des règles et chacun savait ce qu'il devait faire. Je leur ai appris des valeurs telles que le respect et le sens du travail. Si tu dis que tu es une grande dame et qu'on ne doit pas toucher à ton enfant, ce comportement ne va pas lui rendre service. Si tu veux que ton enfant soit respecté un jour, il faut que, dès le départ, le respect se mérite. Si ton comportement ne permet pas de te respecter, personne ne va te respecter. Il faut se respecter soi-même.
Dans votre œuvre, vous vous confiez sur votre foi et votre attachement à l'église catholique. Qu'est ce que la religion a apportéà votre vie ?

Elle m'a tout apporté. D'abord, s'il n'y avait pas eu une école catholique, ce n'était pas sûr que j'aille à l'école. Si je n'avais pas eu un papa catéchiste, je n'allais jamais être inscrite à l'école. Je suis née avec cette religion dans ma vie. J'ai suivi cette voie et je n'ai jamais regretté ce choix. Je respecte tout le monde. J'ai des amis musulmans d'ailleurs. Autant je n'oblige pas les autres à me suivre, autant on ne doit pas m'obliger à faire ce que je ne veux pas. Certains pensent que la prière est une perte de temps. C'est dans la prière que je puise ma force. Tu dois te demander si ce que Dieu veut, c'est ce que tu fais. Dans l'évangile par exemple, Jésus dit : « Aimez-vous les uns les autres. Aimez vos ennemis ». Il est difficile d'aimer son ennemi, mais tu peux ne pas vouloir du mal à ton ennemi ou lui dire des paroles méchantes.

Pourquoi faut-il lire votre autobiographie ?

Ce n'est pas une obligation. Celui qui veut savoir qui je suis, va lire le livre. Celui qui veut savoir quels sont les ressorts qui m'ont poussée va lire l'œuvre. Il y a même mon expérience avec mes enfants. Chacun peut lire et s'inspirer de ce qui va l'arranger.

NB : Les contacts pour se procurer « Bohan ou la fille des Rochers » : +226 70 52 83 00 (numéro de l'auteure).
+226 70 85 30 68 / +226 79 87 84 54/ +226 06 58 71 02 (numéro de sa maison d'édition, Céprodif).

Entretien réalisé par Samirah Elvire Bationo
Lefaso.net

Burkina Faso : Une journée récréative pour les enfants des soldats au front

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Le Centre culturel des armées a accueilli, le samedi 18 janvier 2025, la journée culturelle des enfants des combattants. L'événement a réuni environ 400 enfants de soldats. Organisée par le Centre culturel des armées en partenariat avec la troupe théâtrale La convergence, cette journée visait, selon le directeur général du centre, à rassembler les enfants des soldats pour leur permettre de mieux comprendre le métier de leurs parents.

« Cet événement est un symbole puissant de notre engagement envers la culture, l'éducation et le bien-être de nos enfants et il illustre notre détermination à préserver l'héritage culturel de notre nation, même en ces temps difficiles. Chers enfants, vous avez eu l'occasion de visiter notre musée, un véritable trésor qui abrite les récits et les artefacts de notre histoire. Cette visite a été une opportunité unique pour vous d'explorer les racines profondes et les valeurs qui ont façonné notre identité. En découvrant notre passé, vous vous armez des connaissances nécessaires pour bâtir un avenir meilleur », a déclaré le directeur général du centre, le colonel Évariste Somé.

Selon le colonel Evariste Somé, directeur général du centre, cet événement est un symbole puissant de leur engagement envers la culture, l'éducation et le bien-être de leurs enfants

Il a également insisté sur le but de cette journée, qui était également de renforcer les liens entre les enfants des combattants et de leur assurer une meilleure compréhension du métier de leurs parents.
À côté donc de ces découvertes culturelles, des activités ludiques et interactives ont été proposées pour stimuler leur créativité et encourager cet esprit de camaraderie et de partage recherché.
Le représentant du chef d'état-major général des armées, le colonel-major Diabri Kogdia, a pour sa part félicité les enfants pour leur bravoure et leur détermination. Il a souligné que leur participation active à cette journée était une source de fierté et d'inspiration pour les forces armées.

« Je tiens à vous féliciter, vous les enfants, pour la bravoure et la détermination dont vous faites preuve chaque jour. Vous êtes une source de fierté et de motivation non seulement pour vos parents, mais aussi pour l'ensemble des forces armées et pour tout notre pays. Votre enthousiasme et votre esprit de solidarité inspirent et renforcent notre engagement envers la paix et la sécurité», a indiqué le colonel-major Diabri Kogdia.

Plus de 400 enfants ont pris part à cette journée culturelle

Un temps fort de la journée a été consacréà la sensibilisation aux dangers liés à l'utilisation des réseaux sociaux. Cette session, animée par Farida Thiombiano, coordonnatrice du programme d'éducation aux médias, à l'information et au numérique de l'ABPEMIN et journaliste à Lefaso.net, a permis aux enfants d'apprendre les bonnes pratiques pour protéger leur vie privée et leur sécurité en ligne.

« Nous avons été sollicité par les organisateurs pour accompagner cette activité et nous avons accepté avec plaisir pour plusieurs raisons. D'abord, il s'agit d'enfants et pour les enfants aucun sacrifice n'est de trop. En plus, il s'agit des enfants des combattants qui sont au front pour la défense de notre territoire. Nous qui sommes à l'arrière-front, nous devons assurer le bien-être des enfants de ces combattants. Il nous a été demandé de présenter une communication sur l'utilisation des réseaux sociaux. Comme vous le savez, l'éducation aux médias, à l'information et au numérique fait partie de nos préoccupations et c'est à ce titre, à travers l'ABPEMIN, nous avons assuré cette communication aux enfants des combattants », a le fondateur de Lefaso.net, Dr Cyriaque Paré.

Dr Cyriaque Paré, fondateur de Lefaso.net et président de l'ABEPIN, a salué cette initiative qu'il trouve noble

Les participants, au nom de Djamilatou Zo, ont exprimé leur satisfaction face à l'organisation de cette activité.
« J'ai appris beaucoup de choses en visitant le musée national. J'ai appris, par exemple, que Sangoulé Lamizana a été le premier chef d'état-major. J'ai beaucoup aimé cette journée et je recommande aux organisateurs d'organiser la rencontre sur deux jours afin de nous permettre de bien nous amuser », a-t-elle ajouté.
La journée a également été rythmée par des prestations musicales, des spectacles de danse et de théâtre.

Les participants très contents de cette journée recommandent que l'événement se déroule sur plus d'une journée

Hanifa Koussoubé
Lefaso.net

Annonces du président du Faso pour 2025 : Remarques et propositions sur l'initiative pour le développement de médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle burkinabè (1/5)

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En initiant la réflexion qui suit, Natéwindé Sawadogo, maître de conférences de sociologie de la santéà l'Université Thomas Sankara, espère encourager les chercheurs, notamment ceux des lettres, sciences humaines et sociales, à partager ce qu'ils savent sur la question de la pharmacopée traditionnelle burkinabè dans le but d'accompagner le président du Faso dans sa vision sur le rôle de la médecine et la pharmacopée traditionnelle dans la résilience de notre système national de santé.

Le président du Faso, chef de l'Etat, capitaine Ibrahim Traoré, dans son message à la Nation du 31 décembre 2024, à l'occasion du Nouvel An 2025, a fait l'annonce suivante : « Dans le domaine de l'environnement, plusieurs projets verront le jour. Nous escomptons créer dans chaque province un bosquet qui devra comporter des plantes médicinales et des herbes qui pourront être utilisées par les tradipraticiens et même par nos chercheurs. L'Institut de recherche en sciences de la santé a fait ses preuves à partir de nos plantes locales. J'ai donné des instructions pour qu'on puisse me lister tous les équipements dont cet institut a besoin pour accroître sa capacité et exploiter notre potentiel en matière de plantes et d'herbes pour suppléer certains médicaments importés » .

Nous proposons d'appeler cet engagement « troisième voie » ; car il y a eu d'autres voies. La première, la plus ancienne, a été la « voie académique ». Elle est aussi ancienne que l'indépendance de notre pays. La deuxième voie est celle « bureaucratique », dont les origines remontent à la Révolution Démocratique et Populaire du 04 août 1983. La troisième voie, celle qui s'énonce dans le message du président du Faso, est ce qu'il conviendrait d'appeler la « voie populaire ». Celle-ci englobera les deux premières, mais dans un ordre jamais réalisé jusqu'à présent dans notre pays. Nous pensons que tout citoyen Burkinabè qui aime son pays devrait être prêt à contribuer à ce que cette troisième voie bénéficie de tout l'éclairage nécessaire à sa réussite. Pour notre part, nous apporterons notre contribution à travers une série de cinq (5) articles, le présent y compris.

Avant tout propos, permettez-nous de dire deux choses, pour ne plus y revenir dans la suite de notre réflexion.

La première c'est sur notre prétention, c'est-à-dire, la raison pour laquelle nous pensons que, en tant qu'enseignant chercheur, notre contribution pourrait être utile à la prise de décision du président, et partant de son gouvernement. En effet, nous avons décidé de faire cette contribution sur la base des résultats de nos vingt-quatre (24) années de recherche sur la problématique de la médecine traditionnelle burkinabè. Nous travaillons sur la médecine et la pharmacopée traditionnelle au Burkina Faso depuis 1999, année où nous avons commencéà nous spécialiser en sociologie de la santé au département de sociologie de l'Université de Ouagadougou (actuelle Université Joseph KI-ZERBO). C'est ainsi qu'en 2002, dans le cadre de notre maîtrise en sociologie dans la même université, nous nous sommes intéresséà l'impact des pratiques alimentaires sur la santé des populations en milieu rural . Puis en 2004, afin de contribuer à la l'organisation de la promotion de la santéà l'échelle du district sanitaire, nous avons étudier la place des praticiens de santé traditionnels dans la promotion de la santé des communautés rurales .

En 2006, nous avons poursuivi cette problématique dans le cadre de nos études pré-doctorales à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, sur le rôle des accoucheuses traditionnelles dans la promotion de la santé maternelle . Les résultats de nos recherches entre 2004 et 2006, nous ont amené, en 2008, à nous orienter particulièrement vers l'étude des métiers en général et particulièrement les métiers de la santé dans le cadre de nos études de Master en Science, Technologie et Sociétéà l'Université de Nottingham au Royaume Uni, qui parachevèrent en un PhD en Science, Technologie et Société, sur le rôle des professions de santé dans la promotion de l'intérêt public dans le domaine de la santé . Rentré au pays pour servir, nous sommes depuis 2015 enseignant chercheur à l'Université Thomas SANKARA. Depuis lors, nous avons participéà des réflexions stratégiques à la fois au niveau national et international et publié plusieurs travaux scientifiques qui présentent un grand intérêt pour l'action publique dans le domaine de la médecine traditionnelle burkinabè.

Pour ne citer que quelques exemples, nous avons eu la chance d'être impliqué dans la révision du Plan Stratégique de la Médecine Traditionnelle de la Direction de la Médecine et de la Pharmacopée Traditionnelle du Ministère en charge de la santé . Nous avons été co-auteur du rapport de l'Unesco sur la Science de 2022 , membre du Comité Technique de l'OMS pour la rédaction du Guide mondial sur la réglementation des professions de santé en 2023, membre de l'équipe de consultants de l'OMS sur le rapport sur l'intégration de la médecine traditionnelle dans le système de santé, en cours de réalisation. Pour ce qui concernent nos publications récentes, plusieurs travaux ont été faits sur le rôle de la science dans le développement, et particulièrement dans le système d'innovation sectoriel en santé . Grâce à ces travaux de terrain, nous avons pu toucher du doigt, et parfois pris une part active dans l'accompagnement d'organisations de tradipraticiens de santé pour le renforcement des capacités de leurs membres. Nous ne pouvions pas espérer une autre occasion plus propice que la sortie du président du Faso pour apporter notre contribution en vue d'éclairer sa vision sur la question de la mise à contribution de la médecine et la pharmacopée traditionnelle burkinabè dans la promotion de la santé des masses populaires.

Le deuxième préalable concerne l'excuse que nous pensons avoir en initiant cette réflexion. En effet, nous voudrions par cette modeste contribution intellectuelle, inviter et encourager tous les collègues chercheurs, notamment ceux des Lettres, Sciences Humaines et Sociales, à partager ce qu'ils savent (et nous savons qu'ils en savent beaucoup) sur la question dans le but d'accompagner le président dans sa vision sur le rôle de la médecine et la pharmacopée traditionnelle dans la résilience de notre système national de santé. L'emprunt que nous faisons ici de la modestie suivante du philosophe Karl Popper nous semble bien à propos. Il dit ceci : « Que nous en soyons conscients ou non, nous avons tous notre philosophie, et nos philosophies ne valent pas grand-chose. Mais l'influence de nos philosophies sur nos actions et sur nos vies est souvent dévastatrice. Ce qui rend indispensables nos efforts pour améliorer nos philosophies par la critique. C'est la seule défense que je sois capable de présenter en faveur de la philosophie et du maintien de son existence » . Nous voudrions donc contribuer à donner corps à la « philosophie » du président, qui attendrait beaucoup de nous, chercheurs ; et nous nous attendons à notre tour que d'autres emboîtent nos pas en contribuant à l'amélioration des remarques et propositions que nous déroulerons en une série de cinq (5) articles ; avec un seul objectif : aider le capitaine Ibrahim Traoréà réaliser sa vision pour la contribution de la médecine et la pharmacopée traditionnelle à la souveraineté sanitaire de notre chère patrie.

Après ces préalables, revenons au message du président du Faso. Notre argument est le suivant : comme tout action publique type, le message du président est très clair dans ses termes. En effet, le message explicite une vision, qui est celle de développer un secteur endogène du médicament. Ensuite, par son message, le capitaine Ibrahim Traoré définit clairement la finalité de sa vision, à savoir « suppléer certains médicaments importés ». Enfin, il énonce les moyens pour atteindre cette finalité, comme étant celui d'accroître la capacité de l'IRSS pour lui permettre d'« exploiter notre potentiel en matière de plantes et d'herbes », et ce par la dotation de l'Institut des ressources dont il a besoin. Notre propos est qu'en matière de vision et de finalité, le président Ibrahim Traoré reste dans la continuité d'un engagement politique constant pour la promotion (développement) de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles, dont on peut situer la première expression dans les années 1940. En d'autres termes, nous devons nous féliciter de la clairvoyance de tous les régimes politiques de notre pays à ce jour, concernant le rôle déterminant de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle dans la réalisation de la souveraineté sanitaire nationale. La conscience politique, il faut le dire, y a précédé l'intérêt scientifique. Dans ce premier article de la série de cinq (5), nous proposons de décrire cette conscience politique à deux niveaux, à savoir régional et national.

A/Au niveau des ensembles régionaux auxquels le Burkina Faso participe

L'ordre colonial français, faut-il le rappeler, était totalisant. En effet, la Constitution française du 22 août 1795 précise dans son titre premier, à l'article 6, que : « Les colonies françaises font partie intégrante de la République et sont soumises à la même loi constitutionnelle » . En conséquence, lorsque les lois concernant la pratique médicale furent votées en France, elles furent rendues applicables à toutes les colonies françaises, y compris ce qui allait devenir l'Afrique Occidentale Française. Au cours du siècle qui suivit la Révolution de 1789, deux lois furent votées concernant l'exercice de la médecine en France. La première date du 10 mars 1803 et la seconde de novembre 1892.

La première stipulait que : « Art. 1er. – A partir du 24 septembre 1803 (1er vendémiaire de l'an XII) nul ne pourra accéder à la profession de médecin, de chirurgien ou d'officier de santé, sans avoir été examiné et reçu comme il sera prescrit par la loi actuelle. Art.2. –Tous ceux qui obtiendront, dès le début de 1803 (an XII), le droit d'exercer l'art de guérir, porteront le titre de docteurs en médecine ou en chirurgie, lorsqu'ils seront examinés et reçus dans l'une des six écoles spéciales de médecine, ou celle des officiers de santé, lorsqu'ils seront reçus par les jurys…» . La conséquence immédiate pour les praticiens de santé africains qui relevaient de la juridiction administrative de la France, fut l'interdiction d'exercer. C'est ainsi qu'en 1897, la loi de 1892 est rendue applicable aux colonies : « Art. 1er. La loi du 30 novembre 1892 sur l'exercice de la médecine est rendue applicable aux colonies, sous réserve des dispositions prévues aux chapitres IV, V et VI du présent décret » . Ultérieurement, l'administration coloniale renforça cette règlementation jusqu'à la veille des indépendances. Face à cet état de fait, dès les premières heures du relâchement de la domination coloniale, la réaction de l'élite politique africaine ne s'est pas faite attendre. Déjà vers la fin des années 1940, après la Deuxième Guerre Mondiale, du 11 au 13 octobre 1946 à Bamako, une élite politique africaine s'était réunie à travers ce qu'elle a appelé« Le Grand Rassemblement » pour réfléchir sur l'avenir du continent. Une Commission santé avait été mise en place à cet effet avec pour objectif de combattre l'assimilation et de défendre « L'originalité Africaine ».

Cette commission de la santé a explicitement mis la réhabilitation de la médecine africaine à l'ordre du jour des discussions en revendiquant « La création sur chaque territoire d'un laboratoire et d'une école d'herboristes pour l'utilisation de la pharmacopée indigène » . Après les indépendances, l'action publique s'est d'abord manifestée aux niveaux des ensembles internationaux. Sous l'initiative de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), en 1968 il a été délégué au Conseil Africain et Malgache pour l'Enseignement Supérieur (CAMES) la mission de promouvoir et d'organiser la recherche en matière de médecine et de pharmacopée traditionnelles africaines . Les défis auxquels un tel programme devait répondre étaient d'ordre pratique. Au lendemain des indépendances, comme aujourd'hui, la majorité de la population se soignaient par la médecine traditionnelle. Par ailleurs, le programme répondait à un besoin stratégique.

La recherche en pharmacopée et en médecine africaine traditionnelles était perçue comme une recherche stratégique, d'autant plus qu'elle toucherait à tous les aspects (économique, politique, social, culturel) de la vie des africains. Sur le plan économique, les importations des médicaments, alors qu'elles enrichissent les pays riches, maintiendraient politiquement les pays africains dans la dépendance et la servitude. La croissance démographique alors très forte renforçait les inquiétudes et aiguisait la nécessité de l'engagement. Aussi, en l'absence d'un système d'assurance maladie universelle, ce sont les individus qui supportent les dépenses de santé de leurs maigres revenus ; ce qui aurait pour conséquence de les appauvrir davantage. Sur le plan culturel, la médecine importée serait source d'aliénation en raison des possibilités culturelles, comme éclaircir la peau, qu'elle offre. Les thérapies africaines au contraire toucheraient à l'organisation sociale des sociétés africaines, à leur maîtrise des techniques et leurs visions du monde.

Les vieillards, principaux dépositaires de cette science, étaient en train de disparaître par la force des choses, alors que la nouvelle génération, ayant reçu l'éducation occidentale s'éloignait au fur et à mesure de ce patrimoine qu'elle regarde avec dédain. Pour l'organisation académique inter-africaine, il se posait des défis économique, politique, social et culturel, auxquels une recherche endogène pouvait relever. La première édition de la conférence décennale a eu lieu en 1974 et survie jusqu'à présent. L'engagement du Burkina Faso dans cette initiative a contribuéà la création de l'Institut de Recherche sur les Substances Naturelles (IRSN) en 1978, sous l'égide de chercheurs et d'enseignants chercheurs (pharmaciens chimistes, botanistes…). La contribution de l'équipe du Burkina Faso, a été déterminante dans le développement du programme du CAMES.

La deuxième édition de la conférence du CAMES en 1978, coïncida avec la publication par l'OMS de son document de Stratégie des Soins de Santé Primaire (SSP). Ce document de l'OMS, et toutes ses versions ultérieures, reconnait la médecine traditionnelle et ses praticiens, et en fait des acteurs complémentaires du système national de santé. Cette stratégie s'est poursuivie avec « L'initiative de Bamako (IB, lancée lors d'une conférence en 1987), en tant que politique de relance de la stratégie des soins de santé primaires définie à la conférence d'Alma Ata en 1978…» . Par ailleurs, au début du nouveau millénaire, l'OMS, à la suite de la Déclaration de Lusaka de l'Union Africaine pour la décennie de la médecine traditionnelle en 2001, se voit définir son rôle en « développant une stratégie pour aborder les problèmes de politique, innocuité, efficacité, qualité, accès et usage rationnel de la médecine traditionnelle, complémentaire et parallèle » . Deux ans après, l'Union Africaine adopta son Plan d'Action de sa Déclaration de Lusuka en 2003 avec « pour but de fournir le cadre général destinéà orienter les États membres dans la formulation de leurs stratégies nationales » .

Il ressort donc de ce qui précède que c'est depuis les années 1940 que l'élite politique de notre pays s'est engagée pour le développement de la médecine et la pharmacopée traditionnelles, dont l'évolution au niveau national en est la preuve directe.

B/ Au niveau national dans le processus de construction de l'Etat indépendant

A la fin de la décennie, mouvementée, des indépendances, par Ordonnance no.70-68 bis/PRES/MSP/AS du 28 décembre 1970 portant code de Santé Publique et ses textes d'application, la Médecine Traditionnelle a été tolérée. L'engagement public acquit une dynamique particulière entre 1983 et 1987, sous le régime révolutionnaire. Ce dernier va poser les bases politiques et administratives de la « médecine traditionnelle ».

Un Direction de l'Approvisionnement Traditionnelles et de la Pharmacopée Traditionnelle a été créée en 1984. Dans cette perspective, entre 1984 et 1989 le gouvernement encouragea la mise en place de Cellules de Pharmacopée Traditionnelle dans les structures sanitaires décentralisées du système de soins et la constitution d'associations de tradipraticiens de sante (nous y reviendrons en détail dans la section suivante). Consistants avec les options politiques progressistes, les idéaux révolutionnaires entamaient aussi les frontières entre les métiers, comme cela a été le cas lors du symposium de Farako Bâ le 5-8 Février 1987 : « Au cours de ce symposium, nous allons étudier la possibilité d'étendre le statut de « chercheur » au sorcier du village, "guérisseur traditionnel » (le vrai scientifique en la matière), la conteuse (qui n'a rien à envier à nos scientifiques d'études supérieures de la tradition orale), à l'artisan (le véritable créateur), à l'ouvrier qualifié (équipé, avec un esprit inventif et capable de développer des technologies simples mais appropriées ), ainsi à la ménagère qui crée des recettes de cuisine à partir des produits locaux » .

Un premier séminaire national spécifiquement dédié au secteur est organisé en 1987. Sept ans plus tard, par la loi no23/94/ADP portant Code de la Sante Publique du 19 mai 1994 la Médecine et la Pharmacopée Traditionnelles sont reconnues comme des « composantes du système national de la santé» . Deux autres rencontres sur la législation ont eu lieu, l'une sur les « médicaments traditionnels améliores », tenue à Kaya en 1999, et l'autre sur la politique, législation et réglementation des activités en matière de Médecine et de Pharmacopée Traditionnelles, tenue à Ouagadougou en 2001. Les Etats Généraux de la Santé (EGS) de 1999 ont formulé des recommandations sur le secteur, qui seront intégrées en 2001 dans le Plan National de Développement Sanitaire 2001-2010. Sur le plan organisationnel, une Direction de la Promotion de la Médecine et de la Pharmacopée Traditionnelles est créée en 2002 à la faveur de l'érection de la Direction des Services Pharmaceutiques en Direction Générale de la Pharmacie, du Médicament et des Laboratoires.

La direction a pour missions 1) la coordination et le suivi des activités de la promotion de la Médecine et de la Pharmacopée Traditionnelles ; 2) l'organisation et l'exercice de la Médecine Traditionnelle ; 3) la valorisation des médicaments issus de la Pharmacopée Traditionnelle. L'autorité de tutelle est attribuée aux, ministères des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, de la sécurité, de la santé, de l'environnement. Au niveau national, les nouveaux documents de planification intègrent la problématique de la médecine traditionnelle. Ainsi, des principes de la stratégie des soins de santé primaires et de la participation communautaire sous intégrés dans le Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté.

Le Stratégie de Croissance Accélérée pour le Développement Durable (SCADD) note que « Le sous-secteur privé, la médecine traditionnelle et la pharmacopée sont des partenaires incontournables qui devront être mieux pris en compte dans les politiques de santé. » Dans le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) il est prévu la poursuite du financement du « Projet de centre de médecine traditionnelle. » La politique sectorielle de santé souligne que « L'offre des services et soins de santé regroupe les structures de prise en charge sanitaire y compris la médecine et la pharmacopée traditionnelles ainsi que la réadaptation et la réinsertion sociale du patient » .

Le PNDES II, rappelle qu'« un plan stratégique de la médecine et pharmacopée traditionnelle 2016-2022 a été adopté» ; engagement repris par l'actuel gouvernement de la transition qui mise sur « la valorisation de la médecine traditionnelle et le renforcement des services intégrés qui allient médecine moderne et traditionnelle dans les centres de santé» . Tout dernièrement, dans le cadre de l'opérationnalisation du Régime d'Assurance Maladie, le gouvernement a introduit les soins en médecine traditionnelle dans le panier des soins « les actes de consultation de médecine traditionnelle agréés » .

Comme on peut le constater, la dynamique au niveau national montre également que l'engagement politique pour la souveraineté sanitaire en s'appuyant sur la médecine traditionnelle burkinabè est resté constant. Le message du président du Faso, capitaine Ibrahim Traoré, à la suite du Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, dans son discours d'orientation, est donc une continuité des engagements des régimes précédents.

La question d'une grande importance reste celle de savoir comment expliquer la léthargie du sous-secteur de la médecine traditionnelle en dépit de soixante-quinze (75) ans d'engagement politique constant ? En quoi l'engagement du président Ibrahim TRAORE pourrait faire la différence comparativement à tout ce qui a été possible jusqu'à présent ? La réponse à cette question fait partie de l'objet des quatre (4) prochains articles. En effet, comme vous l'aurez constaté tout au long de notre développement, nous ne nous sommes pas attardés sur les moyens énoncés par le président du Faso. Cela n'est pas un oubli. Nous pensons que c'est au niveau des choix des moyens des différents gouvernements qu'il faudrait rechercher non seulement les causes de la léthargie du sous-secteur, mais aussi où l'on attend le plus d'innovation de la part du gouvernement de la Transition sous le leadership du capitaine Ibrahim Traoré. De plus, c'est là où l'on attend la contribution des chercheurs, afin de mieux éclairer les ressorts humains de l'audacieux et noble engagement du président. Dans les quatre (4) articles qui vont suivre, nous reviendrons sur les moyens qui ont été déjà expérimentés par les différents gouvernements de notre pays pour, les décrire, analyser leurs forces et leurs faiblesses, dans l'objectif, enfin, de faire des propositions concrètes au président du Faso. Ainsi,

dans le deuxième article, nous allons montrer en quoi l'entrée par le modèle académique a montré ses limites ;

dans le troisième article, nous montrerons la raison pour laquelle l'option d'un modèle bureaucratique était une erreur stratégique ;

dans le quatrième article nous décrirons les forces d'un modèle populaire, celui esquissé dans le message du président du Faso, et les modalités dans lesquelles celui-ci pourrait réussir. Il prend en compte les deux premiers modèles, mais dans un ordre jamais expérimenté par notre pays.

dans le cinquième et dernier article, nous ferons des propositions concrètes au président pour la mise en œuvre de ce qu'il conviendrait d'appeler son ‘‘offensive pharmaceutique''.

Nous promettons de mettre tous les cinq articles à disposition avant fin janvier 2025, à raison d'au moins un article par semaine, dont le rythme de publication reste bien sûr à la discrétion de la Rédaction du journal.

Natéwindé SAWADOGO
Maître de conférences de sociologie de la santé
Université Thomas SANKARA
Email : natewinde.sawadogo@yahoo.fr
Téléphone : (+226)78858943


Nouvel an 2025 : Message à la Nation du président du Faso, publié le mercredi 1er janvier 2025 à 22h20min, Lefaso.net, https://lefaso.net/spip.php?article135195, accès 01/01/2024
Sawadogo, N., Genèse sociale des goûts alimentaires à Noungou, Mémoire de Maitrise de sociologie, Université de Ouagadougou, 2002
Sawadogo, N., Politique de santé et accès aux soins de santé primaire dans le district sanitaire de Pissy, Mémoire de DESS, IPD-AOS, 2004
Sawadogo, N., Problématisation de la maladie de l'enfant et concurrences dans l'espace thérapeutique de Lougsi, mémoire de DEA, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2006
Sawadogo, N., Studying the professions in contemporary Africa : a challenge for the sociology of the professions, MA Thesis by Research, University of Nottingham, 2008 ; Professions and the Public Interest : a Comparative Study on the Moral Division of Labour in Medical Practice in Burkina Faso, PhD Thesis, University of Nottingham, 2013
Ministère de la Santé, Stratégie nationale de médecine et pharmacopée traditionnelles basée sur le système de l'innovation, Ministère de la santé, 2017
“West Africa”, in : UNESCO Science Report 2022, Paris, Unesco
Health practitioner regulation : design, reform and implementation guidance, Geneva, World
Health Organization ; 2024. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO
Sawadogo, N., “Trans-boundary organizations and political direction to innovations in research : The case of AU's Programme on traditional medicine and pharmacopoeia”, in : Procceedings, Innovation Conference-Ghana 2016, Development innovation- putting the pieces together, 2017, pp. 40-52 ; aussi, « Politique de la connaissance : L'évolution des interdépendances disciplinaires dans le Programme de Pharmacopée et de Médecine Africaine Traditionnelle du CAMES », Revue RAMReS – Série Pharm. Méd. Trad. Afr., 2021 ; 20(1) : 1-10
Popper, R. Karl, La connaissance objective. Une approche évolutionniste, Paris, Flammarion, 1991, p.84
Constitution du 22 août 1795, 1re République, Directoire
Loi du 19 ventôse an XI, relative à l'exercice de la médecine. p.554.
Rapport au Président de la république française, suivi d'un décret portant règlement d'administration publique pour l'application aux colonies de la loi du 30 novembre 1892 sur l'exercice de la médecine. In : Ministère des Colonies, Règlement sur le fonctionnement des services médicaux coloniaux, hospitaliers et régimentaires aux colonies, Paris, Imprimérie Nationale 1909, pp.306-310, p.307
Suret-Canal, J., L'Afrique Noire Occidentale et Centrale, De la colonisation aux indépendances (1945-1960) ; vol 2, Paris, Editions Sociales, 1972, p.70
Ki-Zerbo J., 1974. Allocution du professeur J. Ki-Zerbo–Secrétaire Général du CAMES, Colloque du CAMES
sur la Pharmacopée et la Médecine Africaines Traditionnelles, Lomé, le 19-22 novembre 1974, 1-6
OMS, Les Soins de Santé Primaires, Genève, OMS, 1978
Ridde, V. L'Initiative de Bamako 15 ans après. Un agenda inachevé, HNP Discussions Paper, No30378, 2004, p.iii. Voir aussi, Asila Pangu, Kasa. (‎1997)‎, The Bamako initiative, World Health, 50 (‎5)‎, 26 - 27. World Health Organization
En 2000, le Comité régional de l'OMS pour l'Afrique a adopté la résolution AF/RC50/R3 sur Promouvoir le rôle de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé : une stratégie pour la région africaine. En 2001, le Sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine (UA), déclara la période 2001-2010 comme la Décennie de la médecine traditionnelle africaine et adopta en 2003 un plan de action pour sa mise en œuvre.
OMS, Stratégie de l'OMS pour la Médecine Traditionnelle pour 2002–2005, Genève, OMS, p.1 ; Stratégie de l'OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014 - 2 023, 2013, Genève, OMS, qui réévalue la stratégie établie
pour 2002-2005 et en fait le point de départ de la définition de la ligne d'action pour la MT et la MC (MT/MC) pour dix années.
Union Africaine, Plan d'action de la décennie de la Médecine traditionnelle (2001 – 2010), p.2
CNRST, Symposium national de Farako-Ba, Rapport de synthèse, 5-8 Février 1987, 1987
Bognounou, O. and Guinko, S., Ethnobotanique-médecine traditionnelle, Ouagadougou, 2005
Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté 2000-2010, 2004
La Banque mondiale a appuyer la rédaction d'un rapport sur le marché des plantes médicinales au Burkina Faso au milieu des années 1990
Stratégie de Croissance Accélérée pour le Développement Durable 2011-2015
Plan National de Développement Economique et Social 2016-2020
Politique Sectorielle-Santé 2018-2027, p.11
Plan de Développement Sanitaire 2021-2030, p.57
Déclaration de politique générale, 27 décembre 2024, p.14
Stratégie Nationale de Santé Communautaire 2024-2028
Décret No 2023-1410/PRES-TRANS/PM/MFPTPS/MEFP/MSHP portant définition du panier de soins du régime d'assurance maladie universelle du 20 octobre 2023, p.2

Opération « casiers vides » : Accusé de vol, le sieur Kondombo relaxé pour infraction non constituée

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La salle des fêtes de la mairie de l'arrondissement 3 de la commune de Ouagadougou a été un des théâtres de « l'opération casiers vides » lancée par le procureur du Faso près du TGI Ouaga1, ce lundi 20 janvier 2025. Pour ce premier jour, une dizaine de dossiers ont connu leurs dénouements. Le sieur S. Kondombo est enfin situé sur son sort. Accusé de vol, il a été relaxé pour fait non constitué.

Les faits se sont déroulés le 17 juin 2023, dans le quartier Bassinko, de Ouagadougou. Clément Zombré, de retour de son service, arrive dans le quartier aux environs de 23h30. Il est arrêté par un groupe d'individus et s'en suit une altercation. Et selon la victime, S. Kondombo, celui avec qui il a eu l'altercation, est entré dans sa voiture et y aurait dérobé la somme de 250 000 francs CFA. « J'ai été arrêté par des jeunes. Le temps que je sorte de ma voiture, M. Kondombo commence à me battre. Je lui demande ce que j'ai fait, il me dit que j'ai tué un chien », explique le plaignant appeléà la barre. Après ses explications, ce fut au tour de l'accusé de donner sa version des faits.

« Tous les soirs, nous faisons des patrouilles dans le quartier. Nous nous sommes regroupés pour sécuriser le quartier en proie à beaucoup d'insécurité. M. Zombré est rentré dans le quartier à vive allure ce jour. Il a écrasé un chien et a même failli me percuter. Quand on a pu l'arrêter, il n'a rien voulu comprendre. C'est là que les esprits se sont échauffés. Je précise aussi que le M. Zombréétait en état d'ébriété. Je ne suis jamais entré dans son véhicule », a déclaré l'accusé devant le juge. « D'où vient cet argent et oùétait la somme quand elle a disparu ? », questionne le juge. « C'est une partie de ma prime. Elle était sur le siège passager », répond le plaignant. « C'est là-bas que vous déposez d'habitude votre argent ? », relance le juge. « Non, je suis allé faire des achats, c'est le reste. Et comme je rentrais et que je suis seul dans mon véhicule, c'est pourquoi je l'ai laissé là-bas ».

Le juge fait appel aux témoins. M. Millogo et M. Tamini. Les deux seront formels. M. Kondombo n'est jamais entré dans le véhicule de M. Zombré. « C'est moi qui ai immobilisé ce monsieur qui roulait à vive allure au point de tuer le chien du voisin. Il a failli commettre un homicide. On lui a demandé de venir constater ce qu'il a fait. Il a dit qu'il s'en fout. C'est en ce moment qu'il y a eu altercation entre lui et M. Konombo. En aucun moment je ne l'ai vu entrer dans le véhicule de M. Zombré», a défendu M. Tamini. Le témoin Millogo, est lui aussi formel, M. Kondombo n'est jamais entré dans le véhicule de M. Zombré.

Le juge a décidé de relaxer M. Kondonbo pour infraction non constituée. Parce que, selon le procureur, pour que le vol soit caractérisé ou établi, il faut un acte matériel de vol. « Pour déclarer M. Kondombo Salifou coupable de vol, nous devons faire la preuve qu'il s'est vraiment emparé de la somme de 250 000 francs CFA dans le véhicule de M. Zombré Clément. Nous avons suivi les débats à la barre et les deux témoins ont été clairs. M. Kondombo n'est jamais entré dans le véhicule de M. Zombré. Nous n'avons aucune raison de douter des déclarations des témoins. Pour nous, le vol a simplement été inventé par M. Zombré. Le dossier est vide. M. Kondombo Salifou doit être purement et simplement relaxé pour infraction non constituée », avait requis le procureur.

Sur plusieurs dossiers, le juge a déclaré que l'action publique est éteinte parce que le délai de prescription est dépassé et à mis les dépens à la charge du Trésor public. Quant à celui de Bako Abraham, accusé d'homicide involontaire avec un véhicule de l'Etat, il a été renvoyé au 29 janvier 2025. Le géniteur de la victime, Yaro Gaston, devra venir avec une proposition d'indemnisation en présence surtout de l'Agence judiciaire de l'Etat (AJE).

Obissa Juste Mien
Lefaso.net


Burkina/Utilisation responsable des réseaux sociaux : L'Association burkinabè pour la promotion de l'éducation aux médias à l'information et au numérique sensibilise les enfants des soldats

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Le Centre culturel des armées a accueilli, le samedi 18 janvier 2025, la journée culturelle des enfants des combattants, avec la participation de 400 enfants. Organisée par le Centre culturel des armées en partenariat avec la troupe théâtrale la Convergence, cette journée visait à rassembler les enfants des soldats pour les sensibiliser au métier de leurs parents.

L'un des moments marquants de la journée a été la session de sensibilisation sur les dangers liés à l'utilisation des réseaux sociaux, animée par Farida Thiombiano, coordonnatrice du programme d'éducation aux médias, à l'information et au numérique de l'Association burkinabè pour la promotion de l'éducation aux médias à l'information et au numérique (ABPEMIN) et journaliste à Lefaso.net.

Cette session a permis d'enseigner aux enfants les bonnes pratiques pour protéger leur vie privée et leur sécurité en ligne. Farida Thiombiano a notamment insisté sur la nécessité d'obtenir l'autorisation des parents avant d'utiliser un téléphone et sur l'importance de faire attention aux contenus suivis sur des plateformes telles que TikTok et YouTube.

Farida Thiombiano a rappelé aux parents d'être vigilants quant à l'utilisation des téléphones par leurs enfants, afin de les protéger de contenus inappropriés

« Ce sont des enfants qui, parce que leur père n'est pas très souvent là, ils sont avec leur maman et ils ont très souvent l'habitude de tenir leurs téléphones, de se distraire avec. Donc, il s'agissait de leur apprendre comment mieux utiliser le téléphone. La communication était axée essentiellement sur deux volets. D'abord leur faire comprendre qu'il faut toujours avoir l'autorisation des parents avant de prendre un téléphone parce qu'ils ne sont pas encore détenteurs de téléphones. Ils utilisent très souvent les téléphones de leurs mamans ou de leurs papas. Et on peut constater que souvent, les enfants se cachent pour prendre le téléphone des parents, manipuler à leur insu et ce n'est pas une bonne habitude. D'où d'abord l'importance d'avoir l'autorisation des parents. Et même quand ils le font, ils doivent toujours avertir les parents sur quels réseaux sociaux ils vont parce qu'ils ont évoqué qu'ils vont sur TikTok, ils vont aussi souvent sur YouTube pour regarder des vidéos. Ils doivent également faire attention aux types de contenus qu'ils suivent », a-t-elle indiqué.

Elle a également rappelé aux parents d'être vigilants quant à l'utilisation des téléphones par leurs enfants, afin de les protéger de contenus inappropriés.

Les enfants ont réagi positivement à cette sensibilisation. Serge Samsonré a partagé son expérience. « Je n'ai pas encore de téléphone, mais j'utilise celui de ma mère pour communiquer avec mon père. Je retiens que si nous voulons prendre le téléphone de quelqu'un, nous devons obtenir son autorisation et ne pas aller sur des sites qui ne sont pas de notre âge. »

Cette session a permis d'enseigner aux enfants les bonnes pratiques pour protéger leur vie privée et leur sécurité en ligne

Moïse Ouédraogo, à bientôt dix ans, a déclaré posséder un téléphone portable mais grâce à cette communication, il saura mieux l'utiliser. « J'utilise mon téléphone pour causer avec mes amis sur WhatsApp et aussi regarder des vidéos sur TikTok. Je retiens que si en étant sur TikTok je vois quelque chose qui me fait peur, je dois changer et en parler avec mes parents », a-t-il indiqué.

Imane Haïssé, âgée de six ans, a ajouté qu'elle utilise souvent le téléphone de sa mère pour jouer. Elle a retenu qu'il est important de demander la permission avant d'utiliser un téléphone, pour éviter d'accéder à des contenus inappropriés.

En plus de la communication sur l'utilisation responsable des réseaux sociaux, les enfants ont également visité le musée de l'armée.

À côté de ces découvertes culturelles, des activités ludiques et interactives ont été organisées pour stimuler leur créativité et encourager un esprit de camaraderie et de partage. La journée a également été rythmée par des prestations musicales, des spectacles de danse et de théâtre.

Hanifa Koussoubé
Lefaso.net

Projet de résilience dans le Sahel : Un atelier technique en vue de consolider le diagnostic territorial de la zone du Liptako-Gourma

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Il se tient à Bobo-Dioulasso du 20 au 24 janvier 2025, un atelier technique de consolidation du diagnostic territorial de la zone du Liptako-Gourma, issu de la Stratégie de développement spatial pour le Sahel (SDSS) et de la méthodologie d'élaboration des Plans d'action stratégiques territoriaux (PAST). Cet atelier qui réunit les experts des pays de l'Alliance des Etats du Sahel est soutenu par l'ONU-Habitat et le PNUD.

Le Sahel central, en ce moment traverse une crise marquée par des dynamiques migratoires intensifiées par les effets du changement climatiques et des conflits. Pour faire face à cette crise, une des stratégies consiste à munir les pays sahéliens d'outils d'aménagement du territoire qui répondent aux besoins déterminés par la crise actuelle. C'est dans cette perspective que le Programme des nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) et le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) ont collaboré depuis octobre 2021, pour élaborer une Stratégie de développement spatiale pour le Sahel (SDSS), dans le cadre du projet résilience dans le Sahel, financé par le gouvernement suédois.

Le présidium à l'ouverture des travaux

Cette stratégie adopte une approche territoriale afin de soutenir la prise de décisions stratégiques pour réduire les vulnérabilités existantes, renforcer les processus de consolidation des territoires en cours puis contribuer au développement durable. Cet atelier qui est, selon les initiateurs, d'une importance stratégique et opérationnelle, vise à faire des Equipes techniques internes (ETI), des acteurs clés pour le processus de validation politique des SDSS, par les différentes entités gouvernementales habilitées et à faciliter le lancement officiel de l'élaboration du Plan stratégique territorial du Liptako-Gourma (PAST-LG).

Participants et officiels ont posé pour la postérité

« L'ONU-Habitat est là pour apporter un soutien technique et stratégique dans un processus qui se veut participatif et qui doit être porté par le gouvernement des pays concernés », a laissé entendre le chef du hub sous régional pour l'Afrique de l'Ouest de l'ONU-Habitat Mathias Spaliviero. Il rappelle qu'en mars 2022, lors d'un atelier hybride à Dakar, l'élaboration d'une stratégie de développement spatial pour le Sahel a débuté avec l'implication de huit pays du Sahel dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, dans la collecte et l'analyse des données. Il rassure que ONU-Habitat jouera sa partition jusqu'au bout du projet. « Je spécifie qu'ONU-Habitat continuera à mettre à disposition ses propres ressources humaines et financières jusqu'à la conclusion de ce processus important, car il faut assurer le développement durable de cette zone transfrontalière stratégique », a-t-il indiqué.

le chef du Hub sous régional pour l'Afrique de l'ouest ONU-Habitat Mathias Spaliviero

Afin d'identifier des solutions durables à cette crise, le chef du hub sous régional pour l'Afrique de l'Ouest de l'ONU-Habitat Mathias Spaliviero pense qu'il faut l'application d'outils de planification participative spécifiques. Parmi ces outils, il cite le cadre de développement spatial au niveau sous régional et national, la CityRAP, le plan d'action de résilience urbain au niveau des villes stratégiquement localisées pour assurer une réelle appropriation de l'approche envisagée par les autorités et les populations des pays concernés. Chose qui, estime-t-il, devrait permettre d'aboutir à la mobilisation de financements adéquats et à mettre en œuvre des actions concrètes pour impacter positivement la réalité des territoires et garantir des processus de développement durable. S'adressant aux participants, il rappelle qu'ils sont de facto les acteurs clés de ce processus et que leurs contributions durant cet atelier permettront de relever les défis qui se présenteront dans l'exécution de ce projet.

La gouverneure des Hauts-Bassins

La gouverneure des Hauts-Bassins Mariama Konaté, qui a présidé l'ouverture des travaux, a salué la tenue de cet atelier dans la région des Hauts-Bassins et cette initiative qui tend à réunir tous les experts des Etats de l'AES, afin de produire un document qui permettra encore une résilience des populations. Au regard de la situation sécuritaire dans cet espace, la gouverneure des Hauts-Bassins souligne que ces Etats sont dans une logique de fédérer les moyens et les initiatives pour un développement harmonieux.

Djaryigo Diarra
Lefaso.net

Annonces du président du Faso pour 2025 : Remarques et propositions sur l'initiative pour le développement de médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle burkinabè (2/5)

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Dans le premier écrit de la série de cinq que nous avons planifiée à propos de l'initiative du président Traoré pour le développement de médicaments à base de la pharmacopée traditionnelle burkinabè, nous concluions notre réflexion par la question suivante : « La question d'une grande importance reste celle de savoir comment expliquer la léthargie du sous-secteur de la médecine traditionnelle en dépit de soixante-quinze (75) ans d'engagement politique constant ? ».

Nous annoncions que la réponse à cette question était à rechercher dans la nature des moyens de mise en œuvre des orientations politiques en faveur de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles. Dans ce deuxième article, il s'agira de présenter le bilan du tout premier modèle expérimenté par notre pays, que j'appelle la « voie académique », en matière de développement de l'industrie du médicament à travers l'exploitation de la pharmacopée traditionnelle burkinabè. Pour cela, nous aborderons deux points principaux. D'abord nous rappellerons les fondements du modèle. Ensuite nous présenterons le bilan du modèle tel qu'il a été expérimenté en nous servant, d'abord, à titre illustratif, des résultats de recherche sur la question au niveau mondiale.

Mais avant, il convient de faire une petite clarification. Ce deuxième écrit peut être vu, d'une certaine manière, comme une autocritique. Il s'agit d'un écrit à propos des penseurs de métier, et notamment des chercheurs burkinabè, concernant l'impact de leur mode d'organisation sur les résultats des politiques publiques dans lesquelles ils sont impliqués. Il s'agit ainsi, en tant qu'enseignant chercheur, d'une réflexion sur moi-même. Et, comme certaines personnes ‘lisent en diagonale', pour reprendre une expression commune, ils risquent de semer des confusions et des controverses inutiles, si nous ne faisons pas cette mise au point. Qu'on ne se méprenne donc pas. Cette réflexion critique n'a pas pour but de déconseiller le président du Faso de financer la recherche, ou un centre de recherche particulier ; ce serait absurde, surtout de notre part. Ceux qui nous connaissent savent bien que nous aimons la recherche, comme il en est de l'enseignement ; personnellement, nous avons consacré notre vie jusque-làà ce métier, et nous souhaitons y rester encore pendant longtemps, plaise à Dieu.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, à l'Université Joseph KI-ZERBO, le Laboratoire de sociologie de la Santé, le LARISS, dont nous sommes tous fiers aujourd'hui, est à l'origine le fruit d'un projet que nous avions personnellement initié dans le cadre d'un appel à projet de partenariat académique de l'Académie Britannique, alors que nous étions encore doctorant ; c'est le financement de notre thèse qui a permis la tenue de la toute première édition des Journées du Labo en 2010. Tout récemment, le Centre d'Excellence CEFORGRIS (https://cea-ceforgris.org/ ), à l'Université Joseph KI-ZERBO, financé par la Banque mondiale, est en partie le fruit des réflexions que nous avons initiées puis menées en collaboration avec des collègues de toutes les universités et centres de recherche publics. Le Centre de compétence en éducation numérique (https://ccrenes-bf.org/ ), mis en place dans la même université (dont nous saluons au passage l'excellence en matière d'accompagnement à l'innovation), comme outil d'accompagnement des universités publiques afin d'opérer leur transformation digitale, est l'aboutissement d'un projet que nous avions initié en 2018 à l'Université Thomas SANKARA, mais qui, en son temps n'y avait pas eu de preneur institutionnel !

Aussi, nous conduisons un projet interuniversitaire depuis 2016 (https://ipesti-bf.org/ ) dont, comme nous venons de le mentionner, le CEA-CEFORGRIS tire l'essentiel de son contenu, et dont tous les présidents des universités publiques ont salué la pertinence ; ledit projet nécessitera du financement public (et nous souhaitons une attention particulière du président du Faso à ce niveau aussi), car peu de bailleurs étrangers financeraient un tel projet, parce qu'il s'agit d'un projet stratégique qui devrait permettrait à nos autorités (politiques et universitaires) d'avoir à tout moment des données à jour pour prendre des décisions bien informées sur notre système d'enseignement supérieur, de recherche et d'innovation, et partant d'accompagner la transition du système vers l'économie basée sur la connaissance.

Nous avons soutenu des étudiants pour leurs recherches, et donner parfois un coup de pouce à des collègues qui rêvent, comme nous, d'un enseignement supérieur et de recherche digne et fier de son rôle dans la transformation qualitative de notre société. Bref, c'est pour dire que nous faisons partie de ceux qui peuvent mesurer l'importante valeur d'un geste de l'Etat en faveur de la recherche. Ici nous faisons juste œuvre de scientifique, et si vous voulez, de salubrité du sens commun relatif à notre métier de chercheur. Nous voudrions contribuer à mieux clarifier, en tant que chercheur, ce dont nous sommes capables, fonctionnellement, de très bien faire, et ce que nous ne pouvons pas faire (et pour beaucoup, nous ne devons pas faire).

Certaines de nos autorités, parce qu'elles ne savent pas (bien sûr parce que nous avons été lents à le leur montrer) comment l'enseignement supérieur et la recherche scientifique agissent dans les processus de transformation socio-économique, nous attribuent des missions qui parfois sortent de notre ressort, et ensuite ils nous critiquent, quand on n'y réussit pas. Parfois, nous-mêmes chercheurs, nous acceptons ou défendons des attributions que nous ne sommes pas à mesure de bien exécuter, parce qu'au fond nous n'avons pas pris de temps de chercher à savoir (ou nous l'ignorons par intérêt) là où nous pouvons mieux contribuer, en tant que chercheurs. Sans doute, l'impact fonctionnel de l'éducation et de la science, est diffus et large ; mais pour profiter de son impact institutionnel, l'activité scientifique doit nécessairement être orientée, et pas n'importe comment.

Ce sont les modalités d'une meilleure orientation de la science, de la meilleure place qu'elle doit occuper, en vue de contribuer à l'atteinte des objectifs de développement (comme ceux sur la production de médicaments) que nous voudrions partager ici. Ce dont il s'agit dans le présent propos concerne ce que nous pensons être la meilleure l'entrée que le président du Faso pourrait choisir, pour qu'à la fin nous ayons à court terme du médicament et qu'en même temps un institut comme l'IRSS reçoive des fonds conséquents ; j'essayerai d'être clair, mais chers collègues aidez-moi là où je n'y arriverais pas.

Ainsi avons-nous dit, la « voie académique » de développement de l'industrie du médicament sur la base de nos plantes et autres ressources, a montré ses limites. Mais, en fait, qu'entendons-nous par « voie académique » ? Nous reviendrons sur le cas spécifique de l'application du modèle à l'industrie du médicament au Burkina Faso dans notre prochain article. Dans le présent, nous allons nous contenter de présenter les caractéristiques générales du modèle, pour une meilleure compréhension de son analyse dans le cas spécifique burkinabè que nous allons aborder dans le prochain article- en restant toujours dans la voie académique.

Contenu et fondements du modèle académique

Sur le schéma ci-dessous du modèle de développement industriel, sous sa forme améliorée, auquel nous devrions arriver à terme, le modèle académique d'utilisation des résultats de la recherche correspond aux relations ABC. Notons, que les interactions (le sens des flèches) dans le modèle amélioré se font dans les deux sens. Nous en avons fait l'économie ici par souci de simplicité.

Cette voie, comme nous l'avons déjà indiqué dans notre précédent écrit, est aussi ancienne que l'indépendance de notre pays. Quand le concept de « développement » fît son entrée dans les relations internationales à la fin des années 1940, c'est sur la base de l'application d'une conception occidentale du changement social . Tirant leçons de la reconstruction de l'Europe grâce au transfert des acquis scientifiques des Etats-Unis, le monde occidental s'est fait l'idée que l'importation de technologies prêtes à l'emploi, développées dans cette partie du monde, devrait inéluctablement conduire au développement des nouveaux pays indépendants, et plus généralement les pays dits « sous-développés » . Ainsi, en Haute-Volta, dans tous les secteurs, les politiques devraient « veiller à ce que les habitants … accèdent à un niveau technique et culturel plus élevé» .

Le lien est manifeste avec l'idéologie coloniale européenne du XXe siècle, elle-même tirant intellectuellement sa source dans l'esprit Lumières. Dans l'histoire européenne, l'idée de progrès remonte à Grèce Antique. En effet, comme l'affirmait Nisbert, « Depuis au moins le début du XIXe siècle jusqu'à il y a quelques décennies, la croyance dans le progrès de l'humanité, avec la civilisation occidentale à l'avant-garde, était pratiquement une religion universelle des deux côtés de l'Atlantique » . Cette idée du progrès linéaire de l'humanité repose sur deux postulats de la philosophie européenne, à savoir le caractère linéaire du temps, l'irréversibilité du changement, et un mouvement amélioratif correspondant vers la perfection. De cela il découle deux conséquences.

D'une part, l'idée que l'accumulation de connaissances dans les arts et les sciences se traduira toujours par une amélioration considérable des connaissances. D'autre part, l'idée que la nature humaine évolue vers la perfection en termes de moralité et de spiritualité ; le triomphe de la science appliquée fut le germe de cet espoir . Ainsi, l'innovation, c'est-à-dire l'adoption de nouvelles pratiques améliorées était expliquée quantitativement par le volume des découvertes scientifiques, faisant ainsi de la science le facteur déterminant du processus de développement. En suivant le raisonnement selon le modèle académique, les investissements élevés en Recherche et Développement (R&D) entraîneraient inéluctablement une croissance de la productivité sur le plan économique et du développement. Qualifié de modèle « science push », pour ses détracteurs, il s'agit du « scientisme » ou « progressivisme technologique », consistant à attribuer un rôle instrumental intrinsèque à la science et à la technologie .

En se concentrant trop sur la nécessité de gros investissements en faveur d'un institut de recherche, le message du présent du Faso court le risque de s'intégrer dans le modèle de « science push » ! C'est vrai, peut-être que nous allons trop vite en besogne ; parce que le discours du président a duré juste quelques minutes, et sa transcription donne seulement quelques paragraphes. Ce qui veut dire que nous pourrions n'avoir pas encore tous les détails de sa vision. Le président met ensemble « environnement » et « santé» ; et il dit que les « plantes médicinales et les herbes » dans les « bosquets »« pourront être utilisées par les tradipraticiens et même par nos chercheurs ».

Il reste une ambiguïté, à savoir lequel du secteur de l'environnement et de celui de la santé prendrait le leadership de cette initiative. Bref, le message s'offre à plusieurs lectures. Néanmoins, nous avons appris aussi que la parole du capitaine Ibrahim Traoré est une parole d'état, après son annonce ses effets suivent immédiatement ; sitôt dit, sitôt fait ! Aussi, le président laisse penser que c'est une volonté dont le contenu est en cours d'élaboration, parce qu'il dit qu'il a « donné des instructions pour qu'on puisse me lister tous les équipements dont cet institut a besoin pour accroître sa capacité et exploiter notre potentiel en matière de plantes et d'herbes pour suppléer certains médicaments importés ».

Non seulement il était en attente de cette liste, mais aussi il semble avoir déjà décidé, parmi les acteurs potentiels qu'il a indiqués (les tradipraticiens et les chercheurs), que ce sont les chercheurs, notamment ceux de l'IRSS qui vont « exploiter notre potentiel en matière de plantes et d'herbes pour suppléer certains médicaments importés ». En dépit de la brièveté du message, nous croyons qu'il y a assez de détails pour nous permettre d'organiser notre contribution – après tout c'est pendant cette phase d'élaboration, qu'une contribution à l'agenda d'une politique publique est très utile.

Cette image de la science à des conséquences institutionnelles assez larges. En effet, sociologiquement, l'idée de progrès fondé sur la connaissance scientifique fait du même coup ceux qui possèdent cette connaissance à un très haut niveau (notamment les chercheurs), des acteurs investis des mêmes pouvoirs instrumentaux intrinsèques, à l'image des pouvoirs de la connaissance ainsi possédée.

Institutionnellement donc, le chercheur, n'est pas un travailleur ordinaire ; sa fonction est ce que les anglais appellent « status profession » ; comme le juge, le médecin, l'architecte, l'ingénieur, le prêtre, la fonction de chercheur est une « profession », ou « professions libérales » en français. Les professions sont des métiers « qui ont le privilège de définir et de coordonner eux-mêmes, de manière collégiale, leur propre travail, d'en définir les conditions, car ils peuvent en théorie se permettre d'ignorer les éventuelles exigences du client ou de la hiérarchie. Une profession, dans ce sens, s'appuie sur une idéologie donnant la priorité, en théorie, à la qualité du travail plutôt qu'au gain économique…la logique du professionnalisme [est] celle de l'autorégulation » . Le professionnalisme, apparaît dans ce sens comme un mode d'organisation sociale, consistant « au sens le plus élémentaire, [en] un ensemble d'institutions qui permettent aux membres d'une profession de gagner leur vie tout en contrôlant leur propre travail » .

A partir du XXe siècle, dans les sociétés occidentales, ce modèle d'organisation s'est établi comme un idéal social, c'est-à-dire comme « est un modèle de la manière dont la société devrait être organisée pour répondre à une certaine classe ou à un certain intérêt, ainsi qu'au citoyen idéal et de sa contribution à celui-ci » . C'est un mode d'organisation qui s'accommode des différentes idéologies politiques et économiques (libérales, socialistes, etc) ; en ce sens, les professions sont « des métiers qui fournissent des services d'experts dans des situations structurées au sein d'associations intermédiaires ou d'agences d'État sur la base d'une autorité socioculturelle indépendante » .

C'est au nom de cet idéal que les médecins ont demandé et acquis leur monopole en France ; c'est en son nom qu'ils ont demandé l'application de la règle dans les françaises colonies d'Afrique ; c'est sur la base de cet héritage que les médecins et les pharmaciens burkinabè ont codifier la pratique de la médecine et de la pharmacie, et les métiers de santé ; c'est cet idéal qui sert de base aux revendications des libertés académiques par les chercheurs, etc. C'est en son nom aussi que le politique, comme le président du Faso dans notre cas, pense qu'il faut tout délégué au professionnels les missions de très haute technicité ; car, « Les deux idées les plus générales qui sous-tendent le professionnalisme sont la croyance selon laquelle certains travaux sont si spécialisés qu'ils sont inaccessibles à ceux qui n'ont pas la formation et l'expérience requises, et la conviction qu'ils ne peuvent être standardisés, rationalisés... » .

Dans le domaine de l'innovation, ce modèle a donné lieu à d'importants investissements.
C'est une dynamique mondiale qui remonte jusqu'à la fin des années 1940. La crise économique des années 1970 a montré l'importance décisive d'investir dans l'accumulation de la connaissance ; une idée auparavant développée par Frederick List avant le XXe siècle. Il ne suffit même plus aux Etats de se contenter d'importer la technologie étrangère ; les Etats tireraient même plus de bénéfices en en développant chez eux, car pour optimiser le transfert de technologies étrangères il est nécessaire de disposer des capacités nationales. Ce serait cette anticipation qui expliquerait que les économies du Japon et des Etats-Unis soient testées compétitives pendant cette période de crise qui frappa les économies à travers le monde. Les chiffres ci-dessous sur la part des dépenses en R&D de chaque pays dans son PIB, sont caractéristiques de l'engagement des différentes puissances économiques de l'époque pour le développement industriel par la science.

Prenons un autre exemple. Dans les années 2000, il était estimé que chaque année, le Royaume-Uni dépensait environ 21 milliards de livres sterling de fonds des secteurs public et privé pour créer des connaissances. Les dépenses mondiales de R&D sont estimées à environ 500 milliards de livres sterling (720 milliards de dollars en 2004), sachant que les budgets de R&D de l'Inde et de la Chine ne sont pas très bien connus ; Les petites nations commerçantes comme le Danemark et l'Irlande voient leur avenir comme dépendant non pas de la possession ou de la gestion de grandes usines, mais de la contribution aux éléments de conception et de services d'un réseau de valeur manufacturière distribuéà l'échelle mondiale . De grands acteurs comme l'Allemagne et la France réduisent leurs activités manufacturières et se concentrent sur les aspects à forte valeur ajoutée ; dans l'ensemble de l'UE, depuis le milieu des années 1990, une succession de mesures visant à accroître les dépenses en R&D ont été introduites.

En mars 2000, le Conseil de Lisbonne a engagé l'UE à atteindre l'objectif de devenir « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde » d'ici 2010. Pour y parvenir, elle s'est fixée (en 2002) l'objectif d'augmenter ses dépenses de R&D à 3% du PIB d'ici 2010. Dans l'EU, les services représentaient 75% pour cent ou plus de ces économies, mais les marchés alternatifs rendent la concurrence féroce. Pour contrer cela, les entreprises du secteur des services s'engagent de plus en plus dans une concurrence fondée sur la connaissance, investissant dans la R&D et mettant en place des structures pour soutenir un type d'entreprise beaucoup plus axé sur l'innovation. Le résultat a été une pression considérable sur l'accélérateur de la création de connaissances, avec pour résultat une grande quantité de connaissances créée. L'industrie pharmaceutique quant à elle consacrait 15 à 20% de son chiffre d'affaires à alimenter le cycle de découverte grâce à la recherche de pointe .

Sur le plan organisationnel aussi, le modèle était tant institutionnalisé que certains en sont venus à parler de « société de professionnelles », de « société acquisitive », de « société post-industrielle », etc. En Occident, dans les politiques publiques, les professions s'interposent comme intermédiaires légitimes aussi bien pour leur élaboration que pour leur mise en œuvre. Ce sont là des objectifs importants, nobles à poursuivre, mais ce que je veux dire, c'est de ne pas se tromper d'objectif ; on peut légitimement avoir pour objectif de renforcer les capacités de la recherche à travers de gros financements pour l'excellence scientifique ; mais quand on a des objectifs économiques (industriels) il faudrait une posture différente pour mieux profiter de la recherche et partant faire profiter cette dernière des objectifs économiques. Cet écris a pour but d'aider le président à bien choisir les moyens qui soit adaptés aux objectifs de production de médicament de façon efficiente.

Limites du modèle académique

A partir des années 1970, les bilans du modèle académique d'innovation apparaissaient mitigés. Les chercheurs commencèrent à s'interroger sur les postulats du modèle et àémettre des réserves au vu des connaissances empiriques acquises grâce à la recherche de terrain dans plusieurs pays et contextes. Mais même s'il existe des retours sur investissement en R&D, la question reste de savoir si ceux-ci suffisent à justifier l'énorme investissement ; les nouvelles connaissances créent-elles de la richesse ou de la valeur sociale – et le système le fait-il aussi « efficacement » qu'il le pourrait ? Le Royaume-Uni, par exemple, est souvent présenté comme étant doué pour inventer et faible pour capitaliser sur ces inventions initiales ; les retours sur investissement demandent de la patience dans la recherche (comme dans l'industrie pharmaceutique ou il faut attendre entre 10 à 15 ans).

Les impacts industriels des investissements des différents pays ci-dessus cités soulignent avec force que la contribution de la science et de la technologie est loin d'être une question purement quantitative. En effet, pourquoi l'ex-Union Soviétique, en dépit de ses investissements importants (le plus élevé de ces pays entre 1960 et 1980) a souffert de la crise des années 70 plus que le Japon, par exemple ? Pourquoi l'impact en termes d'innovation n'était pas aussi important qu'aux Etats-Unis ? Pour les économistes qui ont étudié ces économies, la différence tient dans la différence en matière « d'innovation sociale », c'est-à-dire institutionnelle et organisationnelle, qui était plus faible dans l'ex-URSS qu'au Japon. Autrement dit, la question est en partie organisationnelle et institutionnelle.

Contrairement à l'ex-URSS, selon la littérature, le Japon a pu développer non seulement des institutions, mais aussi créé en ses industriels et en ses chercheurs, comme en ses décideurs politiques, de nouveaux modèles de comportements favorables à l'invention et à l'innovation. Ici, je voudrais me permettre de citer ce long paragraphe qui résume parfaitement l'argument que j'ai développé dans cet écrit : « On ne peut nier l'incroyable investissement de l'ancien État soviétique dans la science et la recherche nationales. La communauté de R&D était l'une des plus importantes, sinon la plus importante, au monde au cours de la seconde moitié du XXe siècle… Il apparaît désormais que, bien que les Soviétiques aient envoyé le premier satellite dans l'espace (Sputnik) et développé leur propre bombe à hydrogène, il s'agissait davantage d'exceptions d'innovation issue des résultats de la recherche que la règle. Par conséquent, à mesure que la gestion de l'ensemble de l'économie fonctionnait de plus en plus mal, il en était de même pour la gestion de la R&D dans sa contribution à la croissance et au développement économiques » . Les choses y ont bien bien-sûr changé depuis les années 1990. Mais ce que je veux dire, c'est que le président du Faso ne devrait pas penser qu'en mettant de gros moyens dans un Centre pour la recherche, cela résultera nécessairement en médicaments et dans des délais courts ! Pour disposer du médicaments à base de la pharmacopée traditionnelle, ce n'est pas ce levier qu'il faudrait actionner directement ; il faudrait une articulation différente, sans pour autant défavoriser les chercheurs !

L'exemple de l'Afrique du Sud est aussi très illustratif ce titre. Dans la mise en œuvre de sa politique de transformation sociale et économique postapartheid dans les années 1990, le pays a constaté que ses ressources humaines scientifiques et techniques étaient en deçà des besoins de sa politique. A l'analyse il s'est révéler que cet était de fait s'expliquait moins par une indisponibilité de cette main d'œuvre, que d'un processus inattendu. Ce processus inattendu était que les diplômés de l'enseignement supérieur avec des performances requises pour entreprendre une carrière scientifique ou technique choisissent de poursuivre leurs études dans les études commerciales, comptabilité, économie et droit.

Cela permettait à ces diplômés de réussir sur le marché de l'emploi et travailler dans leurs domaines technique et scientifique de formation de base (e.g. développement de logiciels, modélisation, marketing etc…). En conséquence, pour les chercheurs qui se sont intéressés à la question, plutôt qu'un manque de main d'œuvre scientifique et technique de haut niveau, il faudra parler de transfert. Evaluant la formation scientifique traditionnelle, Khan notait ainsi que « traditional science and technology-based careers are unable to offer a strong enough pull to attract all the bright kids with star grades in mathmatics and science » (Khan, 2006:11-12).

C'est aussi le sens de l'initiative britannique depuis 2000. Entre 2000 et 2004, la Grande-Bretagne a investi plus de 300 millions d'Euros dans la construction d'une économie basée sur la connaissance (Knowledge Transfer Programme UK 2005). Pendant qu'en Afrique de Sud avant les politiques de transformation postapartheid, ce sont les étudiants eux-mêmes qui ont de façon inventive trouver des stratégies pour réussir sur le marché de l'emploi, en Grande-Bretagne, c'est l'Etat lui-même qui, à travers une politique volontariste a entrepris de reformer les programmes d'enseignements des facultés de science et de technologie à travers une infusion d'enseignements des sciences sociales (philosophie, histoire des sciences, économie, sociologie, management).

Cette intervention publique a consistéà soutenir l'amélioration des capacités des institutions de l'enseignement supérieur et de la recherche qui leur permettront de répondre aux besoins du monde des affaires et celui des communautés ; à appuyer la création d'un réseau de centres dans les universités britanniques, spécialisées dans l'enseignement et la pratique de la commercialisation et l'entrepreneuriat relatifs au domaine de la science et de la technologie ; assister les institutions de l'enseignement supérieur et de la recherche afin qu'elles soit capables de transformer de façon efficiente les résultats pertinentes de leurs recherches les plus compétitives en bonnes affaires sur le marché ; permettre particulièrement les établissement publics de recherche de développer leurs capacités à exploiter leur potentiel en science et technologie et d'accéder à des fonds de soutien pour la valorisation commerciale de leurs recherches ; et enfin, à signer des conventions de partenariats entre le Massachussetts Institute of Technology (MIT) aux Etats-Unies et University of Cambridge en Grande-Bretagne, afin de développer des programmes d'enseignements et de recherches intégrés (sciences sociales et sciences de la nature) en faveur des étudiants des facultés de science et de technologies, dans le but d'améliorer l'entreprenariat, la productivité, et la compétitivité dans le pays. GeogiaTech aux Etats-Unis et Paris-MinesTech en France sont des exemples types de cette exigence professionnelle et socio-économique. Ces faits devraient faire réfléchir les partisans du tout techno-science !

Par ailleurs, sur le plan organisationnel, à partir des années 1970, les formes de domination, d'inégalités sociales, étaient remises en cause, et l'idée d'une pluralité de connaissances gagnait les sociétés ; sur le plan scientifique le rôle transformateur des professions commençait à révéler ses limites, grâce aux travaux en sociologie des professions, des politiques publiques, etc. En réalité, cette réserve a débuté bien avant les années 1970, parce qu'elle avait déjà motivé l'étude systématique de Carr-Saunders et Wilson il y a plus d'un demi-siècle . Ces auteurs avaient observé dans les années 1930, dans le cas de la Grande-Bretagne, que dans un contexte où« chaque session, depuis la guerre, le Parlement a été saisi d'au moins un projet de loi proposant de créer un registre d'État pour une profession non réglementée auparavant par l'État », deux préoccupations pouvaient être soulevées. La première concernait des problèmes pratiques et concernait la mesure dans laquelle les services professionnels tels que les services médicaux, l'aide juridique, la formation professionnelle, etc., pouvaient encore être disponibles parallèlement à la fermeture du marché qui va de pair avec le professionnalisme.

La deuxième question était d'ordre politique et s'interrogeait publiquement quant à la position même des associations professionnelles, qui constituent l'une des catégories d'associations les plus puissantes, au sein de l'État. Face à ces questions, l'opinion publique était plutôt pessimiste quant à« l'opportunité» du professionnalisme. Certains considéraient regardaient les professions avec « soupçons » , quand d'autres vont jusqu'à soutenir que le professionnalisme était « une conspiration contre le public » . Une telle vision pessimiste à l'égard des professions s'est imposée dans la sociologie des professions des années 1970 à nos jours, sous deux formes principales. Premièrement, ses partisans examinent les effets structurels des attributs formels des professions. Ils estiment notamment que ces caractéristiques formelles sont utilisées par les professions pour établir un monopole sur leurs marchés au détriment des autres professions, qui ne parviennent pas à obtenir le soutien de l'État.

Logiquement, pour eux, ces attributs formels sont inutiles. La seconde forme, indissociable de la première, remet en cause la revendication altruiste des professions. Ils considéraient les attributs formels des professions comme une façade leur permettant de légitimer leur contrôle sur les marchés du travail et, par conséquent, de porter plutôt atteinte à l'intérêt public. Ils soutiennent leurs arguments par la preuve selon laquelle les professions ne reflètent pas ce modèle altruiste dans leur travail quotidien. En résumé, pour les deux arguments, les professions et les autres métiers sont similaires, culturellement et socio-psychologiquement, et que leur donner un total monopole sur un domaine de la vie sociale risquerait d'empêcher des innovations dans ledit domaine.

En conclusion, la production scientifique est sans doute très importante, mais il n'y a pas que cela ; il y a plus que le technique dans un problème humain, de telle sorte qu'on ne devrait pas attribuer un pouvoir autopropulseur à la science, ni un monopole aussi large à un groupe de travailleur, fût-il un groupe professionnel. L'on pourrait se demander au terme de cette analyse, la question suivante : « oui, mais en quoi ces observations au niveau mondial, pour ne pas dire dans le contexte des pays dites développés, sont-elles généralisables dans le contexte du Burkina Faso ? ». Vous verrez la portée générale de ces analyses dans le prochain article.

L'exposé que nous avons fait est déjà long. Nous avons donc décidé de revenir sur le cas spécifique du Burkina Faso dans un article no 2 bis, toujours sur le modèle académique, dans notre prochaine publication. Nous verrons que l'effort public sur plus de cinquante (50) ans a fortement contribuéà l'excellence scientifique des disciplines pharmaceutiques, mais avec de faibles résultats dans l'industrie du médicament. La dominance des disciplines pharmaceutiques s'est faite au détriment des liens interdisciplinaires nécessaires à la réalisation des objectifs sanitaire en termes de productions de médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle burkinabè– les médecins y sont presque absents ; les spécialistes des sciences humaines et sociales, pourtant identifiés comme collaborateurs centraux, sont en retrait ; les praticiens de la médecine traditionnelle ont été totalement écartés après – si ce n'est que pour service de sources d'information (mais là aussi avec peu de succès) sur les plantes d'intérêt aux disciplines pharmaceutiques.

Or dans le cadre UNIQUEMENT de la recherche par des pharmaciens (et cela s'applique aussi aux autres domaines de recherche que celui de la pharmacie), on ne peut pas aboutir au développement industriel du médicament de « façon efficiente » - surtout quand on est dans l'urgence comme c'est le cas de notre pays. Pour y parvenir, au contraire, une faudrait une articulation spécifique dont l'entrée ne serait pas par un centre de recherche, mais dans laquelle évidemment la recherche tiendrait sa place – et les ressources à lui allouées ne seront pas pour autant diminuées (parce que parfois, pour certains c'est là où l'enjeu se trouve). Je dirais même que c'est dans cette autre articulation, où elle ne sera pas l'entrée principale, que la recherche pourrait s'offrir d'importants financements et de façon durable, et dont les chercheurs eux-mêmes en seraient fiers – en ce sens que, money would be making value ! Dans l'article qui suivra des exemples concrets sur ce modèle au Burkina Faso, nous permettront de nous rendre à l'évidence de limites de celui-ci.

Natéwindé SAWADOGO
Maître de conférences de sociologie de la santé
Université Thomas SANKARA
Email : natewinde.sawadogo@yahoo.fr
Téléphone : (+226)78858943

Messes de requiem de Yirdon Jean Emmanuel DABIRE : Remerciements et faire part

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« CELUI QUI CROIT EN MOI, MEME S'IL MEURT, VIVRA ! »
Les grandes familles Mètouolè, Zaguè, Bèkuonnè, Kussiélé, Kpagnaonnè, Da, Zoétyandé, Sangaré, Kini ;
Les enfants et petits-enfants ;
La veuve DABIRE/DAH Mariam Elisabeth ;

Sont profondément reconnaissants de votre présence, soutien et empathie lors du rappel à Dieu de leur époux, père, grand-père, frère et oncle, Yirdon Jean Emmanuel DABIRE, précédemment cadre de la Fonction Publique à la retraite, décès survenu le mercredi 25 décembre 2024. Votre réconfort a été comme une lumière dans l'obscurité de leur chagrin.

La famille remercie les Autorités administrative et politique du Burkina Faso, les confrères, amis et connaissances du défunt et de la famille, que Dieu récompense chacune et chacun au centuple de ses bienfaits.
Par ailleurs, elle vous informe que des messes de requiem seront dites à son intention dans les paroisses suivantes :

« DONNE-LUI SEIGNEUR LE REPOS ETERNEL ET QUE BRILLE SUR LUI LA LUMIERE DE TA FACE ! »

UNION DE PRIERES !

Appel à candidature pour « The Future Of Bio-Intrants »

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The Future Of Bio-intrants ?

Au Burkina Faso, l'agroécologie apparaît aujourd'hui comme une voie à privilégier dans la promotion d'une agriculture durable capable de répondre aux défis croissants liés à la dégradation des sols, au changement climatique et à la gestion des ressources en eau.
Si la recherche scientifique comme les organisations internationales s'accordent désormais à reconnaître les limites de l'agriculture productiviste et la nécessité de développer des systèmes de production plus respectueux de l'environnement, la mise en place de pratiques agroécologiques, de la part des agriculteurs, se fait toujours attendre au Burkina Faso.

L'une des contraintes majeures à l'adoption des pratiques agroécologiques au Burkina Faso est la disponibilité des bio-intrants. Les agriculteurs peinent toujours à avoir accès aux bio-intrants de qualité et bon marché. Cette contrainte entrave le rôle que l'agroécologie peut apporter au développement agricole et rural au Burkina Faso.
La recherche scientifique et l'innovation ont un rôle cléà jouer pour éclairer les décisions et pour inventer des solutions qui permettent aux producteurs. d'intrants de relever ce défi en mettant sur le marché des bio-intrants alignés sur les besoins des agriculteurs.

Le rôle de l'intelligence collective dans ce processus est prépondérant. C'est en s'ouvrant à la société, en définissant ensemble les priorités, les questionnements et les modalités d'action que chercheurs, entrepreneurs, ONG et agriculteurs pourront ensemble renforcer l'impact sociétal des programmes de recherche sur la promotion de l'agriculture durable.
C'est pour accompagner cette dynamique, dans un esprit de partage des savoirs et des compétences, que le projet AcceSS en collaboration avec le CNABio et le MARAH organise « The Future Of » sous le thème « Recherche-acteurs endogènes pour le développement des bio-intrants au Burkina Faso ».

Pour quel but ?

Le but de cet événement est d'initier et d'accompagner des partenariats entre différents acteurs : scientifiques (chercheurs du public ou du privé), entrepreneurs, start-ups, associations, ONG, institutions sur des thématiques liées à la production des bio-intrants au Burkina Faso. « The Future Of Bio-intrants » vise donc à réunir ces acteurs suite à un appel à candidature afin de générer des projets de recherche collaborative pour répondre à la problématique de l'accès aux bio-intrants au Burkina Faso.

Qui peut participer à cet évènement ?
« The Future Of Bio-intrants » est destiné en priorité aux :
• Entreprises et porteurs de projet de production de bio-intrants ayant des défis en lien avec la recherche ;
• Chercheurs qui peuvent proposer des solutions pour répondre aux défis auxquels les entreprises et des porteurs de projet de production de bio-intrants font face ;
• ONG/projets/programmes qui ont pour domaine d'intervention l'agroécologie ;
• Partenaires techniques et financiers qui ont pour centre d'intérêt la promotion de l'agroécologie.
Comment participer à cet évènement ?

La participation se fait sur la base d'invitation. Elle se décline de la façon suivante :
•Étape 1 : lancement de l'appel à projet et réception des candidatures des entrepreneurs et des porteurs de projet dans le domaine de la production des bio-intrants ;
•Étape 2 : sélection de sept (7) projets parmi l'ensemble des candidatures reçues ;
•Étape 3 : identification et sélection des chercheurs et d'autres services de soutien ;
•Étape 4 : invitation des participants sélectionnés pour prendre part à l'événement qui se tiendra le 25 février 2025 dans une des salles de conférence du Ministère de l'Agriculture, des Ressources Animales et Halieutiques (MARAH) ;
•Étape 5 : organisation et animation de l'événement avec les invités.

Agenda pour l'inscription
Les entreprises et les porteurs de projet de production de bio-intrants intéressés peuvent s'inscrire jusqu'au 03 février 2025 : Cliquez ici pour remplir la fiche de candidature.
Ou ils peuvent passer récupérer et remplir la fiche d'inscription au siège du CNABio sis à la patte d'oie, au plus tard le 03 février 2025.
Les participants sélectionnés seront notifiés par mail. Ils s'engagent à suivre l'évènement dans la totalité.

NB : les projets lauréats sélectionnés par le comité organisationnel bénéficieront d'accompagnement pour leur participation au marché des innovations agricoles.
Informations pratiques sur l'atelier
Pour toute information complémentaire, n'hésitez pas à nous contacter par mail ou téléphone : +226 76 06 06 29/+226 72 03 19 33/+226 76 69 60 42

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